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Victoria Hall de Genève
Portrait : Maria Joao Pires

La pianiste Maria Joao Pires sera en récital à Genève, accompagnée au violoncelle par Pavel Gomziakov.

Article mis en ligne le mai 2009
dernière modification le 17 juin 2009

par Martine DURUZ

Le 8 juin 2009 le Victoria Hall accueillera la sublime pianiste portugaise Maria Joao Pires, dans le cadre de la série Les Grands Interprètes.

Au programme, des œuvres pour piano seul – la sonate en si min. No 3 et les mazurkas en sol min No 2, la mineur No 4 (op.67) et en fa min. No 4 (op.68) – et des œuvres pour violoncelle et piano – (l’étude No 19 en ut dièse min. No 7 op.25, dans une transcription de Glazounov), la sonate en sol min. op.65, de Chopin, ainsi que La Lugubre Gondole de Liszt. Au violoncelle : Pavel Gomziakov, qui l’accompagne aussi sur le CD dont la sortie internationale est prévue le 25 mai.

Parcours
Maria Joao Pires est née en 1944 à Lisbonne. Enfant prodige, comme la plupart des grands pianistes, elle joue en public à cinq ans un concerto de Mozart. Elève du professeur Campos Coelho elle obtient son diplôme à seize ans à l’Académie de Musique de Lisbonne, ayant suivi également les cours techniques et théoriques de Francine Benoit. Elle remporte en 1953 le premier prix du Concours des Jeunesses musicales portugaises, en 1958, le premier prix au Concours Elisa Pedroso, en 1960, le deuxième prix au Concours international des Jeunesses Musicales à Berlin et le premier prix au Concours international Frantz Liszt à Lisbonne. Grâce à la bourse Gulbenkian, elle poursuit ses études à la Musikhochschule de Munich avec Rosl Schmid. Elle se forme aussi à Hanovre avec Karl Engel, dont l’enseignement l’a particulièrement marquée.

Maria Joao Pires et Pavel Gomziakov
© F. Broede

En 1970, elle reçoit le premier prix du Concours Beethoven organisé pour le deux centième anniversaire de la naissance du compositeur. Dès lors elle est invitée dans de nombreux pays d’Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et au Japon, et considérée comme une interprète mozartienne inégalable. Il serait fastidieux d’énumérer tous les chefs et orchestres fameux avec lesquels elle a collaboré. Citons cependant Claudio Abbado et Riccardo Chailly, avec lesquels elle a donné en tournée de multiples concerts.

Nombreux éloges
Soliste d’exception, la pianiste est reconnue également pour ses mérites de chambriste, jouant régulièrement à travers le monde avec le violoniste Augustin Dumay en particulier, mais aussi le violoncelliste Jian Wang, Viktoria Mullova, Barbara Hendricks, Michel Portal ou le Quatuor Emerson.
Les critiques de ses concerts et enregistrements ne tarissent pas d’éloges : ils relèvent la fluidité de son jeu, la subtilité de son toucher, l’authenticité de son engagement, l’absence d’esbroufe ou de théâtralité. Tout cela ne vient pas seulement de ses dons de musicienne. Maria Joao Pires ne se distingue pas moins par ses qualités humaines. Mère de quatre filles, grand-mère de plusieurs petits enfants, elle a adopté un petit garçon qu’elle a élevé dans sa ferme perdue de Castelo Branco, non loin de la frontière espagnole. C’est dans cette ferme qu’elle a accueilli pendant de longues années de jeunes musiciens de tous horizons pour leur enseigner le véritable sens de la musique. Rejetant le côté commercial de la carrière, condamnant l’ambition qui ne vise qu’à satisfaire l’ego des interprètes, elle prône l’humilité, l’amour de la musique pour elle-même, sans calcul ni artifice. La musique fait partie de la vie : c’est pourquoi elle a formé, en recrutant des enfants de sa région qui n’en connaissaient pas une note, le chœur Belgais, qui s’est produit d’ailleurs à l’Eglise de Saanen en 2005 pour récolter des fonds destinés à l’éducation musicale et artistique des jeunes du Mozambique.

Répertoire et discographie
Elle dit choisir son répertoire en fonction de la petite taille de ses mains, plus appropriées à Mozart ou Schubert qu’à Tchaïkovski ou Rachmaninov. Les enregistrements, nombreux dans la première partie de sa carrière, se sont faits beaucoup plus rares ces dernières années. Aussi le dernier en date, Chopin, est-il attendu avec impatience (sortie le 25 mai).

Voici quelques suggestions :

 Le Voyage magnifique, Impromptus de Schubert . Chez DGG (2CD)
 Toutes les sonates pour piano de Mozart. Chez Brilliant Classics (5CD)
 Le Concerto No 2 et 24 Préludes de Chopin, avec André Previn. Chez DGG.
 Franck, Debussy, Ravel avec Augustin Dumay. Chez DGG
 Et le plus bel enregistrement des Nocturnes de Chopin. Chez DGG (2CD). Evasion vers un univers inexploré de sensuelle spiritualité. Si vous ne le possédez pas, vous pourriez vous retrouver dans la situation du mélomane, (dessin humoristique de Sempé, je crois) dont le salon est tapissé de milliers de disques et à qui un visiteur dit nonchalamment : « Je vois que vous avez une belle collection ; dommage que vous n’ayez pas les bonnes interprétations  » !

Martine Duruz

Le 8 juin au Victoria Hall à 20h30. Maria Joao Pires, piano, Pawel Gomziakov, violoncelle (Chopin). Rens. 022/322.22.40.