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Concours de Genève
Genève : Martin Matalon

Martin Matalon, compositeur, sera l’un des jurés du Concours de Genève. Entretien.

Article mis en ligne le octobre 2009
dernière modification le 27 octobre 2009

par Christian WASSELIN

Né à Buenos Aires en 1958, le compositeur Martin Matalon vit en France depuis 1993. Il sera membre du jury du 64e Concours de Genève, consacré cette année à la percussion, et qui aura lieu du 25 octobre au 12 novembre.

Martin Matalon, que représente pour vous l’univers de la percussion ?
Les percussions ont toujours fait partie de mon catalogue. J’ai par exemple écrit un concerto pour marimba et huit instruments, qui met en valeur l’instrument soliste, mais j’utilise aussi beaucoup les percussions dans ma musique de chambre, dans des combinaisons très différenciées ; elles offrent des possibilités sonores raffinées, des couleurs très belles. Je pense à mon trio pour saxophone, percussion et contrebasse, Prelude and Blue, par exemple, ou à La Makina, pour deux pianos, deux percussions et électronique. Historiquement, des musiciens comme Messiaen ou Boulez ont beaucoup élargi l’horizon de cette famille d’instruments, mais je ne m’inscris pas dans la tradition des œuvres pour multi-percussions comme on les entendait dans les années 70. La technique de la percussion a évolué, et mon écriture accompagne cette évolution. Plus j’y réfléchis, plus je me dis que mes partitions traitent chacune la percussion d’une manière différente.

Avez-vous écrit des œuvres pour percussion seule ?
Oui, Short Stories pour vibraphone, à la demande de Jean Geoffroy pour un concours au Conservatoire de Lyon ; ou encore Traces IV, pour marimba et dispositif électronique en temps réel. Il y a aussi Har, le tailleur de pierre, une œuvre d’une heure inspirée d’un conte taoïste, que j’ai composée en 2008 pour le trio Suo Tempore.

Martin Matalon

Certains instruments ont-ils votre préférence ?
J’aime les claviers, les percussions digitales comme les tablas ou cette poterie résonante qu’on appelle oudou. J’utilise aussi volontiers les métaux.

Avez-vous écrit pour les Percussions de Strasbourg ?
Oui, j’ai fait pour elles Le Scorpion, titre de la musique que j’ai composée pour le film de Bunuel L’Âge d’or, ainsi qu’une pièce brève, Les Caramba, à l’occasion de leur quarantième anniversaire. J’ai en projet avec elles, pour l’année prochaine, une œuvre uniquement destinée aux claviers.

Êtes-vous familier des concours de percussion ?
Non, j’ai participé en tant que membre du jury à des concours de chant (le Concours de Taragona, le Concours Reine Marie José à Avully, en Suisse), mais celui de Genève sera ma première expérience en matière d’épreuve consacrée à la percussion. Le président sera Jean Geoffroy, que je vous ai cité tout à l’heure, et qui a dû penser à moi à la fois en tant qu’amoureux des percussions et en tant que compositeur, tout simplement. Cela dit, j’ai participé à des auditions de recrutement pour l’Orchestre philharmonique de Radio France, j’ai travaillé avec des classes de percussion à Tours, à Paris, etc.

Qu’attendez-vous des candidats ? du concours en général ?
Des candidats, j’attends l’articulation, qui donne la preuve que le rythme d’une œuvre est maîtrisé. J’attends aussi le phrasé, c’est-à-dire la musicalité. Et bien sûr le charisme, nécessaire pour qu’une œuvre bien comprise soit bien rendue. Mais ce sont là des idées générales. Je ne pars pas avec des préjugés dans la tête, j’apprécierai ce que chaque candidat peut apporter. Quant au principe du concours en général, je le défends car il s’agit, tout simplement, de préparer l’avenir de la musique.

Vous parlez d’avenir mais vous-même, quand vous aviez vingt ans, quel devenir vous imaginiez-vous ?
Je suis né à Buenos Aires, comme vous le savez, où j’ai étudié au lycée français. Mes parents et mes grands-parents étaient francophones, et je me suis toujours senti proche de la culture française. A dix-neuf ans, pourtant, je suis parti étudier la musique à la Juilliard School de New York, ville où j’ai habité pendant quinze ans. Mais quand je suis arrivé en France, je me suis senti immédiatement chez moi. En France, un compositeur qui participe à la vie artistique du pays est immédiatement intégré. J’ai eu la chance de travailler à l’Ircam, puis de pouvoir composer et faire entendre la musique du film Metropolis, de Fritz Lang, dans des conditions idéales.

Vos projets ?
Deux opéras. L’un sur la vie de Pasolini, l’autre inspiré d’une pièce de Roland Dubillard, Il ne faut pas boire son prochain, qui sera interprété par l’orchestre Les Siècles de François-Xavier Roth.

Propos recueillis par Christian Wasselin