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Au service d’une création
Portrait : Emmanuel Pahud à l’OSR
Article mis en ligne le mars 2007
dernière modification le 21 juin 2007

par Beata ZAKES

Le 22 mars à Victoria Hall, les mélomanes assisteront à la création mondiale du Concerto pour flûte de Michael Jarrell. En soliste : le « Genevois du coeur » Emmanuel Pahud. Au pupitre : Heinz Holliger, un chef qui parle la langue des bois !

Portrait
Né à Genève de parents franco-suisses, Emmanuel Pahud vient de fêter son 37e anniversaire. Une vie d’artiste riche et trépidante, commencée à l’âge de 5 ans par un véritable « coup de foudre » après avoir entendu le Concerto de Mozart à Rome où sa famille résidait à l’époque. « Je veux jouer ce morceau ! » dit le bambin, et les parents, moitié surpris et moitié amusés, le mènent chez un professeur. Dix ans plus tard, il est prêt et remporte avec brio le premier prix du Concours Reine Elizabeth de Belgique, en interprétant son oeuvre fétiche. A vingt-deux ans, il devient flûte solo à la Philharmonie de Berlin. En 1996, il signe un contrat exclusif avec EMI, et devient ainsi le premier flûtiste à avoir ce type d’engagement auprès d’une grande maison de disques de renom. Trois ans plus tôt, il crée, avec deux amis – le pianiste Eric Le Sage et le clarinettiste Paul Meyer – le Festival de l’Empéri, « un laboratoire musical » qui explore les correspondances artistiques : aujourd’hui, quatorze éditions plus tard, le « fruit de l’enthousiasme juvénile » se porte bien. En véritable « touche-à-tout », il varie les plaisirs du jeu solo et de la musique de chambre, en côtoyant les « grands », chefs et musiciens.

Emmanuel Pahud

Elève d’Aurèle Nicolet, il met son expérience au profit des jeunes musiciens, comme entre 2000 et 2002, lors de son congé sabbatique de la prestigieuse phalange berlinoise, consacré à l’enseignement au Conservatoire de Genève.
Evoluant entre les répertoires classique et contemporain, Emmanuel Pahud - qui ne cache pas son intérêt pour les autres genres de musiques (du jazz avec Jacky Terrasson) - se fait de plus en plus le porte-étendard des compositeurs de son temps. La saison 2006-2007 a été particulièrement significative, car marquée par la création de quatre nouveaux concertos : « Transir » de Matthias Pintscher au Festival de Lucerne à la mi-août (où il a été invité en « artiste étoile »), avec Daniel Harding et le Gustav Mahler Chamber Orchestra ; le Concerto de Marc-André Dalbavie, créé en octobre avec la Philharmonie de Berlin, puis repris à la Tonhalle de Zurich sous la direction de David Zinman, ensuite le Triple concerto de Michael Jarrell, avec François Leleux, hautbois, et Paul Mayer, clarinette, sous la direction de Peter Eötvös à la tête du Philharmonique de la Radio-France, et enfin, le Concerto du même Michael Jarrell. Ce dernier sera en « création maison », puisque commandé par et interprété avec l’Orchestre de la Suisse Romande, sous la baguette de Heinz Holliger. Les quatre créations seront bientôt gravées sur disque, pour célébrer dix ans de collaboration de l’artiste avec EMI.

Discographie récente
Les derniers mois ont vu naître les enregistrements du Concerto pour flûte de Nielsen, avec Simon Rattle et le Philharmonique de Berlin et de six concertos de Vivaldi pour flûte traversière avec l’Australian Chamber Orchestra. Le premier a été pour l’artiste une occasion, dans une interview pour classiquenews.com voir site, d’apprécier les qualités du chef britannique (« le sens de la texture, de la profondeur sonore », la capacité de « mettre en lumière d’infinis détails, des aspérités sous-jacentes jusque-là insoupçonnées ») et de se livrer à quelques comparaisons avec son prédécesseur Claudio Abbado (« grand esthète », privilégiant « la fluidité, la chaleur, la qualité du legato, du phrasé, la lisibilité de la mélodie »). Il est d’ailleurs possible de vérifier les propos du soliste, en faisant une écoute comparative de deux versions du Prélude à l’Après-midi d’un Faune de Debussy, qu’Emmanuel Pahud a enregistré avec les deux chefs ; Abbado en 2000 et Rattle en 2005.
En ce qui concerne le « Vivaldi australien », la combinaison quelque peu « exotique » a été reçue avec grand enthousiasme : sur ce disque, le soliste brille par un jeu nourri de ses expériences multiples. Entre autres, sa familiarité avec la musique contemporaine, lui permet de donner à cette musique – « trop souvent » entendue et enregistrée) – une relecture toute nouvelle : douce et sensible dans les Adagios, d’une « virtuosité grisante » (selon L’Express.fr), dans les Prestos. Encore une fois, le flûtiste régale les mélomanes avec les atouts de son jeu : grande aisance et précision technique et un mode d’expression simple, sans fioritures, effets ni vibrato exagéré. Emmanuel Pahud est certainement un artiste qui respecte les qualités naturelles de son instrument. Un musicien modeste qui, tout à fait discrètement, est devenu le numéro un de la flûte lors des dernières années.

Beata Zakes

Jeudi 22 mars 2007 - 20h Victoria Hall
5e concert « Série Répertoire » OSR.
Heinz Holliger (direction), Emmanuel Pahud (flûte).

Œuvres de Sandòr Veress – Threnos, In memoriam Béla Bartók, Michael Jarrell – Concerto pour flûte (création mondiale, commande de l’OSR), Franz Schubert – Andante en si mineur, tiré du Fragment symphonique D. 936 A (Roland Moser, 1982), Symphonie N° 8 en si mineur D. 759, dite « Inachevée ».
Billets : (0)22 807 00 00, site de l’OSR ou Orchestre de la Suisse Romande, Rue Bovy-Lysberg 2, 3e étage, 1204 Genève. Lundi au vendredi, de 9h à 12h15 et 14h à 17h30. Egalement, le soir du concert au guichet.