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Festival Les Classiques de Villars
Villars sur Ollon : Les Classiques

Parmi les nombreux artistes présents aux Classiques de Villars, signalons le récital des sœurs Dördüncü.

Article mis en ligne le février 2010
dernière modification le 24 février 2010

par Martine DURUZ

Depuis quatorze ans, un vent d’Est musical souffle sur la station chablaisienne, notamment grâce à la présence du directeur artistique et violoncelliste Mark Drobinsky et à des ensembles orchestraux venus d’ex-URSS, auxquels se joignent d’autres artistes. Rendez-vous est donc pris pour six concerts du 6 au 14 février.

Les sœurs Dördüncü
Le 13 février 2010 les sœurs Dördüncü joueront à la Grande Salle d’Ollon pour les Classiques de Villars un programme pour deux pianos, comprenant la Rhapsodie espagnole, le Bolero et la Valse de Ravel ainsi que le Sacre du Printemps de Stravinski.
Une soirée pleine de promesses intitulée Rythmes ! Elle sera précédée et suivie de plusieurs concerts, à Villars et à Ollon, auxquels participera l’Orchestre de Minsk sous la direction de Andrei Galanov, du 9 au 14 février.
L’actualité de Bahar et Ufuk Dördüncü est également constituée par la sortie récente de leur dernier CD. Elles ont jeté leur dévolu sur l’arrangement pour deux pianos, réalisé en 2002 par Mikhail Pletnev du ballet de Prokofiev, Cendrillon (OP.87). Un condensé en une trentaine de minutes des moments les plus pianistiques de la version orchestrale, que le pianiste et chef russe a offert à sa partenaire de prédilection Martha Argerich pour son anniversaire. Il l’a bien sûr joué et enregistré avec elle. Prokofiev lui-même avait tiré de cette œuvre trois suites symphoniques (op.107, 108, 109), une suite pour piano de dix pièces (op.97) et une transcription de trois autres numéros (op.95).

Ufuk et Bahar Dördüncü

Maîtrise parfaite
A chacun des neuf mouvements, Bahar et Ufuk Dördüncü parviennent à donner la couleur, l’esprit et l’atmosphère adéquats, dans une entente et une coordination parfaites. Tout n’est que mouvement, jeu et nuances. Elles passent de la rêverie romantique au galop électrisant, de la valse langoureuse à la virtuosité imaginative avec la même justesse, dans une souplesse et une précision rythmique constantes du début à la fin.
Les mêmes qualités se retrouvent dans la Suite en fa dièse mineur composée par Chostakovitch en mémoire de la disparition récente de son père. Le thème de la mort y est donc évoqué, à travers le motif de la quarte descendante, présent aussi dans le finale de la dernière sonate pour violon op.147, où le compositeur entrevoit l’approche de sa propre mort. Le motif en question apparaît dès les premières mesures : elles rappellent clairement les cloches de Boris Godounov de Mussorgsky. Au prélude succède une danse fantastique et martelée aux sonorités puissantes, auxquelles s’oppose ensuite la méditation d’un Nocturne qui s’étale en un legato large, majestueux, pour reprendre finalement le motif des cloches et annoncer le finale dont la retenue première se développe en un embrasement progressif. Le calme revient avant l’apothéose du carillon monumental qui clôt la pièce. Dans le respect de la cohérence structurelle, les interprètes maîtrisent le flux et le reflux du flot musical dans une continuité sans fracture.
Un enregistrement remarquable et une réussite technique de la firme HatHut.

Martine Duruz

samedi 13 février : Les soeurs Ufuk & Bahar Dördüncü aux deux pianos. Grande salle d’Ollon à 20h
(loc./rens. 024/495.32.32)