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Aux éditions Slatkine
Un livre à découvrir : Tout sur “L’Histoire du Soldat“
Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 5 novembre 2007

par Bernard HALTER

L’Histoire du Soldat est une œuvre certes atypique. Elle n’en demeure pas moins indissociable du patrimoine musical et théâtral romand.

Texte de Ramuz, musique de Stravinsky, décors de René Auberjonois, avec l’acteur et poète Jean Villars-Gilles dans le rôle du Lecteur et le chef d’orchestre Ernest Ansermet aux commandes du petit orchestre, il n’en fallait pas moins pour qu’en septembre 1918 l’événement de la création au Théâtre municipal de Lausanne soit des plus attendus. La grippe espagnole s’en mêla cependant et failli réduire à néant une œuvre qui apparaît aujourd’hui comme marquant le début d’une forme d’expression nouvelle en matière de théâtre musical.

Genèse et création
Philippe Girard, chef d’orchestre genevois (qui avait dirigé en 1989 une production de l’ouvrage donné dans une mise en scène de François Rochaix) et Alain Rochat, collaborateur scientifique au Centre de recherche des lettres romandes de l’Université de Lausanne, ont fait paraître un livre copieux sur l’œuvre, sa genèse et les aléas de sa création.

Ramuz et Igor Stravinski

En parcourant le fruit de leur travail, on se replonge avec bonheur dans le métissage culturel de cette rencontre a priori improbable entre le Vaudois Ramuz et le Russe Stravinsky, que l’attachement à leurs terres respectives relie finalement. Le thème du pacte entre le soldat et le diable rappelle Faust et Méphisto ou quelque autre légende d’une vallée reculée d’Uri, mais avec Ramuz, on est quelque part entre Denges et Denezy. Et il y a cette idée de théâtre ambulant sur tréteaux qui évoque, aussi, l’Arbat moscovite du pays du compositeur. Le travail mené par Stravinsky sur les rythmes et les timbres des sept instruments solistes – il y glissa en outre des éléments qui faisaient figure d’avant-garde à l’époque comme le tango, le ragtime et la valse – a passionné des musiciens de la trempe de Pierre Boulez ou d’Igor Markévitch... Ni opéra, ni ballet, L’Histoire du Soldat est l’Histoire du Soldat, sans équivalent véritable.
Le livre est jalonné par mille et une illustrations, reproductions de maquettes, de lettres qui dépeignent ce que fut le contexte de l’œuvre, son époque, sa liberté de ton et son côté résolument novateur. Le livre, fastueux, se lit comme une chronique parfaitement circonstanciée et documentée.
Du point de vue documentaire, Philippe Girard et Alain Rochat ont réuni cent soixante-huit lettres dans leur chronique, certaines inédites, écrites entre le 4 février et le 25 septembre 1918, soit trois jours avant la première représentation, pour dresser un panorama complet de cette aventure unique en son genre. Les reproduction en couleur des portées musicales proviennent pour leur part de la partition offerte au mécène Werner Reinhart de Winterthur, lui aussi partie prenante dans l’aventure.

Bernard Halter

Histoire du soldat, Chronique d’une naissance.
Par Philippe Girard et Alain Rochat, aux éditions Slatkine.