Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Film de mai 2011 : “Hugo Koblet, Pédaleur de charme“

Daniel von Aarburg, mêlant documentaire et fiction, nous permet de revivre sur grand écran la légende de Koblet.

Article mis en ligne le 1er mai 2011
dernière modification le 29 novembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Hugo Koblet, Pédaleur de charme


de Daniel Von Aarburg, avec Manuel Löwensberg, Sarah Bühlmann. Suisse, 2010.

Premier étranger à gagner le Tour d’Italie en 1950, le Zurichois Hugo Koblet devient subitement célèbre dans le monde entier : les femmes sont à ses pieds, le monde du cyclisme admire son élégante technique et la presse se frotte les mains de ses incartades. Mais après sa victoire au Tour de France, son ascension prend fin – sa santé est ruinée par des abus de produits dopants. Koblet connaîtra encore quelques glorieuses années jusqu’à la fin de sa carrière, notamment lors la Course de six jours, et se fera également une place dans les milieux mondains grâce à son mariage avec le mannequin Sonja Bühl. Mais lorsque le grand séducteur se retrouve au bord de la ruine et du divorce, sa voiture s’écrase dans un arbre... Jusqu’à présent, personne n’a pu déterminer s’il s’agissait d’un suicide ou d’un meurtre.

« Hugo Koblet, Pédaleur de charme » de Daniel Von Aarburg

Présenté sur la Piazza Grande l’an dernier, lors du Festival de Locarno, le film a drainé un parterre important, dont Moris Leuenberger qui venait applaudir son fils comédien, Manuel Löwensberg. Incarnant Hugo Koblet à l’écran, il permet au peuple helvète de se souvenir que Koblet était un champion cycliste de légende, fils de pâtissier, qui remporta le Tour d’Italie et le Tour de France dans les années 50.
Les fous de la Petite Reine se groupent en une communauté insolite, vue de l’extérieur, qui se rase les mollets, porte des vêtements fluo et se remémore avec émoi les courses cyclistes. Le cyclisme semble à l’honneur dans le cinéma suisse actuel puisque même Jacqueline Veuve consacre, avec C’était hier, un film au souvenir d’un jour de l’été 1937 lorsque le Tour de Suisse est passé par Lucens. Daniel von Aarburg opte pour un tableau plus poétique, mêlant documentaire et fiction aux couleurs sépia. Ainsi revit-on sur le grand écran la légende de Koblet, l’homme qui termina le tour de France avec 22 minutes d’avance sur le deuxième. Il avait 39 ans lorsque sa carrière s’est terminée avec fracas.

Les bandes d’archives retracent en noir et blanc une époque où le sport restait une activité d’amateurs – même si le dopage, absolument légal, faisait déjà des ravages mais les cyclistes pédalaient pour le plaisir et pour la gloire, et non pour l’argent. Une injection d’amphétamine faillit faire exploser le cœur du Pédaleur de charme. Le cinéaste a retrouvé les compagnons de Koblet, dont le légendaire Ferdi Kubler qui affiche 90 ans vaillants. Le réalisateur nous fait aussi revivre, pour ponctuer les scènes de courses, quelques scènes clé de la vie de Hugo Koblet : le premier trophée, les filles dont il était gourmand, le shoot fatal, la pâtisserie familiale, le garage Agip où il travaillait après avoir raccroché sa bécane.

Le film de Daniel Aarburg réconcilie critiques et public avec le cinéma suisse de fiction, peut-être justement parce que Hugo Koblet, pédaleur de charme mélange judicieusement images d’archives et fiction. Et puis, l’équipe du film – le réalisateur et l’acteur protagoniste en tête – a fait fort pour se rendre à Locarno : à l’instar de leur modèle, il s’y sont rendus à la force de leurs mollets, bravant les cols qui séparent la Suisse alémanique du Tessin.
Chapeau ! Le public n’y est pas insensible mais un autre élément retient aussi son attention et sa curiosité : l’étonnante ressemblance – ce sourire ravageur qui illumine instantanément le visage – de Manuel Löwensberg avec un de nos politiciens qu’on croyait dénué de “casseroles“ ; l’acteur est le fils de Moritz Leueunberger, né en 1975 des amours hors mariage de Gret et Moritz. Mais il a grandi avec Gerold Löwensberg, mari de Gret, logiquement persuadé qu’il vivait avec ses deux parents naturels. Ce n’est qu’à douze ans que le jeune garçon rencontre son père biologique et, même s’il a tout révélé à la presse en 2006 - Moritz Leuenberger était alors président de la Confédération -, le beau jeune homme devenu comédien ne souhaite plus s’exprimer à ce sujet même si son politicien de père trône au premier rang, admiratif et fier, sur la Piazza… Un vrai scénario de cinéma !

Firouz-Elisabeth Pillet