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Au Conservatoire de Musique de Genève
Genève : Quatuor Petersen
Article mis en ligne le mars 2007
dernière modification le 21 juin 2007

par Pierre JAQUET

Le 12 mars 2007, le public genevois accueillera, au Conservatoire de Musique, un quatuor qui cherche à élargir les perspectives des cordes.

Au début des années 1980, la violoniste Ulrike Petersen réunit des amis et crée un ensemble de seize cordes : le Quatuor Petersen. Les accessits récompensent assez vite le travail des jeunes musiciens. La formation a obtenu des premiers prix au Concours d’Evian, en 1985, au Concours international de musique de chambre de Florence, en 1986, et au Concours de musique de la première chaîne de télévision allemande, en 1987, à Munich.
Aujourd’hui, si la fondatrice n’est plus là, l’enthousiasme n’a pas faibli et le méticuleux travail des artistes est régulièrement apprécié, tant sur la scène que sur le disque. Dans la capitale allemande, le quatuor attitré de la radio de Berlin pendant cinq ans – de 1992-1997 ; il fait de même depuis 2004 à Essen – a pu largement se faire connaître et a mis en place une importante production discographique. S’y trouvent, bien entendu, les grands classiques, mais aussi des créateurs méconnus comme Guillaume Lekeu, Erwin Schulhoff, ou encore Ernst Krenek...

Quatuor Petersen

Renouveler un genre ?
Face à un marché discographique saturé d’excellentes versions, les jeunes artistes n’avaient pas d’autre choix que d’innover. A côté d’enregistrements « classiques » pour quatuor, ils ont choisi de s’associer à des voix et d’aborder les textes du passé d’un point de vue très moderne.
Paru chez Capriccio en 2006, un disque regroupe essentiellement des mélodies de Mendelssohn. Les seize cordes y remplacent les dix doigts de l’accompagnateur ; et l’arrangeur, Aribert Reinmann, a composé des transitions instrumentales. Les quatre concertistes font figure en quelque sorte de chaînon manquant entre le clavier et l’orchestre. Cet effectif pas trop imposant permet à la soprano Christine Schäfer de garder une douloureuse intimité, mais les archets ont tout de même assez de place pour explorer de nouveaux horizons. Leur ton parfois très halluciné – et qu’encourage l’écriture des transitions instrumentales – donne à l’ensemble des airs de romantisme de l’an 2000 ! [Capriccio 71 090]
La même démarche se retrouve à l’intérieur d’un autre compact dont des partitions de Guillaume Lekeu font office de point d’ancrage. La soprano Juliane Banse peut exprimer beaucoup de sentiment et les portées se développent comme les lignes d’un tableau Art Nouveau un peu décalé. [Capriccio 71 022]. En automne 2006, le quatuor a publié avec la mezzo-soprano Zoryana Kushpler un enregistrement des « Six poèmes pour Marina Zvetaeva » de Chostakovitch dans une transcription de Lera Auerbach. La sobriété extrême des cordes correspond idéalement au ton désolé de la partition et au propos sombre de la chanteuse. [Capriccio 71 104] Cette partition, que le public genevois pourra entendre avec la même cantatrice, est complétée par le Troisième quatuor à cordes, très expérimental, de la même Lera Auerbach.
Pour ce qui est du jeu en lui-même des musiciens, le fameux Quatuor n° 8 de Chostakovitch permet d’en dégager les caractéristiques : Les lignes sont découpées, presque affûtées, les passages plus lents sont tendus. [Capriccio 71104]. Sur un autre disque, le Quatuor en fa de Ravel est lui aussi dépeint avec une forte netteté. Il y a comme une urgence à aller à l’essentiel, à marquer le trait. Tout maniérisme, ou complaisance, est totalement évacué. [Capriccio 71 022]

Des artistes polyvalents
Le premier violon Conrad Muck vient de Dresde. Dans sa formation, il a notamment bénéficié des conseils de Tibor Varga. Refusant de se confiner à un seul genre, il a joué dans de grands orchestres, entre autres la Staatskapelle de Dresde, et est « premier violon invité » de l’Orchestre de Chambre de Zurich.
L’Anglais Daniel Bell a suivi une formation dans son pays ainsi qu’en Allemagne. Claudio Abbado l’a invité à devenir premier violon de l’Orchestre Gustav Mahler. Daniel Bell collabore aussi avec l’Ensemble Hébrides, basé à Edimbourg.
Friedman Weigle avait fondé l’ensemble avec Ulrike Petersen. Avant de produire de la musique de chambre, il a été pendant plusieurs années Premier violon de l’Orchestre Symphonique de Berlin. Enseignant, membre de plusieurs jurys de concours, il aime aussi composer des programmes de concerts originaux : il met en valeur le rôle de son instrument, l’alto, en abordant des répertoires comme le jazz, le blues ou le tango.
Henry-David Varema est né en Estonie. Son parcours l’a déjà fait passer par de nombreux pays. Il a longtemps travaillé avec l’Orchestre national de l’Opéra de Tallin et a collaboré avec Gidon Kremer dans le cadre de la Kremarata Baltica. Outre ses activités de concertiste, il donne des cours à l’Académie de Musique d’Estonie.

Pierre Jaquet

Concerts Temps et musique, lundi 12 mars 2007 à 20h30 ; Quatuor Petersen (Berlin) ; Zoryana Kushpler, mezzo-soprano. Conservatoire de Musique, Pl. Neuve 5, Genève
Œuvres de Dimitri Chostakovitch – Quatuor à cordes N° 8 en ut mineur op. 110 ; Dimitri Chostakovitch/Lera Auerbach – Six poèmes de Marina Tsvetaïeva op. 143a ; Ludwig van Beethoven – Quatuor N° 7 en fa majeur
« Razumowsky » op. 59 N° 1.

Location : Service culturel Migros Genève, tél. 022 319 61 11