Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Concerts-Club Genève
Portrait : Marc Minkowski

Marc Minkowski sera de passage à Genève. Architecte, peintre ou… musicien ?

Article mis en ligne le mai 2009
dernière modification le 15 mai 2009

par Beata ZAKES

Le 27 mai prochain, le chef français et ses musiciens emmèneront les mélomanes genevois à Londres. Un programme entièrement consacré à Haydn.

Bassoniste de formation, Marc Minkowski s’est initié à la musique ancienne en jouant, entre autres, sous la direction de Philippe Herreweghe. Plus tard, âgé d’à peine de 20 ans, il a fondé son propre ensemble, dont le nom — Les Musiciens du Louvre — révèle ses intérêts pour la « musique royale ». Connu et reconnu pendant longtemps en tant que « baroqueux » français (Lully, Charpentier, Rameau, Marais...), l’artiste a élargi – lentement mais constamment – ses horizons et son répertoire, en s’aventurant également dans des époques et des styles de plus en plus modernes. Citons seulement sa collaboration avec le Sinfonia Varsovia, avec lequel il a interprété des oeuvres de Gershwin... et a rendu hommage à John Adams !
En 2007, Les Musiciens du Louvre ont fêté leur 25e anniversaire d’existence. Installé à Grenoble depuis 1996 et lié notamment à « MC2 », sa nouvelle Maison de la Culture, l’ensemble a modifié son nom, en ajoutant la capitale de l’Isère à son appellation. Français de cœur, le maestro Minkowski ne renie pas ses multiples origines : tel un citoyen d’Europe et du Monde, toujours infatigable, il répond avec brio à de nombreux engagements. Outre Paris, Amsterdam, Madrid, Vienne, Los Angeles ou Cleveland, l’Opéra de Zürich est devenu, depuis 2003, un autre port d’attache du chef. Quant à la liste des disques gravés avec ses musiciens, elle est longue de plus de quarante enregistrements, la plupart d’entre eux récompensés par des prix et distinctions. Depuis peu, un nouvel engagement les lie avec la maison « Naïve »... et voici deux nouveautés !

Marc Minkowski

Si Bach se construit...
Enregistrée l’année dernière à Santiago de Compostelle lors du Festival Stellae (Festival de musique de Compostelle et de ses chemins de pèlerinage), la Messe en si inaugure un plus ample projet consacré à Bach. Le choix de l’œuvre, que la plupart de ses confrères auraient plutôt choisi pour clore une intégrale, s’est imposé à Marc Minkowski comme une évidence, tout comme sa vision « épurée » de l’œuvre. Le chef, à l’exemple d’Andrew Parrot, a confié la partie vocale à une dizaine de chanteurs seulement, tantôt solistes, tantôt interprètes du choeur, et la partie instrumentale se limite à 25 musiciens. « La musique en est si dense, si complexe, si vertigineuse qu’elle gagne, à mon avis, en grandeur par le recours à des solistes », commente le maestro. Plutôt que d’opposer les voix individuelles à la masse chorale, le chef pratique une conception qui s’approche des Concertos Brandebourgeois : chanteurs et instrumentistes érigent un édifice à la charpente tout en filigrane, mais en même temps solide et robuste, comme une cathédrale gothique. Dans cette construction, l’être humain peut se recueillir en intériorisant sa spiritualité dans un environnement grandiose et envoûtant. Cette vision, plutôt audacieuse, fait déménager Jean-Sébastien Bach des intérieurs poussiéreux de temples baroques, lourdement dorés, vers des espaces plus lumineux et plus aériens. Intéressant et convaincant, à découvrir absolument.

... Bizet se peint
Toujours chez « Naïve », une version rafraîchie et renouvelée de quelques grands classiques d’une musique française plus récente : Carmen et l’Arlésienne de Georges Bizet. On peut se demander pourquoi ce chef, aux horizons aussi larges, qui possède un tempérament d’explorateur d’archives inconnues, s’aventure dans l’univers des bis de concerts ? Et pourtant, le résultat est très rafraîchissant : parée de couleurs provençales, cette interprétation gagne en nuances et nous fait rapidement oublier les « plein tubes » criards avec lesquels quelques chefs croient bon de récompenser les applaudissements enthousiastes de leur public. Tels des toiles d’un Van Gogh ou d’un Gauguin (par ailleurs, reproduits dans l’excellent livret du CD, aux côtés de fragments de textes de Daudet), les tableaux musicaux tracés par Minkowski et ses musiciens défilent à l’intérieur des oreilles du mélomane, comme un diaporama de paysages impressionnistes, éclairés de touches exotiques d’une Espagne passionnée, mais raffinée, échappant à tout cliché grossier. Encore une réussite à mettre sur le compte d’un directeur en quête de renouveau musical. De quoi convertir les allergiques aux espagnolades de Bizet !

Beata Zakes

A découvrir encore chez Archiv :
« Offenbach romantique », avec le « Concerto militaire » pour violoncelle et orchestre (soliste : Jérôme Pernod) [477 6403] Un regard différent sur le compositeur qui a fait danser et rire tout Paris.
« Mozart Jupiter » : symphonies nos 40&41. [00289 477 5798] Sur instruments d’époque. Rythme enlevé et interprétation aux airs de faux vieux élégamment « patiné ».

Concerts Club. Mercredi 27 mai à 20h30 au Victoria Hall. Direction : Marc Minkowski. Haydn à Londres.
Location et renseignements : 022 319 61 11
http://www.culturel-migros-geneve.ch