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Orchestre de Chambre de Lausanne
Lausanne et Genève : Fabio Biondi & L’OCL

Fabio Bioni d’est engagé pour trois saisons auprès de l’OCL. Rencontre.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 27 novembre 2009

par Beata ZAKES

Depuis 2009/2010, et pour trois saisons, le « baroqueux » Fabio Biondi sera le nouveau chef invité permanent de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Rencontre avec un musicien tant éloquent que loquace, qui apprécie le contact et la communication.

« L’expérience de deux concerts avec l’OCL [en 2004 et 2007] a créé une sorte de correspondance : c’est un orchestre avec lequel je me suis senti très à l’aise », c’est ainsi que le maestro explique la raison principale qui lui a fait accepter cet engagement. Il dit surtout apprécier la souplesse et l’ouverture d’esprit des musiciens lausannois. Dans son agenda surchargé, il n’avait pas été facile de trouver de plages disponibles, mais cette nouvelle collaboration l’a suffisamment attiré pour dégager du temps pour de nouveaux défis. Donc oui, il viendra à Lausanne, mais avec « une ligne » conductrice, avec des projets « bien à lui ».

De l’air nouveau
A la question « allez-vous transformer OCL en un orchestre baroque ? », Fabio Biondi réagit avec un éclat de rire. Si les fans de l’« école Biondi » s’attendaient à entendre beaucoup de Vivaldi, ils seront peut-être légèrement déçus. « Je viens à Lausanne pour faire des choses que je ne fais pas ailleurs », argumente le chef. La programmation sera donc centrée sur des créations des pièces baroques inconnues car « les bibliothèques en Italie en sont pleines ». Les événements ainsi créés auront pour but d’attirer un public nouveau, des auditeurs qui seraient prêts à se déplacer à Lausanne depuis d’autres villes du canton, voire de plus loin. « Le public est très friand de musique baroque, plus que des pages romantiques », explique le musicien, conscient aussi bien des goûts des mélomanes que des « tendances sur le marché ».
Même dans une période de crise, le maestro espère enregistrer de nouveaux disques « pour montrer que l’on peut aborder cette musique de façon concrète avec des instruments dits "modernes" ». Pour lui, il n’est pas question de faire jouer les concertistes lausannois avec des cordes en boyau. Il songe même à imprimer de la musique pour ainsi « la rendre accessible à tous » ; une maison d’édition américaine a été mentionnée.

Fabio Biondi

Dans le fossé de l’opéra
Le chef italien aimerait également réaliser des opéras. « La plupart des orchestres qui accompagnent les opéras se trouvent en danger de dépersonnalisation », explique-t-il. « Il faut donc choisir les oeuvres qui mettront en valeur les musiciens ». Cette idée ne déplaira certainement pas aux membres de l’OCL, dont les activités « opératiques », avec quatre spectacles par année, représentent déjà entre 15-20% du total des engagements. Le maestro mentionne également son souci d’espacer les différentes activités, suffisamment pour « laisser souffler les musiciens ».
« Je prévois beaucoup de concerts avec des chanteurs », annonce-t-il, notamment une première d’une Sérénade de Scarlatti, pour cinq voix, chœur et orchestre, écrite à la fin de vie du compositeur, et programmée pour la saison 2010-2011 déjà. Intéressé à découvrir de nouveaux noms et à nouer des contacts sur place, Fabio Biondi pense « travailler surtout avec les chanteurs du coin ». « Je ne suis pas un mafioso », rassure l’artiste originaire de Palerme, « je ne viens pas pour imposer aux mélomanes suisses "mes" chanteurs ! »

« La griffe » Biondi
Que pense-t-il apporter à l’OCL ? Le musicien italien affirme avoir trop souffert de la division rigide entre le monde de la musique « ancienne » et « moderne », il ne vient donc pas pour enfermer l’OCL dans un corset de dogmes et de règles strictes. « Je ne viens pas pour enseigner une vérité mais pour semer des hypothèses », éclaire-t-il, « car il est impossible de savoir avec certitude où la vérité se place exactement ». Selon lui, le public contemporain est souvent très mal informé ; il songe donc à mettre sur pied des conférences pour tordre le cou à quelques clichés, notamment dans le domaine du chant. Une autre originalité : plus qu’en chef, il pense travailler avec ses musiciens en collègue, le violon à la main. « Une démonstration vaut mille mots, l’orchestre saisit le message plus rapidement ».

Première tournée
Une tournée coproduite avec la RSR/Espace 2 mènera Fabio Bondi à travers la Suisse, de la Tonhalle de Zurich au Victoria Hall de Genève, en passant par la Chaux-de-Fonds, et Fribourg. Le programme réunira des œuvres françaises et italiennes. Pourquoi ce choix ? Le chef italien en explique les raisons clairement : « Nous, les musiciens, subissons les catégorisations : si l’on est Italien, il faut jouer le répertoire de la péninsule, si l’on est Allemand, il faut jouer Mendelssohn ou Bach. A mon avis, il faut lutter contre ce genre de "racisme" en musique ; il faut montrer que l’on est capable de proposer une interprétation intéressante et convaincante d’une partition, même si l’on ne partage pas le pays d’origine avec le compositeur. D’autre part, on ne peut pas "faire le festival des inconnus" tout le temps ! ». Le nom de Jean-Philippe Rameau qui figurera sur l’affiche sera également un hommage à V. Desarzens, qui était très féru de musique française, un lien avec le passé de l’OCL.

Propos recueillis par Beata Zakes
lors de la rencontre de Fabio Biondi avec la presse en juin 2009

OCL, dir. et violon Fabio Bondi (Samartini, Vivaldi, Nardini, Rameau). Billetterie OCL
9 et 10 novembre à Lausanne, Salle Métropole, lundi à 20h30, mardi à 20h00 (Loc. Billetterie de l’OCL : 021 345 00 25 / www.ocl.ch)
16 novembre à Genève : Victoria Hall à 20h (rés. 022/807.00.00)