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Cathédrale de Lausanne et Victoria Hall de Genève
Lausanne et Genève : “War Requiem“

Le Chœur Pro Arte de Lausanne et le Chœur Faller s’allient pour donner corps au War Requiem de Britten.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 24 avril 2008

par Bernard HALTER

Le Chœur Pro Arte de Lausanne et le Chœur Faller allient leurs forces pour donner corps à une œuvre exceptionnelle du 20e siècle : le War Requiem de Benjamin Britten. A découvrir absolument les 24 et 25 avril à la Cathédrale de Lausanne, et le 26 avril au Victoria Hall de Genève.

Son exécution est en soi un défi de taille. Le « Requiem de guerre » convoque en effet un orchestre symphonique, un orchestre de chambre, deux chœurs dont un d’enfants, un orgue et last but not least, trois solistes. Ce n’est pas la première fois que Pascal Mayer, directeur des deux phalanges vocales, rassemble ses troupes pour aller à la rencontre d’un répertoire aussi intense qu’en phase avec notre époque.
En 2006, il avait dirigé Golgotha de Frank Martin avec les mêmes effectifs et le Sinfonietta de Lausanne (que l’on retrouve aussi dans le projet Britten). Sa position d’artiste qui s’engage pour les œuvres fortes de notre temps est à saluer tout particulièrement, car elle tranche avantageusement avec la frilosité qui prévaut parfois en termes de choix de répertoire.

Pascal Mayer
Photo Charly Rappo

Plaidoyer
Cet édifice musical énorme qu’est le War Requiem a été commandé à Britten pour la commémoration de la nouvelle cathédrale de Coventry, en mai 1962. La ville fut littéralement anéantie et sa population dévastée lors du bombardement de la Luftwaffe le 14 novembre 1940. Il ne resta que des piliers et quelques pans de mur de l’ancienne cathédrale, une réalisation rappelant que Coventry avait été la quatrième ville de l’Angleterre au XVe siècle. Les Anglais décidèrent de conserver les ruines et d’y intégrer la nouvelle construction. Basil Spence, à qui est due la réalisation moderne du monument religieux, y traduit une idée de réconciliation. La cohabitation de ces deux époques architecturales se retrouve dans le choix de Britten de faire intervenir le texte latin communément utilisé pour la messe des morts et les poèmes de Wilfred Owen, mort lors du conflit mondial précédent. L’ensemble, s’il célèbre implicitement le souvenir de la guerre, est avant tout un plaidoyer pour un pacifisme éternel. En cela, le War Requiem s’ancre dans sa décade, une décade qui, aussi bien culturellement que politiquement, est également celle de Bob Dylan et des Beatles.

Succès
D’une approche plutôt aisée pour l’auditeur, cette œuvre connut un très vif succès public. Fait unique pour un oratorio contemporain, deux cent mille disques du War Requiem furent vendus dans les mois qui suivirent sa création ! La version que l’on acquerrait alors était dirigée par le compositeur, avec la distribution prévue pour la création : la soprano Galina Vichnevskaya (qui, ne pouvant quitter l’URSS, fut remplacée en 1962 par Heather Harper), le ténor Peter Pears et le baryton allemand Dietrich Fischer-Dieskau. Les liens très forts qui unissaient ces artistes – dont les origines sont celles des principaux pays belligérants d’Europe de la Deuxième guerre – constituent autant d’éléments supplémentaires corroborant l’idée de réconciliation des peuples que contiennent aussi bien l’œuvre de Britten que l’architecture de Spence.
Signalons encore que la dernière intervention des solistes masculins, a priori des ennemis, se fait en duo sur une unique phrase : « Let us sleep now ! ».

Bernard Halter

A découvrir absolument les 24 et 25 avril à la Cathédrale de Lausanne à 20h30 et le 26 au Victoria Hall à Genève à 20h30 (concert en faveur du CICR).
Avec : Judith Graf, soprano. Michael Novak, ténor. Rudolf Rosen, baryton. Chœurs Pro Arte, Choeur Faller, Sinfonietta de Lausanne, Maîtrise de Saint-Pierre-aux-Liens (Bulle). Direction : Pascal Mayer.