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L’OCL au Victoria Hall
Portrait : Jean-Jacques Kantorow

Le 14 juin, l’Orchestre de Chambre de Lausanne offre une soirée de musique française.

Article mis en ligne le mai 2007
dernière modification le 15 juillet 2007

par Beata ZAKES

Le 14 juin 2007, J-J. Kantorow emmènera l’Orchestre de Chambre de Lausanne à Genève, l’espace d’une soirée. Au programme : Gounod, Saint-Saëns, Bizet.

Connu et apprécié à Lausanne, le chef invité permanent de l’OCL a également beaucoup de fans dans son pays, la France. Il suffit de surfer un instant sur les pages qui lui sont consacrées pour constater que ses compatriotes mélomanes suivent sa carrière de près et se réjouissent de la sortie de chaque nouveau disque. Voici quelques extraits trouvés sur le site d’Abeilleinfo : « J’aimerais avoir des nouvelles de Jean-Jacques Kantorow, que fait-il actuellement ? » demande quelqu’un. « Kantorow est toujours professeur au CNSM de Paris, il a plein de concerts à l’étranger », répond une admiratrice mieux renseignée. « Il se fait trop rare en France ... J’espère qu’il reviendra jouer un jour dans la ville de son enfance » désire le premier intervenant. Et celui-ci de poursuivre, en commentant la décision du musicien de renoncer à sa carrière de violoniste, prise en décembre 2006 : « Il ne doit pas avoir plus de soixante ans et il arrête déjà sa carrière de concertiste pour ne se consacrer qu’à la direction d’orchestre... C’est un brillant violoniste, titulaire de 6 prix internationaux !!! Un record ! J’espère qu’il reviendra sur sa décision et qu’il nous permettra encore d’apprécier son talent ! » Paroles de fan, moult fois confirmées par la critique et ses pairs, pour ne citer qu’un seul d’entre eux : « Jean-Jacques Kantorow est un grand du violon, un talent époustouflant, le violoniste le plus prestigieusement original de cette génération que j’ai entendu » (Glenn Gould)...

Jean-Jacques Kantorow

Kantorow en bref
Né en 1945 dans le midi de la France, Jean-Jacques Kantorow a du sang russe dans les veines. Elève des conservatoires de Cannes et Paris, il brille dans les concours internationaux dans les années 60 et remporte le premier prix de musique de chambre en 1970 à Colmar, en trio avec le pianiste Jacques Rouvier et le violoncelliste Philippe Muller. Sa carrière de soliste l’a mené dans de nombreuses tournées mondiales, aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Japon, en Afrique, au rythme de plus de cent concerts par année. Alternant les activités de concertiste et de pédagogue, il s’est rapidement intéressé à la direction d’orchestre. Son engagement le plus ancien et le plus long, auprès du « Tapiola Sinfonietta », une des formations finlandaises les plus prestigieuses, dure depuis 1993. Auparavant, il a été directeur musical de l’Orchestre d’Auvergne, de l’Orchestre de Chambre d’Helsinki et de l’Ensemble Orchestral de Paris. Il compte plus de 130 disques à son actif, élaborés pour les maisons Denon, EMI, Erato, CBS et Bis.
En tant qu’enseignant, J.-J. Kantorow possède un don redoutable, celui de déceler les points faibles de ses élèves. Très attentif au détail, il donne des conseils techniques, tout en soulignant en même temps l’importance des sentiments et du contact avec le public. « Visez toujours l’interprétation que vous aimeriez entendre », conseille-t-il, en ajoutant qu’il faut toujours « être son propre professeur, se juger, s’interroger sur le pourquoi et le comment », « se fixer des objectifs, comme lorsque l’on apprend à nager ». Côté émotion, il souligne les liens entre le son du violon et celui du bel canto. Mais le maître s’emploie également à ce que les élèves prennent confiance en eux : « chaque violoniste doit trouver son équilibre », s’il veut transmettre son art aux auditeurs.

Discographie sélective
Deux rééditions enregistrées dans les années 90 témoignent de la période auvergnate du chef. Les concertos pour violon de Locatelli, Leclair, Mendelssohn et Tartini [VIRGIN 365471 2] permettent de juger de la double performance de Jean-Jacques Kantorow, soliste et maestro. Même s’il ne s’associe pas à la démarche des baroqueux, la sonorité de son violon garde une certaine acidité qui évoque les instruments d’époque. Le tempo est relevé, mais jamais précipité ; tout reste dans le registre « élégance ».
Dans les concertos pour flûte de Mozart [VIRGIN 365469 2], comme dans la récente gravure des concertos pour clarinette de C. M. von Weber [BIS SACD-1523] le maestro se met à l’écoute des solistes pour mieux les épauler. Son Mozart est rayonnant, presque surexposé et son Weber se montre certes bien romantique, mais plutôt bucolique qu’orageux. Ce CD, réalisé avec la complicité du Tapiola Sinfonietta, révèle encore un des multiples intérêts de J.-J. Kantorow : Le Quintette pour Clarinette et Cordes, Op. 34, est donné ici dans un arrangement pour orchestre à cordes effectué par le chef lui-même.
Toujours avec « Tapiola », le chef transpose dans la dimension symphonique la musique de chambre de Chostakovitch au travers des orchestrations de Barshaï [BIS CD-1180]. Certes, il sait mettre en relief les violons acides et parfois grinçants, mais le résultat est « trop bien léché » pour représenter complètement un univers slave. Le maestro est bel et bien français... et cela s’entend !
Et finalement, un bijou qui lui a valu quelques comparaisons avec le jeune Yehudi Menuhin : le CD consacré à Camille Saint-Saëns paru en 2007 chez BIS (CD 1470). Le violoniste y grave sa version, techniquement limpide et musicalement expressive, du Concerto n° 3 ainsi que de deux Caprices, pour ensuite reprendre la direction et conduire le Tapiola Sinfonietta dans une « Valse » avec le piano, et enfin culminer dans un Allegro appassionato, op. 70, tout feu, tout flamme ! Il est toujours intéressant de comparer la vision du soliste et du chef et, dans le cas de J.-J. Kantorow, d’admirer jusqu’à quel point l’artiste se sent à l’aise des deux côtés du miroir musical, tantôt l’archet, tantôt la baguette dans la main.

Beata Zakes

Jean-Jacques Kantorow, direction ; Johannes Moser, violoncelle. Programme de la soirée : Charles Gounod, Petite Symphonie pour instruments à vent, Camille Saint-Saëns, concerto pour violoncelle N°1 en la mineur op. 33 ; Georges Bizet, Symphonie N°1 en do majeur.
Loc./Rens. : 0800 418 418