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Christian Zacharias et l’OCL
Entretien : Christian Zacharias

Christian Zacharias évoque sa carrière, ses débuts de chef d’orchestre et ses projets avec l’Orchestre de chambre de Lausanne.

Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 20 mars 2009

par Beata ZAKES

A la veille de Noël, Christian Zacharias a trouvé un moment dans son agenda chargé pour évoquer ses débuts de chef et esquisser un bilan de l’année 2008.

En 1994, vous avez enregistré une intégrale des concertos de Beethoven avec l’Orchestre de la Suisse Romande sous la baguette d’Armin Jordan. Une réédition de ces disques a vu le jour en automne 2008...
C. Z. : Si j’ai accepté de rééditer ces disques, c’est pour des raisons sentimentales. A vrai dire, j’écoute très rarement mes anciennes gravures... Il s’agit ici d’enregistrements publics qui ne correspondent pas forcément aux critères d’un mélomane du XXIe siècle. Mais j’ai gardé un très bon souvenir de ces concerts ; j’ai donc voulu revivre ce moment fort entre Armin Jordan et moi...

Justement, parlez-nous de la personnalité du maestro Jordan. Vous a-t-il influencé en tant que musicien et chef d’orchestre ?
Il y avait deux facettes dans sa personnalité. Tout d’abord, comme soliste, on se sentait très bien accueilli.... Il faisait tout pour que, musicalement, un musicien... tout le monde... se sente très à l’aise ! Il aimait particulièrement les voix... Je garderai toujours en mémoire les concerts que nous avons donnés avec Felicity Lott, et surtout, une soirée surprise pour célébrer son 70e anniversaire. Les concertos de Beethoven ont initié également une période de grands projets, avec les tournées à New York...
Mais il y a aussi un autre aspect important : c’est justement avec l’Orchestre de la Suisse Romande que j’ai fait mes débuts en tant que chef d’orchestre. Armin Jordan m’a entendu diriger Schubert et il a aimé ! C’est très rare entre collègues : il m’a encouragé, il m’a prêté son orchestre ; je lui dois donc énormément...

Christian Zacharias, Victoria Hall, Genève, mai 2000
© Marc Vanappelghem

L’OSR est une formation symphonique ; or vous vous êtes à présent à la tête d’un orchestre de chambre...
Bien évidemment, un orchestre de chambre permet à un chef de démarrer plus en douceur, plus facilement. En plus, l’OCL n’est plus le même ensemble qu’il était à l’époque de sa fondation, avec six premiers violons, etc... C’est devenu une phalange du XIXe, de Brahms et Schumann.

De plus grands effectifs et volumes sonores ne vous tentent-ils pas ?
Bien sûr, nous avons établi des collaborations en vue d’obtenir des renforts, notamment avec le Conservatoire de Lausanne, qui nous fournit d’excellents musiciens, par exemple pour jouer Bruckner. Nous arrivons ainsi à seize violons, huit cors... Ce type de travail est très intéressant pour mener à bien certains projets.

Pour revenir à l’époque de votre travail avec Armin Jordan, comment votre carrière a-t-elle évolué entre 1994 et 2008 ?
Ces années ont apporté un changement important : de soliste qui jouait sous la baguette des autres, je suis devenu un chef d’orchestre qui dirige lui-même ses musiciens. Je ne joue pratiquement plus avec d’autres chefs... Mais j’ai gardé une collaboration avec David Zinman à la Tonhalle de Zurich... Ah, justement, un concert intéressant se prépare pour le mois de décembre 2009 : j’interpréterai le 1er concerto de Brahms à Vienne, sous la baguette de... Philippe Jordan, le fils d’Armin ! Ce sera une occasion de revivre de bons souvenirs !

Pourriez-vous vous livrer à un bilan de 2008 ?

Christian Zacharias
Photo © Nicole Chuard

Nous les musiciens, nous faisons plutôt les bilans des saisons... Mais ce mois de décembre est pour moi le sommet du travail de toute cette année, avec des hommages à Ansermet et Desarzens ainsi que les « Noces » de Stravinsky... A vrai dire, c’est le premier Noël que je passe à Lausanne... et ces jours de fêtes se déroulent pour moi sous le signe d’un défi : je dirige « La Belle Hélène », l’opérette du XIXe par excellence ! Oui, c’est un vrai défi de légèreté, car il faut suivre les actions à la seconde... Le 31 décembre, je porterai donc un toast avec mes musiciens !

Quels sont vos vœux pour la nouvelle année 2009, pour vous, pour votre orchestre, pour votre public ?
Il y a une telle variété dans les offres culturelles à présent, qu’il est parfois difficile de s’y retrouver ! Internet, c’est un moyen formidable pour s’informer... Mes voeux ? Que les gens viennent assister aux concerts. Un concert de deux heures c’est un cadeau, c’est un miracle musical qui ne se produit qu’une seule fois. J’aimerais aussi attirer plus de jeunes, comme lors de la soirée que nous avons organisée au MAD... Il y avait plus de 600 jeunes dans la salle... certains ne connaissant rien à la musique classique... Je leur ai parlé et ça c’est très bien passé ! J’aimerais plus de moments magiques comme celui-là en 2009 !

Propos recueillis par Beata Zakes

Beethoven : Les 5 concertos pour piano. Christian Zacharias (piano) OSR sous la direction d’Armin Jordan. Enregistrements publics 9&11/1994 au Victoria Hall. CASCAVELLE [VEL 3118]