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Prestige Artists au Victoria Hall
Genève : Nigel Kennedy

Soirée mémorable en vue : Nigel Kennedy au Victoria Hall !

Article mis en ligne le avril 2011
dernière modification le 26 août 2011

par Beata ZAKES

Le 8 avril prochain la scène du Victoria Hall recevra le violoniste britannique avec ses musiciens. Mais s’adresse-t-il aux mélomanes ou plutôt au public déchaîné des concerts alternatifs ?

Difficile d’imaginer une personnalité plus haute en couleurs, un musicien plus polyvalent, une vie plus trépidante… Étudier la biographie de Nigel Kennedy s’avère déjà être une activité passionnante, tellement ses origines sont romantiques et son clan marqué par des liens musicaux : Un grand-père violoncelliste du BBC Symphony Orchestra, une grand-mère pianiste, accompagnatrice de John McCormack et préceptrice des enfants d’Enrico Caruso, émigrés en Australie... un père premier violoncelle du Sir Thomas Beecham’s Royal Philharmonic Orchestra, qui lors de ses années en Angleterre a développé une relation professionnelle et passionnelle avec la pianiste Scylla Stoner...
Un fils — Nigel — est né de cette union, mais John, rentré en Australie entretemps, a ignoré son existence jusqu’à ce que le garçon y arrive à l’âge de 11 ans. L’adolescent a alors fait connaissance de son père musicien et de toute une tribu australienne d’oncles et cousins, qu’il visite désormais régulièrement, dès qu’il se trouve en tournée là-bas. Mais les connections internationales de Nigel Kennedy ne s’arrêtent pas là : depuis plusieurs années, il vit en Pologne, avec sa seconde épouse Agnieszka. Tombé amoureux à la fois d’une femme slave et d’une ville au riche passé (et présent) culturel (Cracovie), le violoniste anglo-saxon développe de multiples contacts et collaborations dans ce pays, où il a de nombreux fans.

Une personnalité « self-made »
La liste de noms de référence sur le parcours multicolore de Nigel Kennedy prouve les intérêts éclectiques de ce musicien, qui manie avec une égale adresse le violon classique, l’alto et le violon jazz, voire « ethnique » : Fats Waller, Yehudi Menuhin, Stéphane Grapelli, Jimmy Hendrix, The Doors (enregistrement de « Riders on the Storm : The Doors Concerto », en 2000, avec Jaz Coleman). Artiste cross-board par excellence, il n’hésite pas à improviser une cadence rock au milieu du concerto de Beethoven. En Pologne, il s’est initié à la musique Klezmer, et a gravé avec le groupe Kroke (Cracovie, en yiddish) un CD sous le titre « East Meets East ».

Nigel Kennedy

Dans le domaine plus classique, il a beaucoup enregistré sous la baguette de Simon Rattle, et plus récemment, avec l’Orchestre de Chambre de Pologne, sous la direction de Jacek Kasprzyk.
Arrogant ou juste extravagant ? La question divise les mélomanes. Car Nigel Kennedy ne se contente pas de jongler avec les influences et les styles ; il joue avec son apparence et dans les interviews prend facilement un accent délibérément éloigné de la référence du « Queen English »… Face aux caméras, il se montre en adolescent éternel, n’hésitant pas à saluer le journaliste avec un geste emprunté aux rappeurs… Ce fan de football (Aston Villa de Birmingham et Cracovia), au tempérament volcanique, est capable d’interrompre un entretien quand le journaliste affiche ses préférences pour un autre club, par exemple, le Manchester United… Ses concerts sont des spectacles, de véritables events. Interrogé l’été passé sur sa recette pour réussir un show musical – c’était lors de son passage au Festival de Gdansk (son autre ville préférée de Pologne) - le violoniste évoque volontiers ses autres mentors : « J’aime le contraste ; j’essaie d’obtenir quelque chose d’intéressant. J’admire les artistes comme Peter Gabriel ou Marvin Gale, qui font de la musique puissante et créent cette ambiance dans laquelle le public se sent immédiatement bien. »

Quitter les sentiers battus
Son dernier album « Shhh ! » (voir : www.kennedyshhh.com, créé en forme de BD) ne contient que très peu d’ingrédients classiques. Boy George, le chanteur pop, y apparaît en guest star. On se croirait en plein dans les années 70, entre le rock et le jazz. Selon le musicien, les années suivantes n’ont apporté que peu à l’évolution de la musique, surtout sur le plan de la technique d’enregistrement. Dans ce retour « aux bonnes sources », Nigel Kennedy y applaudit la démarche du chanteur Jay-Z ou du groupe Outcast. Il est évident que, contrairement à de nombreux confrères qui s’assagissent avec l’âge, l’artiste s’aventure de moins en moins dans le monde de la musique classique. « A mon avis, il n’y a rien de mature dans le fait d’interpréter des partitions historiques […] de jouer toujours les mêmes choses et de les aborder exactement comme il y a 60 ans. Écrire et interpréter sa propre musique est, à mes yeux, une approche beaucoup plus courageuse, mature, et responsable », explique-t-il dans une interview publiée sur le site « dziennik.pl » en avril 2010. De même, en ce qui concerne le public, Nigel Kennedy s’adresse de plus en plus à une audience moins conventionnelle et se produit dans des endroits peu communs, comme un pénitencier à Lublin (Pologne de l’Est).
Vous avez compris : Nigel Kennedy, on l’aime ou on le déteste, mais il laisse jamais indifférent !

Beata Zakes

Nigel Kennedy Quintet.
 Le 8 avril 2011 Genève, Victoria Hall, 5e concert de la saison JAZZ CLASSICS, 20h30. Locations : Fnac ou Ticketcorner
 Le 1er mai 2011 Dans le cadre du Jazz Festival à Bâle (Stadtcasino Bâle).

Disques chez EMI Classics.

Site du violoniste : www.nigelkennedy.com