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Film de mars 2011 : “The King’s Speech“

A la cérémonie des Oscars, Le Discours d’un roi a remporté quatre des statuettes les plus prestigieuses : film, réalisateur, acteur principal et scénario original.

Article mis en ligne le 1er mars 2011
dernière modification le 29 novembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

The King’s Speech


de Tom Hooper, avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush. Angleterre/Australie/Etats-Unis, 2010.

Voici l’histoire – très attendue puisque nominé pour 12 Oscars – vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Elisabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI (Colin Firth), suite à l’abdication, en 1936, un an après la mort de leur père, le roi George V., de son frère Edouard VIII (Guy Pearce), amoureux d’une Américaine deux fois divorcée. Manquant d’aplomb et de confiance en lui, d’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction royale, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme Elizabeth (Helena Bonham Carter) et d’affronter ses peurs avec l’aide d’un thérapeute du langage (Geoffrey Rush) aux méthodes peu conventionnelles. Il devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle, et faire de son empire le premier rempart contre l’Allemagne nazie. Ainsi, le prince Albert, Bertie pour les intimes, ne devait pas devenir roi d’Angleterre.

« Le Discours d’un Roi » avec Helena Bonham Carter, Colin Firth et Geoffrey Rush
© Wild Bunch Distribution

Partant grand favori dans la course aux oscars, le film Le Discours d’un roi a été nommé à sept reprises aux Golden Globes 2011, notamment dans les catégories meilleur drame, meilleur réalisateur et meilleur acteur (Colin Firth). Sur les plateaux de télévision, l’acteur britannique avoue avec pudeur que ce rôle de roi bègue a été très facile à endosser, lui-même ayant souffert de cette difficulté d’élocution dans sa jeunesse. D’ailleurs, Colin Firth est coutumier de ce genre de personnages car c’est la troisième fois de sa carrière qu’il interprète un personnage bègue. En effet, l’acteur s’était déjà illustré auparavant dans la pièce de théâtre Three Days of Rain et le film Un mois à la campagne, dans lequel il jouait un vétéran de la seconde guerre mondiale traumatisé, souffrant de problèmes d’élocution. Malgré son “expérience“, Colin Firth confie avoir voulu souligner la source d’angoisse que peut être un tel handicap oratoire : « (…) ce n’est pas tant le bégaiement que j’ai cherché à jouer que l’angoisse que cela peut générer. (...) Du coup, j’ai mieux compris la dimension héroïque de mon personnage qui réussit à s’affranchir de son infirmité. »

« Le Discours d’un Roi » avec Geoffrey Rush, Colin Firth et Derek Jacobi
© Wild Bunch Distribution

C’est en effet ici la grande réussite de ce film qui montre les sources d’un tel problème – le roi a subi les quolibets de ses frères mais surtout l’autoritarisme de son père qui le rabaissait et l’humiliait en public ; il a aussi été “corrigé“à coups de punitions physiques alors qu’il était gaucher. Très documenté, ce film a même bénéficié de sources inestimables puisque, peu de temps avant le tournage, le journal intime de Lionel Logue, qu’interprète Geoffrey Rush, a été retrouvé, offrant des informations de premier choix. Bien au-delà de l’histoire de la famille Windsor, le film de Tom Hooper livre l’histoire d’un homme qui ne voulut pas être roi. Et qui, grâce à ses discours “coachés“ savamment par un Australien “sans diplôme“, a su rallié tout le peuple anglais derrière une noble cause : soutenir les Alliés face au danger nazi. Soulignons l’interprétation royale, voire impériale d’un Colin Firth irréprochable. La photographie est très sobre et le décorum brille par sa simplicité. Les dialogues sont succulents, agrémentés de cet humour “so british“ qui fait mouche à chaque réplique.

Colin Firth dans « Le Discours d’un Roi » de Tom Hooper

Le jeune cinéaste (37 ans) Tom Hooper mène rondement cette petite histoire – qui, sous d’autre plumes ou devant d’autres caméras, tiendrait de l’anecdote – dans la grande, signant un film très britannique dans sa forme et son ton, aux répliques comiques et spirituelles, en particulier dans les dialogues entre le roi et son thérapeute, le personnage truculent et théâtral de Lionel Logue, Australien excentrique qui entraînera le futur roi, lui-même plein d’auto-dérision, à dépasser ses blocages et repousser ses limites.
Nous faisant entrer dans la sphère intime du roi, et assister aux séances de thérapie souvent rocambolesques, la caméra livre d’autres secrets cocasses, comme la prise en charge du patient en renversant le rapport de force pendant sa consultation - « Dans mon bureau, on suit mes règles » - Lionel impose le tutoiement à celui qu’il surnomme familièrement Bertie. On assiste alors à la naissance d’une amitié entre ces deux hommes, que leurs rangs séparent, et qui débouchera sur l’anoblissement de Rogue.

Firouz-Elisabeth Pillet