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Opéra de Berne
Berne : “Les Joyeuses Commères de Windsor“

La représentation bernoise rend justice à cette œuvre d’une grande richesse mélodique.

Article mis en ligne le mars 2011
dernière modification le 28 août 2011

par Eric POUSAZ

L’Opéra de Berne est le seul théâtre suisse d’importance qui ait tenu à marquer, avec une année de retard il est vrai, le bicentenaire de la naissance d’Otto Nicolaï, un musicien allemand bien oublié aujourd’hui mais qui a eu son heure de gloire dans la première moitié du XIXe siècle.

Berne : Les Joyeuses Commères de Windsor
C’est même à lui que Verdi doit son premier grand succès lyrique car Nicolaï a refusé le livret de ce qui allait devenir, sous la plume de son rival italien, le célébrissime Nabucco qui marque le début d’une longue suite de succès pour le compositeur. Il n’en ira pas de même pour Nicolaï, qui a également repris des mains de Verdi un livret que ce dernier ne voulait pas et qui a été créé à la Scala sous le titre Il proscritto avec un succès mitigé. En fait, le seul titre qui soit parvenu à s’imposer au répertoire international est précisément cette adaptation de la comédie shakespearienne consacrée aux Commères de Windsor, créée l’année même de sa mort à Berlin en 1849.

Richesse mélodique
L’ouvrage est d’une richesse mélodique qui force l’admiration. Chaque numéro contient des airs que l’on se plaît à fredonner en sortant du théâtre. La représentation bernoise rend amplement justice à cette œuvre en distribuant les rôles principaux à de vrais chanteurs d’opéra, non à des voix trop légères telles qu’elles prolifèrent dans l’opérette.

« Les Joyeuses Commères de Windsor »
Photo Annette Boutellier

Günter Missenhardt, qui possède à son répertoire quelques grands rôles mozartiens et straussiens, habite le personnage de Falstaff avec une faconde, une bonhomie et une dégaine vocale de la meilleure veine : sans abuser des ressources inépuisables d’un timbre qui a su conserver ses réserves de jeunesse, il aborde le rôle avec une assurance qui en fait le pivot de l’action, même lorsqu’il est impitoyablement ridiculisé par ses conquêtes amoureuses. La cantatrice Noëmi Nadelmann en fait des tonnes en Mme Fluth, mais la voix est d’une plénitude si chatoyante et le jeu scénique si convaincant qu’on lui pardonne de tirer la couverture à elle dès que l’occasion s’en présente.
Andries Clkoete et Chiara Skerath forment un couple de jeunes amoureux touchants dont les timbres légers ne semblent jamais maltraités par le profil vocal de rôles musicalement plus complexes qu’il y paraît à première audition. Les nombreux emplois secondaires, sans faire des étincelles, brillent par la justesse de leurs interventions alors que la direction enjouée mais jamais bruyante ou précipitée de Srboljub Dinić assure à ces trois heures de musique un déroulement au timing impeccable. Les décors de Romy Stollwitzer cachent mal la relative modestie du budget investi dans cette production alors que la mise en scène de Gerald Stollwitzer vise avant tout à distraire et à faire rire, au détriment parfois d’une musique qui lorgne souvent vers un romantisme franchement sentimental s’accommodant assez mal des procédés de grosse farce dont il est ici recouvert. (Représentation du 15 janvier)

Eric Pousaz