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Portrait : Quatuor Terpsycordes

Portrait d’un quatuor se distinguant dans des répertoires variés avec enthousiasme et créativité.

Article mis en ligne le décembre 2008
dernière modification le 31 janvier 2009

par Bernard HALTER

Le Quatuor Terpsycordes a fêté ses dix ans d’existence en 2007. Depuis ses débuts, les quatre musiciens de l’ensemble – dont le nom est un jeu de mot faisant référence à la muse Terpsichore – ont manifesté une ouverture d’esprit extraordinaire, se distinguant dans des répertoires variés toujours abordés avec probité, enthousiasme et créativité.

En 1997, Girolamo Bottiglieri (1er violon), Raya Raytcheva (2e violon), Caroline Haas (alto) et François Grin (violoncelle) se sont rassemblés pour former un ensemble de musique de chambre aujourd’hui très en vue sur la scène musicale. En 2001, l’ensemble remporte le 56e Concours de Genève. Cette célébration de leur jeune parcours leur donne des ailes qui les emmènent dans toute l’Europe et dans plusieurs studios d’enregistrement (Claves, Pan Classics, Ricercar aujourd’hui).

Développement artistique
Soucieux de leur développement artistique, les musiciens se sont perfectionnés sans relâche auprès de maîtres prestigieux, avec à chaque fois des apports très distincts. Parmi ceux-ci, on distingue les maîtres italiens du Quartetto Italiano pour la grande tradition interprétative, le Hongrois Gábor Takács-Nagy pour son art consommé du violon, mais aussi des artistes aujourd’hui mondialement reconnus pour leur approche novatrice du répertoire classique et romantique, à l’image des membres du Quatuor Mosaïques. La musique contemporaine est également servie avec abondance. A cette enseigne, la liste des activités des Terpsycordes, qui ont aussi su bénéficier dans leur formation de l’enseignement du Quatuor Lasalle, est plus que substantielle : les musiciens ont travaillé en 2006 avec Sofia Gubaïdulina, figure emblématique du renouveau compositionnel russe. Au chapitre de la musique suisse, ils ont joué ou créé des œuvres de Fritz Voegelin, Roland Moser, Jean Balissat, Hans Ulrich Lehmann ou encore Eric Gaudibert.
Les concerts et tournées, s’ils occupent largement ces jeunes trentenaires aguerris, ne constituent pas l’unique pan de leurs activités. Depuis peu, les Terpsycordes ont pris la direction artistique du Festival de Montebello qui se déroule durant la première quinzaine de juillet dans le cadre du Castello di Montebello de Bellinzone au Tessin. Le violoncelliste François Grin officie également à la tête du charmant Festival des Haudères en Valais. Etre acteurs de la musique passe pour les Terpsycordes aussi par ces cases festivalières à la faveur desquelles ils peuvent mettre une touche toute personnelle et créative dans la transmission et le partage de la musique.

Quatuor Terpsycordes

Schubert comme jamais encore !
Aujourd’hui, le Quatuor Terpsycordes peut se targuer d’avoir une activité toujours aussi riche et peut faire état d’une discographie variée sans être pléthorique. Chez Claves, on trouve des enregistrements des quatuors de Schumann, l’opus 33 de Haydn et des œuvres de musique de chambre du jeune compositeur genevois Gregorio Zanon, parues en 2006. Cet automne, les Terpsycordes publie pour le compte du label Ricercar deux quatuors parmi les plus enregistrés de Schubert : Le Quatuor D. 804 en la mineur, « Rosamunde » et celui en ré mineur « La Jeune fille et la Mort », D. 810.
Ce qui peut paraître redondant de prime abord dans le paysage discographique se révèle une mine passionnante, tant leur approche s’inscrit dans un souci constant et ô combien réjouissant de renouveau interprétatif. Il faut dire que les musiciens ont choisi comme attributs instrumentaux des violons, alto et violoncelle montés d’époque, c’est-à-dire avec des cordes en boyau. Ils ont cherché – et trouvé !– une texture sonore nouvelle, soyeuse qui a l’heur de rapprocher ces pièces instrumentales de l’art du lied, avec une absence du vibrato continu moderne afin de privilégier une approche plus directe, moins artificiellement patinée que d’autres. Tout devient plus perceptible et plus lyrique aussi, avec surtout la possibilité d’installer ces climats ambigus, ces demi-teintes indissociables de l’univers du compositeur. Le premier violon ose le chant murmuré avec des aigues d’une finesse exquise. Leur lecture explore une large palette d’articulations qui se mettent toutes au service de l’expression, qu’il s’agisse de la confidence douce amère ou d’une impétuosité plus beethovénienne de ton. A laisser s’épanouir dans toutes les enceintes !

Bernard Halter