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Opéra d’Avignon
Avignon : “ Rigoletto“

Reprise à Avignon du Rigoletto vu à Marseille la saison dernière.

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 31 juillet 2008

par François JESTIN

La production vue à Marseille la saison dernière (SM 192), s’adapte très convenablement à la scène avignonnaise, mais les chanteurs ce soir ne sont malheureusement pas tous à la fête, peu aidés par Alain Guingal au pupitre, et un orchestre des mauvais jours.

Nous ne reviendrons pas sur la description détaillée de la mise en scène d’Arnaud Bernard, sinon pour en rappeler l’impressionnante bibliothèque noire en hémicycle, comme fond de décor, et signaler que l’acte final fonctionne beaucoup mieux qu’à Marseille. Sans doute en raison du plateau plus resserré – à moins qu’il ne s’agisse déjà de la force de l’habitude ! – le bateau, demeure de Sparafucile, n’est plus un objet égaré dans un trop vaste espace. La logique des trop nombreuses entrées à fond de cale, puis sorties 2 mètres plus loin, n’est cependant toujours pas clarifiée.

« Rigoletto » avec Nicoleta Ardelean (Gilda) et Carlos Almaguer (Rigoletto)
© ACM – Studio Delestrade

Carlos Almaguer (Rigoletto), qu’on avait tant admiré à Marseille dans le même rôle, nous inquiète. Il est toujours un excellent baryton Verdi, de grand format vocal, mais les nuances piano le mettent par moments en complète difficulté, et il n’est vraiment à l’aise que dans le forte. Espérons pour la conservation de ses moyens, qu’il ne s’agisse que d’un problème passager.

La soprano Nicoleta Ardelean (Gilda) rencontre des problèmes plus sérieux, qui semblent plus structurels. Le joli timbre, que l’on pouvait encore admirer ces dernières saisons, par exemple à Marseille dans Liù ou à Toulon dans Amenaïde, s’est nettement durci, et la justesse de certains aigus piqués du « Caro nome » est plus qu’approximative. Le ténor Ismaël Jordi (il Duca di Mantova) fait en revanche une très agréable impression : sans puissance considérable, il sait utiliser intelligemment son instrument, avec une superbe ligne de chant, et des aigus bien amenés (dont le contre-ré à la fin de la cabalette de l’acte II). Le style est varié, et ses jolis passages élégiaques le classent dans la catégorie des tenore di grazia.

Le reste de la distribution est inégal, avec un bon Sparafucile (Jean Teitgen), mais des Maddalena (Isabelle Henriquez) et Giovanna (Isabelle Guillaume) très moyennes. Même si la distribution vocale déçoit un peu nos attentes, le niveau reste élevé dans l’absolu, ce qui n’est pas le cas de l’orchestre. Sans parler de l’interprétation assez impersonnelle – absence de modulations des volumes et du rythme – ce sont surtout les carences techniques qui surprennent, et l’orchestre joue si peu ensemble sur certains passages, que l’on craint qu’il sombre dans le chaos d’un instant à l’autre. Peut-être que le chef Alain Guingal a-t-il manqué de répétitions, mais espérons simplement qu’il relève son niveau d’exigence pour sa Lucia di Lammermoor, programmée la saison prochaine avec Annick Massis et Roberto Sacca.

François Jestin

Verdi : RIGOLETTO : le 15 avril 2008 à l’Opéra d’Avignon