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Galerie Anton Meier, Genève
Genève, Galerie Anton Meier : “Mers de brouillard fluorescentes“

Regard sur le travail photographique de l’artiste suisse Andreas Züst.

Article mis en ligne le décembre 2007
dernière modification le 22 janvier 2008

par Laurent CENNAMO

Le travail photographique de l’artiste suisse Andreas Züst (1947-2000) se situe à mi-chemin entre l’art et la science, l’étude de phénomènes atmosphériques précis (éclairs, aurores boréales, mers de brouillard) et le fantastique. Une exposition à découvrir à la galerie Anton Meier jusqu’au 2 février 2008.

Entre 1974 et 2000, Andreas Züst photographie des éclairs, des aurores boréales, des bancs de nuages et d’autres phénomènes comme des mers de brouillard, qu’il rassemblera dans le cycle Himmel (Ciel). Ce sont ces Fluoreszierenden Nebelmeere (Mers de brouillard fluorescentes) qui constituent le cœur de l’exposition visible en ce moment à la galerie Anton Meier. Ces photos ont été réalisées pour la plupart entre 1990 et 2000 dans l’Oberland zurichois, où l’artiste a vécu.

Andreas Züst est né à Berne en 1947. Après avoir étudié les sciences naturelles à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, il se consacre à la climatologie et à la glaciologie de 1973 à 1980, et devient assistant de recherche au Canada, au Groenland et dans les Alpes suisses. Très tôt (dès le début des années 80), il décline de grands axes thématiques, tels que ciels, portraits, couleurs, structures, glaces, natures mortes, paysages ou encore pigments botaniques (la belle série intitulée « Forêts »). C’est cette corrélation entre science et art, regard précis - quasiment chirurgical - et qualité esthétique qui confère au travail d’Andreas Züst sa profonde originalité.

L’exposition réunit une dizaine de photographies de grand format (84,5 x 128cm). Ce qui frappe d’abord, c’est la dimension esthétique de ces photographies de lever ou de coucher de soleil rougeoyants, de chaînes de montagnes infinies, de grands mouvements lumineux dans le ciel nocturne empli d’étoiles, de périphéries urbaines prises dans le brouillard de l’aube. On tremble d’abord un peu, on se demande si tout cela n’est pas un peu « trop beau », pire : si cela n’aurait pas à voir avec l’art de la carte postale ou du chromo… Il n’en est rien. Ces photographies ne se bornent pas à restituer d’attrayants phénomènes naturels, purement esthétiques. Au bout d’un certain temps, un mystère profond se dégage de ces images glacées, presque fantomatiques, celui d’un monde on ne sait si en train de naître ou de s’éteindre (à ne pas manquer, cette photographie étrange où la neige recouvrant des sapins, du fait de la plus ou moins longue exposition, devient rouge !).

Il suffit de lire des passages d’une très belle note évoquant les phénomènes qui précèdent le lever du soleil écrite par Züst en janvier 2000, quelques mois avant sa disparition, pour se convaincre de la profondeur et de la nécessité de cette expérience : « J’entreprends le dernier marathon céleste vers minuit, début de bise, une constellation de trois étoiles – Jupiter, une demi-lune et Saturne – au-dessus du Pfannenstil en forme de baleine géante, qui prend une dernière fois sa respiration à la surface de l’ondoyante mer de nuages, avant d’être absorbé peu à peu par les vagues ». Quatre heures plus tard, en vrai peintre cette fois, Andreas Züst note : « Phénomènes anti-crépusculaires aux tons sourds/pastels, indigo, outremer foncé, bleu violet, rouge violacé, vieux rose, orange pâle. La couche de brume, initialement blafarde sous l’éclairage de la lumière artificielle, est discrètement teintée par les couleurs du ciel ».

Laurent Cennamo

Galerie Anton Meier
Tel +41 22 311 14 50
www.antonmeier-galerie.ch