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Victoria Hall, Genève
Genève : Pablo Pavon et l’Ensemble vocal La Psallette

Pablo Pavon décrit son parcours de musicien, et son rôle à la tête de la Psallette.

Article mis en ligne le décembre 2007
dernière modification le 22 janvier 2008

par Isabelle VON HILDEBRAND

L’Ensemble vocal de la Psalette interprétera le Requiem de Verdi le 8 décembre au Victoria Hall de Genève. Rencontre avec le directeur du chœur, Pablo Pavon.

Vous menez une carrière complète, alliant direction de chœur, direction d’orchestre et mise en scène d’opéras. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
Enfant, je jouais du piano, de l’alto, du violoncelle et je chantais également dans un chœur. J’écoutais des opéras à la radio et j’étais fasciné par la musique. Ainsi, dès le début, je me suis intéressé à la voix et à l’orchestre. J’ai fait mes études au Conservatoire de Genève et j’ai eu la chance de travailler très tôt avec un des plus grands dirigeants, Michel Corboz. Le répertoire de l’oratorio nécessite une grande synergie de la voix et de l’orchestre. J’ai voulu apprendre à marier ces deux composantes, à doser leurs couleurs, leurs volumes, leurs textures. J’ai commencé par apprendre la direction de chœur, puis la direction d’orchestre s’est imposée comme une nécessité. Quant à l’opéra, il incarne la forme la plus complète de l’interdépendance de la voix, de l’orchestre et de l’art dramatique. J’ai mis en scène des opéras baroques, notamment Orphée et Eurydice de Gluck, mais j’ai aussi des affinités avec le bel canto ou des opéras de Mozart.

Pablo Pavon

Vous avez repris la direction de l’Ensemble vocal de la Psallette en 2002. Quel travail effectuez-vous avec ce chœur ?
Il y a 6 ans, le chœur de la Psallette chantait un répertoire essentiellement contemporain, très différent de celui que je travaille aujourd’hui avec eux. Après Mendelssohn, Bach, Mozart, Haydn, nous avons maintenant la possibilité d’aborder Verdi. Il faut faire évoluer le groupe progressivement, l’amener à surmonter les difficultés techniques. Par exemple, nous allons jouer La Passion selon Saint-Mathieu de Bach le 9 mars 2008 au Victoria Hall à Genève. La partition de cette œuvre est écrite pour 8 voix : il y aura deux chœurs d’adultes et un chœur d’enfants ! Or, dans le Requiem de Verdi, certains passages sont également écrits pour 8 voix. Les choristes se familiarisent ainsi progressivement avec cette difficulté.

Quel est votre rôle de dirigeant ?
Mon travail consiste essentiellement à engendrer un désir de faire de la musique ensemble, à créer une cohésion au sein des choristes. Je cherche bien entendu à partager ma passion pour la musique et à les amener à transmettre une émotion au public. Je les aide à décoder un langage musical pour le mettre ensuite en relief. Je dirige moi-même le chœur et l’orchestre car je tiens à obtenir un échange très fluide entre les deux parties. Le chef de chœur constitue un pont entre le chœur, l’orchestre et le public. Bien qu’indispensable, il doit savoir s’effacer pour se mettre au service de la musique et permettre une émission fluide, directe, généreuse.

Comment composez-vous votre chœur ?
Le chœur de la Psallette est composé d’une cinquantaine de chanteurs amateurs. Lorsque j’auditionne un candidat, j’observe ses facultés d’adaptation, sa capacité à régir rapidement face à une partition. Des profils très divers cohabitent au sein du même ensemble : certains font preuve d’une bonne musicalité et d’autres, d’une bonne lecture. S’il existe un déficit évident de voix d’hommes ces dernières années, j’ai de la chance car j’ai réussi à conserver l’équilibre des voix. J’utilise les voix de mezzos et de barytons comme voix de liaison. Je les appelle les voix « jokers » : elles permettent de renforcer une voix ou l’autre selon la partition et apportent un équilibre au chœur, une sensation d’harmonie à l’écoute.

Est-ce la première fois que vous dirigez le Requiem de Verdi ?
La première a eu lieu au mois de juillet à la Réunion et une autre représentation est donnée fin novembre à Clermont-Ferrand, mais c’est effectivement la première fois de ma vie que je monte cette œuvre. J’ai acheté la partition du Requiem à 17 ans et je me disais déjà à l’époque que je devais le mettre en musique. Pour cela, il m’a fallu passer par un travail de direction de chœur et d’orchestre afin d’appréhender la voix et les instruments. Le Requiem de Verdi est une œuvre tellement complète dans sa puissance expressive qu’il relève du défi de la jouer. Plus qu’un rapport à Dieu, cette œuvre présente une palette de la richesse humaine : Verdi y exprime nos craintes, nos peurs et nos espoirs, au travers d’une alliance entre le passionnel et le sensuel.

Quelles interprétations du Requiem de Verdi vous influencent-elles ?
En fait, lorsque je sais que je vais programmer une œuvre, j’essaie d’écouter le moins d’interprétations possibles les 2-3 années qui précèdent. Bien sûr, j’en ai énormément écouté par le passé mais je fais le vide. Je recherche une confrontation directe avec la partition, avec le compositeur. Cela me permet d’avancer, de faire ressortir ce qu’il y a en moi, même si je dois me cogner la tête contre les murs. Certaines personnes trouveront ma démarche peut-être prétentieuse mais j’admets aussi pouvoir me tromper.

Au-delà du Requiem, quels sont vos projets musicaux ?
Outre La Passion selon Saint-Mathieu, l’Ensemble vocal de la Psallette interprétera la Petite Messe Solennelle de Rossini au Festival du Mont-Dore en juillet 2008. En octobre, nous serons de retour au Victoria Hall avec le Stabat Mater de Rossini et en décembre nous jouerons L’Oratorio de Noël de Bach à la Cathédrale Saint-Pierre.

Propos recueillis par Isabelle von Hildebrand

Samedi 8 décembre 2007 : Giuseppe Verdi, Requiem
Victoria Hall, Genève (+4122 784 20 92)
Ensemble vocal La Psallette, Choeur "Musica Mediante" (France), Chorale "Madrigal" de Thiers, Ensemble Orchestral de la Psallette, dir. Pablo Pavon. Judith Graf, soprano. Federica Proietti, mezzo-soprano. Angel Pazos, ténor. Stephan Imboden, basse.