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Espace de Andrés-Missirlian, Romainmôtier
Romainmôtier : Monica Lombardi

Dessins et livre d’artiste

Article mis en ligne le 13 septembre 2015
dernière modification le 27 décembre 2015

Choix original que celui de l’Espace de Andrés-Missirlian de présenter le travail de Monica Lombardi sur la Léventine à Romainmôtier ; en effet, cette exposition au creux du Vallon du Nozon, au pied de la chaîne du Jura, scelle un jumelage imaginaire et heureux entre deux lieux de passage, deux lieux de mémoire, deux frontières.

C’est par un cheminement conceptuel – sous la forme d’un livre-boîte d’artiste « Chemin faisant : une vallée » – et par le détour figuratif de ses dessins que Monica Lombardi opère un retour vers la vallée lointaine de son enfance, au Tessin : la Léventine, long et profond sillon configurant l’accès sud du passage du Gothard.

L’artiste désigne elle-même son livre comme une boîte d’« archives inspirées », contenant treize éléments imprimés, cahiers, cartes, dépliants, découpages et fascicules variés déployant des poèmes visuels, jeux de textes, de dessins et de photographies : le modeste coffret en carton contient des mirabilia, conçus par l’artiste après avoir arpenté le territoire en solitaire, dans une recherche artistique qui procède par décantation à l’écart des conventions touristiques et des stéréotypes identitaires de la vallée associés au passé légendaire et aux défis techniques du passage des Alpes. La roche est omniprésente, grise, inerte, silencieuse mais paradoxalement prégnante, gravide. La démarche participe des pratiques du land art. Mais elle s’inscrit aussi, plus loin dans le temps, dans la tradition des peintres et des photographes alpestres courant le paysage.

Telle une géo-ethnographie poétique, le travail de Monica Lombardi s’inspire également, dans ses dessins, des formes et des motifs décoratifs de l’artisanat local : tel ornement textile, tel motif d’ébénisterie, tel décor de maçonnerie ne sont pas reproduits dans un souci de documentation. Dans un rapport d’intimité, ils sont revivifiés dans des œuvres qui dignifient et perpétuent une culture fragile, secrète, menacée de disparition, comme le suggère avec sensibilité le texte de Daniel Maggetti, originaire des Centovalli, une autre vallée tessinoise.

Du 12 septembre au 19 décembre 2015

Le 12 septembre 2015, à 15h, lecture par Laurent Guenat du « Lexique des alpages abandonnés », un texte original de Daniel Maggetti écrit pour le projet.