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Orchestre de la Suisse romande
OSR : Double anniversaire

Double anniversaire en 2008 pour l’OSR : les 90 ans de sa formation, et les 125 ans de la naissance d’Ernest Ansermet.

Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 20 mars 2009

par Bernard HALTER

L’année 2008 rime avec deux anniversaires importants pour l’Orchestre de la Suisse Romande. Tout d’abord les nonante ans de sa formation et les cent vingt-cinq ans de la naissance de son père fondateur Ernest Ansermet. La Radio Suisse Romande RSR et le label Cascavelle ont uni leurs efforts pour éditer une pléiade d’enregistrements qui complète habilement l’offre déjà existante des enregistrements historiques d’Ansermet.

Ernest Ansermet a été une figure parmi les plus significatives de la musique de son temps, mais pas seulement. La liste des œuvres devenues des classiques qu’il a créées est très importante. S’il a été un ardent zélateur des musiques russes et françaises du XXe siècle, le chef vaudois a aussi servi la musique classique et romantique. Le monde du disque a toujours fasciné Ansermet, qui le voyait comme un vecteur de connaissance très important de la musique. Dès ses débuts avec les Ballets russes de Diaghilev, le chef se frotte à l’exercice des enregistrements. Mais c’est surtout dès 1947 que l’OSR polit ses lettres de noblesse grâce à la large diffusion de ses gravures pour la firme Decca, aujourd’hui légendaires. Rappelons que les enregistrements d’Ansermet totalisent 296 œuvres de 63 compositeurs différents !

Une mine d’or historique
Les aficionados de l’OSR et plus généralement de l’art de son fondateur connaissent déjà depuis longtemps les mythiques enregistrements qu’Ernest Ansermet a réalisé de La Valse de Ravel, de la Pacific 231 de Honegger ou de L’Apprenti sorcier de Dukas, voire du Concerto pour violon de Stravinsky et de celui de Berg, avec Christian Ferras en soliste. Un coffret de huit CD rassemble désormais quelques-unes des premières gravures qui s’étalent entre 1916 et 1955, dont les Concerti grossi de Händel qu’il est le premier à avoir gravés en 1929. La collection s’ouvre avec un Oiseau de feu incandescent (Londres, 1946) que maintes autres œuvres du même Stravinsky et de son maître Rimsky-Korsakov complètent.

Orchestre de la Suisse romande
Photo Grégory Maillot

Les qualités de musicien de théâtre s’y affirment avec un bonheur rare mêlant la rigueur et le souci de l’expression la plus juste possible, qui a toujours animé le chef suisse. A l’avenant, Les Tableaux d’une Exposition de Moussorgsky révèle un soin constant des nuances et des développements même si certains tempi surprennent. Les compositeurs les plus proches du chef sont bien sûr abordés dans cette copieuse collection qui brosse un portrait très net de la carrière du musicien : Debussy, Ravel, Honegger, Moussorgsky, Falla mais aussi Haydn, Mozart et Schumann (VEL 3119).

Vers le sentiment juste
« Il est facile pour un chef de mettre du sentiment dans une phrase musicale […] ; c’est plus facile en tous cas que de découvrir le sentiment juste, celui que comporte la phrase dans son contexte et en raison de sa contribution au sens de l’œuvre entière […] », rappelait Ernest Ansermet. Les enregistrements, plus particulièrement ceux des œuvres dites classiques et romantiques nous rappellent à quel point l’exercice de la musique relevait pour lui d’une mission à mener au plus près de la vérité. Ses symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven, son loin, bien sûr, des sirènes du renouveau interprétatif qui lui ont succédé, mais toutes ses interprétations procèdent d’une lecture approfondie du texte et d’une approche qui rend la musique éminemment vivante, sensible et discursive à la fois.
En marge de ce coffret libellé « Les premières gravures », des parutions isolées proposent plusieurs compléments : un disque Beethoven avec le Concerto de l’Empereur magnifiquement défendu par Rudolf Serkin et la Cinquième symphonie (VEL 3126) ; une galette avec une éblouissante Symphonie n°3 d’Albéric Magnard suivie de la rare Symphonie "Cévenole" de Vincent d’Indy, avec Robert Casadesus au piano (VEL 3128) ; un disque consacré à la Symphonie n°1 de Dutilleux et à la Symphonie n°4 de Martinù (VEL 3127) ainsi qu’un double album War Requiem de Britten avec l’OSR et le Chœur Pro Arte préparé par André Charlet en 1967 et l’exceptionnel Peter Pears (VEL 3125).

Bernard Halter