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Film de juin 2010 : “La tête en friche“

Histoire d’une rencontre improbable...

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 24 septembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

La tête en friche


de Jean Becker, avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus, Maurane. France, 2010.

S’inspirant du roman éponyme de Marie-France Roger, le dernier film de Jean Becker présente, par touches progressives, légères, tel le pinceau d’un peintre impressionniste, la rencontre improbable qui peut changer le cours d’une vie : celle qui a lieu entre Germain (G. Depardieu, grandiose et émouvant dans un rôle qui lui sied à ravir !), la cinquantaine, presque analphabète, et Marguerite (Gisèle Casadesus, menue par la taille, grande par le jeu), une très vieille dame très érudite. Germain mène une vie tranquille entre ses copains du village, sa copine Annette et sa caravane, installée au fond du jardin de sa mère avec laquelle il entretient des relations hautement conflictuelles.

« La tête en friche » de Jean Becker
© jmh distribution

Le temps d’une amourette d’un soir, sa mère s’est retrouvée enceinte de lui sans le désirer et le lui fait bien sentir jour après jour. Malmené à la maison, il peine sur les bancs scolaires, devenant la tête de turc de son instituteur et la risée de ses camarades. De quoi le dissuader d’apprendre à lire et à écrire ! Ses potes de comptoir l’apprécient mais se moquent gentiment de lui. Pourtant Germain est plein de capacités et de potentiel, un jardin dont la richesse reste à défricher et cultiver… Tâche à laquelle Marguerite va s’adonner avec un plaisir non dissimulé. Une complicité croissante unit ces deux êtres qui se donnent tacitement rendez-vous sur le banc public du jardin du village pour partager une séance de lecture : l’une lit à haute voix de grands classique de la littérature française, l’autre écoute, avec la curiosité et la candeur d’un enfant à qui l’on trace de nouveaux horizons. Si la tête de Germain est restée en “friche“, c’est qu’on ne l’a pas cultivée. Germain se découvre une passion pour la littérature, domaine dont il se croyait exclu.

Marguerite perd peu à peu la vue, et, par affection pour cette lectrice à la passion communicative, Germain se pique au jeu de la lecture, à haute voix.
Ce dernier film de Becker s’inscrit avec fidélité dans la lignée que le cinéaste poursuit depuis ses débuts, en 1966, peignant un univers où évoluent des gens simples, touchants et amusants, proches des spectateurs. Cet univers fait de petites gens – Les Enfants du Marais ; Un crime au paradis ; Deux jours à tuer – est si proche du public que ce dernier le ressent, et remplit les salles à la sortie de chacun de ses films, assurant à Jean Becker sa réputation confirmée de cinéaste populaire.

Firouz-Elisabeth Pillet