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Au Victoria Hall de Genève
Genève, Victoria Hall : Jean-Yves Thibaudet

Les Concerts du dimanche accueillent le pianiste Jean-Yves Thibaudet.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 5 novembre 2007

par Pierre JAQUET

Le 18 novembre, dans le cadre des concerts du dimanche, les Genevois ont rendez-vous avec une personnalité haute en couleurs !

Né à Lyon en 1961, Jean-Yves Thibaudet a grandi dans une famille de mélomanes et de musiciens. Très vite il manifeste un goût pour la musique. Alors que son père français l’encourage à aborder le violon et lui en enseigne les bases, sa mère allemande l’inscrit à des cours de piano. Il a alors cinq ans. Deux ans plus tard, il se produit pour la première fois en public. A neuf ans, il donne son premier concert. La biculturalité de sa famille et la précocité de ses études ont été des atouts déterminant pour lui : ils en ont fait un esprit ouvert, toujours avide de découverte. Le site internet le plus complet qui lui est consacré est... en anglais !

Une carrière toute tracée
A l’orée de l’adolescence, une carrière dans le domaine musical semblait déjà tracée, impression confirmée par une médaille d’or du Conservatoire de Lyon obtenue à 12 ans. A l’âge de 18 ans, il figure en première place des « Young Concert Artists Auditions » à New York. Sa carrière est définitivement lancée... Plus récemment, il a reçu – c’était le 28 février 2007 – une « Victoire d’honneur » au terme de la XIVe édition des « Victoires de la musique ».
Etudiant, l’interprète a bénéficié de l’enseignement de Lucette Descaves, qui avait été une collaboratrice de Maurice Ravel ; autre figure marquante, Aldo Ciccolini qui lui a appris à développer son potentiel. Rien d’étonnant dès lors à ce que son jeu passe pour très français – c’est-à-dire élégant et fin – mais également flamboyant.

Jean Yves Thibaudet (Decca_Kasskara)

Répertoire étendu
Sur la scène et dans le domaine discographique, le répertoire est étendu : il va de Franz Schubert à Duke Ellington, en passant par Liszt, Debussy, Satie, Ravel, Messiaen et Gershwin ! Les interprétations, très poétiques, sont constituées d’une palette de couleurs lumineuses et d’un son passionné. Une nouveauté discographique réunit les concertos nos 2 et 5 de Saint-Saëns et les Variations symphoniques de Franck. Dans le Cinquième, le piano apparaît tour à tour déhanché, élégant, sautillant, convulsif et fantasque ! [Avec Charles Dutoit et l’OSR, Decca 475 8764] De là vient le qualificatif, usité parfois, de « son » Thibaudet. Cet éclat lui a particulièrement réussi quand il a enregistré des transcriptions d’opéras de divers compositeurs dues à la plume de Franz Liszt. La brillance du jeu fait ici merveille... [Decca 436 736-2] Dans le même registre, un autre CD vient de sortir : réunissant des arrangements divers de Bellini, Wagner ou Korngold : il s’en dégage un esprit « fin-de-siècle », sentimental, mais jamais facile ni dénué d’intérêt. [Decca 475 7668]
Parmi les collaborations qu’il affectionne, l’artiste aime à mentionner les noms de Joshua Bell (violon) et de Truls Mørk (violoncelle). Dans le domaine lyrique, une amitié le lie avec Cecilia Bartoli. Le pianiste prétend qu’il apprend plus au contact des chanteurs qu’avec n’importe quel professeur de piano : « La respiration, le phrasé, le legato sont des éléments inestimables ». D’autres noms de l’art lyrique sont associés au nom de Jean-Yves Thibaudet : la jeune cantatrice Angelika Kirchschlager et le ténor russe au nom confirmé : Dmitri Hvorostovsky...
Personnalité affable et volubile, il aime le contact avec les autres musiciens et les mélomanes. Le domaine de la musique concertante lui a offert de belles réussites, avec la complicité de Herbert Blomstedt et de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig : Un premier compact réunit les deux concertos de Mendelssohn, tout en éclat et dans lesquels les notes glissent en cascades, ainsi que les Variations sérieuses en lesquelles l’artiste témoigne de son éducation française : approche rigoureuse, classique, mais aussi un son teinté de l’univers de Debussy [Decca 468 600-2]. Dans le même registre, signalons au passage une édition de pages de Satie, tout en intériorité et en rêverie. Avec le même orchestre allemand et le même chef américano-suédois, Jean-Yves Thibaudet a gravé « Burlesque pour piano et orchestre » de Richard Strauss. Ce concerto déguisé permet au piano d’énoncer un propos constitué de pétulance et de jovialité, face à une phalange qui multiplie les effets spectaculaires, mais jamais opportunistes. [Decca 475 6550]
L’interprète aime à rappeler que le soir de son premier concert, on lui a conseillé « de ne pas trop se formaliser des remarques des critiques, mais d’être toujours gentil avec son public. Ce conseil, je ne l’ai jamais oublié ! » Le nom de cet expert ? Arthur Rubinstein !
Cultivant une allure de dandy - un brillant orne l’une de ses oreilles, et pendant longtemps il n’a pas hésité à arborer des chaussettes rouges lors de ses concerts – le musicien cherche à s’adresser aux jeunes venus l’écouter jouer du jazz : « Je ne suis pas si différent de vous que vous ne le croyez ! Pourquoi ne pas revenir m’écouter, dans un autre répertoire ? »

Pierre Jaquet

Au Victoria Hall, dimanche 18 novembre 2007 à 11h00
Jean-Yves Thibaudet piano.
Orchestre de la Suisse Romande, Bertrand Billy direction.
Serge Prokofiev : L’Amour des trois Oranges, suite pour orchestre, op. 33a
Aram Khatchaturian : Concerto pour piano et orchestre en ré bémol majeur

Site internet : http://www.ffaire.com/thibaudet/index.html