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Film de février 2008 : “Les cerfs-volants de Kaboul“

Marc Foster prend pour décor l’Afghanistan et Kaboul.

Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 4 mars 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Les Cerfs-volants de Kaboul


(The Kite Runner), de Marc Forster, avec Khalid Abdalla, Homayon Ershadi, Saïd Taghmaoui. Etats-Unis, 2007.

A la fin des années 70, au cœur de Kaboul qui vit encore de paisibles jours à l’heure du Royaume, Amir le Pachtoune et Hassan le Hazara, bien que frères de lait, ont grandi côte-à-côte dans des mondes différents : le premier est le fils d’un riche commerçant, le second est le fils de leur serviteur. Les amis, Amir et Hassan, partagent le bonheur d’un après-midi à faire voler des cerfs-volants. Pour le plus grand bonheur du père d’Amir, les deux garçonnets remportent cette joute céleste ; les perdants, plus âgés, ne l’entendent pas de la sorte et se mettent à la poursuite d’Hassan pour lui régler son compte. A l’occasion du traditionnel tournoi de cerfs-volants, tout bascule : Amir assiste, passif, à une terrible agression à l’encontre de Hassan. Rongé de culpabilité et honteux de sa lâcheté, il préférera, perfide, l’accuser à tort et l’éloigner de lui. Il quitte l’Afghanistan suite à la décision paternelle de fuire l’invasion soviétique.
Quand des années plus tard, le fils de son ancien ami se trouve en grand danger aux mains des Talibans, nouveaux maîtres du pays, Amir voit là l’occasion de racheter sa faute et de mettre un terme à la culpabilité qui le ronge. Vingt ans plus tard, Amir revient donc dans son pays, marqué par le passage des Talibans, à la recherche de la paix et du pardon. Il découvrira un pan caché de la vie de son père, et donc de la sienne. Face aux démons du passé, le chemin est long pour trouver la voie de la rédemption et de la paix intérieure.

« Les cerfs-volants de Kaboul », de Mark Foster
© Paramount Pictures France

Les Cerfs-volants de Kaboul est tiré du premier roman éponyme de Khaled Hosseini, paru en 2003. Sorti dans douze pays, le livre a à chaque fois remporté un vif succès, en particulier aux Etats-Unis où il est resté un long moment numéro un des ventes. Khaled Hosseini explique ce succès international par l’universalité de son histoire : « Les thèmes, la culpabilité, l’amitié, l’oubli, la perte, le désir de pardon et l’envie d’être meilleur ne sont pas des thèmes afghans, mais des expériences simplement humaines, en dehors de la couleur, de la culture ou de la religion."
Etalant l’intrigue sur trois décennies, le réalisateur a, par souci d’authenticité et surtout pour ne pas trahir le livre, recouru à un travail très poussé de l’image. Pour souligner la différence entre le Kaboul de 1970 et le Kaboul des années 2000, tout un jeu de couleurs a été utilisé : des teintes riches pour montrer la beauté des années 70, et des teintes les plus grises et ternes possibles pour les temps actuels, à la mesure des pressions subies par les Afghans. La composition des plans a elle aussi subi un travail spécifique, mis au point par le directeur de la photographie, Roberto Schaefer et le réalisateur : "Lorsqu’Amir et Farid reviennent, il n’y a presque rien dans le cadre, pas de voitures... Cela créé l’impression immédiate d’une époque où l’on n’a pas le droit de jouer au cerf-volant, d’écouter de la musique ou de regarder la télévision. En quelques secondes, on comprend ce qui est arrivé à l’Aghanistan". L’époque de l’obscurantisme aveugle et de la chape de plomb.
L’auteur a pris une part active dans l’adaptation de son roman au grand écran, se rendant à maintes reprises à Kaboul, conseillant tant sur le scénario que sur le tournage. Le film, parlé en Dari, une des principales langues parlées en Afghanistan, en Pashto, une langue parlée par les Talibans, et en Urdu, un langage pakistanais, a nécessité un casting local pour dénicher deux jeunes acteurs susceptibles de s’exprimer couramment en Dari.
La bande-son, composée par Alberto Iglesias, est sans aucun doute l’une des meilleures musiques de film actuelles, à écouter sans modération ; même les voisins ne s’en lasseront pas ! Le film du réalisateur suisse Marc Forster, originaire des Grisons, a été nominé pour un Golden Globe dans la catégorie meilleur film de langue étrangère. Sans sombrer dans le patriotisme stupide, cela fait du bien de voir un Helvète aux commandes de ce film, ne serait-ce que pour éviter à un film américain de prendre pour décor l’Afghanistan et Kaboul sans évoquer les attentats du 11 septembre 2001 !

Firouz-Elisabeth Pillet