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Au Forum Meyrin
Meyrin : Cristina Branco

Cristina Branco sera de passage à fin mars au Théâtre Forum Meyrin.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 29 mars 2009

par Julien LAMBERT

Cristina Branco, qui incarne presque à elle seule la résurrection contemporaine du fado, ce blues maritime portugais, revient en Suisse pour un soir et une Maison du Monde lusitanienne au Forum Meyrin.

Habituée des scènes suisses depuis sept ans qu’elle réinvente le fado, Cristina Branco revient faire frémir le Forum de Meyrin.

Énergie des mots
Le mot n’est pas exagéré : sur scène, la fadiste portugaise tient autant de la tragédienne possédée que de la chanteuse. Pas de cinéma dans ce « jeu » de scène-là : une présence sculpturale qui concentre en elle l’énergie des mots pour les laisser émaner entre ses lèvres entrouvertes, puis qui glisse sur sa robe longue pour aller littéralement faire l’amour avec ses musiciens à cordes.
Graves et fiers comme des énarques du passé, ses acolytes font décoller comme si de rien n’était des mélodies effrénées, gazouillantes, de leurs guitares portugaises. Comme le fait Cristina lorsqu’elle laisse exploser des accents d’une gaieté aérienne, comme venue d’ailleurs, d’un temps édénique aussi ancestral que les lamentations maritimes du fado traditionnel, qui habitent encore tant de ses chansons.

Cristina Branco.
Copyright Claude Gassian

Car même si son dernier album, Kronos, prend peut-être un peu plus le large par rapport à la tradition pour s’aventurer sur les terres moins arides des musiques dansantes de son pays et d’ailleurs, son registre reste d’une formidable homogénéité. Peut-être parce que sa spécificité tient non aux modes variables de ses chansons, mais à la façon de les aborder. Comme des incarnations qui modèlent son visage et cette mâchoire forte, ferme, que les sons portugais, toujours en demi-teinte, peuplés d’insaisissables diphtongues, habitent d’un trop plein élastique et enivrant.
Le désespoir du fado devient alors mélancolie latente, exquisément baudelairienne, dont les vapeurs planent encore quand la musique se détend. Elle nous le disait, il y a sept ans déjà : « j’aime chanter la joie ou la séduction, plutôt qu’une éternelle tragédie. Il est plus simple de faire pleurer les gens que de les faire rire, mais je n’aime pas la simplicité… je suis moi-même très joyeuse, car amoureuse de la vie » (Scènes Magazine, septembre 2002).

Julien Lambert

Théâtre Forum Meyrin, 1, pl. des Cinq-Continents, Meyrin, 022 989 34 34.
Mardi 31 mars à 20h30, précédé d’une conférence à 18h30 et d’un buffet-dégustation de spécialités portugaises à 19h30.