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Portrait : Luc Baghdassarian
Article mis en ligne le mars 2007
dernière modification le 21 juin 2007

par Magali JANK

Après avoir dirigé l’Orchestre symphonique de Rome à travers des œuvres de Ravel, Britten et Brahms, lors d’un concert à l’Auditorium Conciliazione de Rome, Luc Baghdassarian officiera en mars dans notre région dans un répertoire religieux. Au programme, Passion selon St Jean de Bach à Lausanne et le Requiem de Mozart à Genève.

Né à Genève, ce jeune chef d’orchestre d’origine arménienne se prend de passion pour l’orchestre dès son plus jeune âge. Déterminé à mener une carrière musicale, son amour pour la musique s’exprime tout d’abord à travers le piano, son instrument fétiche. Mais en réalité, ce sont toutes les couleurs instrumentales qui fascinent le jeune garçon. A l’âge de 9 ans, il découvre le chant choral, une révélation survenue à l’écoute de la 9ème Symphonie de Beethoven, dirigée par un certain Wolgang Sawallisch. Une seule idée lui trotte désormais en tête : devenir chef d’orchestre.
Luc Baghdassarian étudie au Conservatoire Supérieur de Musique de Genève, où il obtient le diplôme de direction d’orchestre, un premier prix de virtuosité de piano dans la classe de Maria Tipo ainsi qu’un premier prix de musique de chambre. Il se perfectionne ensuite à Vienne aux côtés du chef Karl Oesterreicher. Au cours de sa jeune carrière, il a dirigé de grandes phalanges comme l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, le National Philharmonic Orchestra d’Arménie, l’Orchestra di Roma e del Lazio, l’Orchestre Amadeus de Paris ou plus récemment l’Orchestre symphonique de Rome. Aujourd’hui, il mène une carrière en Suisse, en France, mais aussi en Italie, en Roumanie et en Arménie, pays de ses ancêtres, où il dirige un concert par année depuis 1996.

Luc Baghdassarian

Epanouissement musical
Si ses amours sont Arturo Toscanini, Carlos Kleiber, Leonard Bernstein ou Herbert von Karajan, son engagement, son assurance, son énergie et son enthousiasme, sont sans nul doute renforcés par une rencontre avec, selon lui, « un des plus grands musiciens du XXe siècle en matière de direction d’orchestre », le regretté Carlo Maria Giulini. Sa vie en est bouleversée. A ses côtés, le jeune chef admiratif apprend à approfondir véritablement la partition et à faire jaillir toutes les subtilités instrumentales d’un orchestre. Au-delà des réponses que le Maestro fournit aux interrogations du jeune chef, il lui apporte surtout « un grand message d’humanité ». Briser la glace pour aller à l’essentiel, c’est-à-dire à l’émotion musicale, s’affirme être la qualité la plus marquante du « démiurge », comme le surnomme Luc Baghdassarian et influencera de manière déterminante sa propre direction. Plus déterminé que jamais, il remporte en 2002 le 1er Prix du Concours International de Direction de Grenchen (Suisse) et en 2005 celui de Vienne.

La gestuelle au service des émotions
Si certains chefs choisissent une direction plus intellectuelle, en conservant une certaine distance face à l’orchestre, Baghdassarian privilégie une vision plus « romantique » de la direction d’orchestre, qui vise à l’exaltation des émotions. Emotions qu’il entend transmettre, mais surtout recevoir de la part des musiciens. A cet effet, le message corporel et le contact visuel sont des éléments clefs, afin de rendre un échange entre le chef et les musiciens possible. Le chef se dit d’ailleurs toujours ému et fasciné de voir qu’ « une pensée puisse se matérialiser non seulement dans l’espace, mais aussi dans les sons et dans la réalisation même d’un projet ». Il en souligne la magie avec un grand sourire, c’est sa « quête du Graal ». Dans son esprit, le contact humain avant, après et surtout pendant le concert est essentiel. Baghdassarian se considère comme « un musicien parmi des autres musiciens » comme il aime l’affirmer, et non comme un chef à la tête de son orchestre. Instaurer un climat de confiance et de respect au sein d’un orchestre lui tient particulièrement à cœur : « le retour musical n’en est que plus fabuleux ! »

Répertoire
De la musique baroque – Haendel, Bach, Vivaldi en particulier – à la musique d’aujourd’hui, le chef ne se cantonne volontairement pas à une époque. Récemment, il a créé une œuvre pour chœur, solistes et orchestre d’un compositeur français, Jean-Louis Gautier. Même s’il avoue avoir une prédilection pour la musique du XIXe siècle, les XVIIIe et XXe siècles le fascinent. Son large répertoire témoigne d’une curiosité, d’une soif de découvertes extraordinaires. Toujours avec la même ferveur, le chef se plaît à diriger des chœurs.
« Lorsqu’un chœur chante de mémoire, cela permet de créer un contact visuel permanent et intense et de ce fait un échange humain extraordinaire » nous confie-t-il. Le chant choral l’a donc immanquablement mené vers le répertoire religieux et vers un enrichissement personnel. Même s’il dit ne pas être fervent pratiquant, Luc Baghdassarian croit néanmoins que la musique permet d’accéder à une certaine spiritualité. Il apprécie tout particulièrement le message d’humanité et d’amour que la musique religieuse véhicule et qu’il trouve essentiel pour l’interprétation d’autres répertoires, notamment la musique symphonique ou le quatuor à cordes. « Tout est une question de rythme. Le tempo permet à la musique de prendre sa dimension spirituelle ».

Magali Jank

24 mars : Passion selon St Jean de J-S Bach, Choeur Laudate Deum et Ensemble instrumental, Eglise St-François, Lausanne, 20h.
31 mars (20h30) et 1er avril (17h) : Requiem de Mozart, Orchestre symphonique et Choeur Résonances, Solistes du Conservatoire de Genève, Eglise de la Madeleine, Genève.