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Gemäldegalerie de Berlin
Berlin : Sebastiano del Piombo

Après Rome, Berlin accueille l’exposition consacrée à l’un des plus importants artistes de la Renaissance, Sebastiano del Piombo.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 29 septembre 2008

par Catherine GRATTON

Après Rome, c’est au tour de la Gemäldegalerie de Berlin d’accueillir, jusqu’au 28 septembre, l’exposition consacrée à l’un des plus importants artistes de la Renaissance, Sebastiano Luciani, connu sous le nom de Sebastiano del Piombo (Venise 1485 – Rome 1547). On disait de lui qu’il avait la grâce de Raphaël et la fureur de Michelangelo.

Cet événement est le fruit d’une fructueuse collaboration entre le Pôle des musées romains et la Gemäldegalerie de Berlin, collaboration qui a permis d’organiser, en 2001 déjà, une exposition autour de l’histoire du collectionnisme à Rome au XVIIème siècle (Caravaggio e i Giustiniani). L’occasion est donnée au visiteur de comprendre et d’apprécier, à travers un parcours chronologique de plus de 60 œuvres, les différentes étapes et l’évolution stylistique de ce peintre puissant et original.

Portrait
Sebastiano Luciani naît à Venise autour de 1485. Il débute sa formation dans l’atelier de Giovanni Bellini (v.1429-1516) où il aurait eu comme compagnon d’étude le jeune Titien (1490-1576). Cette situation le conduit rapidement à assimiler le langage novateur de Giorgione (1477-1510). Ses premières réalisations comme le retable pour l’église de San Giovanni Crisostomo, les volets d’orgues de San Bartolomeo in Rialto ainsi que la toile représentant le jugement de Salomon, aujourd’hui conservée à la Bankes Collection en Angleterre, témoignent déjà d’un style monumental qu’il développe tout au long de sa carrière.

Sa rencontre à Venise avec le banquier et diplomate siennois Agostino Chigi (1465-1520) lui permet de poursuivre sa carrière à Rome, puisque ce dernier lui propose, en 1511, de le faire travailler dans sa villa suburbaine située au bord du Tibre. Cette demeure, édifiée par l’architecte Baldassare Peruzzi (1481-1537) entre 1503 et 1512, va permettre à des artistes en vue, parmi lesquels figurent Sodoma (1477-1549) et Raphaël (1483-1520) d’entreprendre d’importants cycles décoratifs. Sebastiano Luciani produit quant à lui dans la loggia de Galatée une peinture murale accompagnée d’une série de huit lunettes représentant des scènes mythologiques d’une grande fraîcheur, sur un ciel d’un bleu intense, abolissant la fragmentation imposée par l’architecture peinte en trompe-l’œil au profit d’un unique espace.
La technique de la fresque à laquelle il est confronté pour la première fois, ainsi que la réalisation de peintures à sujets profanes illustrant les Métamorphoses d’Ovide dans un langage poétique et lumineux, témoignent de sa capacité d’adaptation et d’invention. Son arrivée à Rome coïncide également avec une période d’une grande ferveur artistique. Raphaël achève de peindre la chambre de la Signature dans les appartements pontificaux de Jules II, et le 15 août 1511, la première partie de la voûte de la chapelle Sixtine, peinte par Michel-Ange, est dévoilée.

Complicité artistique
De l’amitié qui le lie bientôt à ce dernier, naît le chef-d’œuvre de la Pieta conservée au Musée Civique de Viterbe (cf : illustration). Cette œuvre exceptionnelle, dont le prêt n’a jamais été consentit auparavant, aurait été réalisée entre 1513 et 1516 sur la base de dessins préparatoires fournis par le maître lui-même. Cette synthèse entre le dessin toscan et la couleur vénitienne témoigne de la complicité artistique entre les deux hommes.
Après la mort de Raphaël en 1520, Sebastiano devient l’un des artistes les plus en vue et le portraitiste de l’aristocratie romaine. Le sac de Rome en 1527 le contraint à quitter la ville pour trouver refuge avec le pape à Orvieto puis à Viterbe. De retour en 1529, il se verra confier deux ans plus tard la charge de chancelier du plomb. Cette nouvelle fonction, qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1547, semble toutefois affecter son travail d’artiste puisque sa production est ralentie au point de laisser inachevée une Nativité de la Vierge commencée en 1532 pour l’église de Santa Maria del Popolo.

Cette exposition et son catalogue, dirigés par Claudio Strinati, s’imposent également comme un important projet scientifique, puisque qu’ils permettent à de nombreux spécialistes de faire le point sur la question, de documenter les différentes périodes de sa production et de juger de la fortune critique du peintre.
Lors de cette visite, une promenade dans Rome permettra d’enrichir notre connaissance de l’artiste, en découvrant in situ les œuvres dont la nature ou le format n’ont pas permis leur transport. Parmi ces lieux : la Farnesina, l’église San Pietro in Montorio ou encore l’église Santa Maria del Popolo.

Catherine Gratton

Informations pratiques : Rome, Palazzo di Venezia, du 8 février au 18 mai 2008.
Berlin, Gemäldegalerie, du 28 juin au 28 septembre 2008.
Catalogue 383 p. : italien/anglais/allemand