Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Film de mars 2009 : “Slumdog Millionaire“

Le réalisateur Danny Boyle adapte à l’écran Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 3 février 2012

par Philippe BALTZER

Slumdog Millionaire


(Grande-Bretagne 2008) de Danny Boyle avec Dev Patel, Anil Kapoor, Saurabh Shukla, Rajendranath Zutshi, Freida Pinto (120 minutes)

On se souvient d’avoir lu, un peu par hasard, au milieu de l’été passé, un roman d’un auteur au nom insolite, Vikas Swarup, et au titre bizarroïde : Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire. La lecture de cet opuscule fut plutôt distrayante et agréable mais ne laissa aucun souvenir saillant.
Pourtant, l’adaptation à l’écran de ce roman par Danny Boyle, est en passe de devenir un énorme succès planétaire. Porté par une critique anglo-saxonne dithyrambique, Slumdog a remporté il y a quelques semaines les « Golden Globes », et part grandissime favori pour la catégorie du meilleur film aux Oscar 2009. Ceci est la prévision officielle de « Scènes Magazine ».

« Slumdog » avec Ayush Mahesh Khedekar (Jamal Malik) et Rubiana Ali (Latika)

Ce « millionnaire pouilleux » c’est Jamal Malik, un orphelin qui a passé l’essentiel de son existence dans les bidonvilles de Bombay. Agé de 18 ans, il sert le thé aux employés d’un operateur téléphonique indien. Jamal est un jeune homme un peu sinistre et inculte mais plutôt futé et débrouillard. Au moment où le film commence, il est sur le point de remporter la somme colossale de 20 millions de roupies dans la version indienne du jeu télévisé « Qui veut gagner des millions ? ». Le Jean-Pierre Foucault du Maharastra soupçonne évidement une mystification et dénonce le malheureux à la police. Sommé de se s’expliquer, Jamal maintient qu’il n’a pas triché, et que sa culture, il l’a apprise à l’école de la rue. Un long ruban de flash back va alors se dérouler pour nous raconter la vie misérable de cet Oliver Twist de Bollywood.
C’est le moment que choisit le réalisateur Danny Boyle pour s’interposer lourdement entre son sujet et le spectateur. Le réalisateur de Trainspotting nous inflige une mise en scène survoltée et d’un mauvais gout achevé. Il ponctue presque chaque plan d’écrans de fumée ou de filtres dignes des vidéo-clips de Michael Jackson, le tout est noyé sous une bande son assourdissante. Danny Boyle est au cinéma ce que le piment rouge est à un plat épicé : à la fin il ne reste plus que le piment rouge ! Sauvons tout de même de ce naufrage, Anil Kapoor, l’animateur de jeu perfide, qui se complait visiblement dans ce rôle de crapule du petit écran.

En ces temps de crises financières et de perspectives économiques maussades, les belles histoires, pétries de bons sentiments, sont un baume réconfortant pour tous les damnés de la terre. Faut-il pourtant cautionner cette peinture optimiste et franchement cynique du spectacle de la misère indienne ? En d’autres termes, après avoir montré un jeune mendiant de 5 ans se faire crever les yeux pour maximiser ses aumônes, peut-on terminer ce « conte de fée » en danses et en chansons ? Cette morale de cinéma n’est pas la nôtre Mr. Boyle !

C’est mon dernier mot Jean-Pierre.

Philippe Baltzer