La Fondation d’entreprise Hermès expose cet hiver les photographies d’Oliver Sieber, dont l’originalité est d’explorer la contre-culture de groupes sociaux.

Toute l’intelligence du projet du photographe allemand Oliver Sieber est de construire, à rebours de ces pratiques photographiques dominantes, un travail d’une grande rigueur esthétique et documentaire.

Pour dresser le portrait d’une contre-culture plurielle et sans concessions, faite de multiples « tribus urbaines mondialisées », il a emprunté à diverses écritures photographiques : du studio à une forme de nature morte en passant par un journal, sorte d’errance photographique.

La réussite de son travail est due à son immersion au sein de cette contre-culture qui, sans s’opposer directement à la culture dominante, développe une esthétique singulière à travers ses propres codes et rituels. De ses photographiques surgit ainsi un univers complexe, déroutant où, paradoxalement, l’attestation de la singularité cohabite avec l’instinct grégaire.

L’individualité que l’on voit s’affirmer sur ces clichés passe par des pratiques qui remontent à la nuit des temps : tatouage, piercing, scarification ; sans oublier les multiples manières de porter la coiffure... Nul besoin de rappeler que, dans nos sociétés occidentales, ces pratiques sont qualifiées de « primitives ».

Au-delà de sa qualité photographique, le travail d’Oliver Sieber interroge ainsi la fonction de représentation à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines, enclines à normaliser nos manières d’apparaître dans l’espace social.

D’après les mots de Paul Cottin, commissaire de l’exposition.

A voir jusqu’au 23 février 2014.