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Concours de Genève
Genève : Jean Geoffroy

Jean Geoffroy présidera la jury Percussions du Concours de Genève 2009.

Article mis en ligne le octobre 2009
dernière modification le 27 octobre 2009

par Christian WASSELIN

Jean Geoffroy sera la président du jury « Percussions » du 64e Concours
de Genève, qui se déroulera du 25 octobre au 12 novembre prochains. Entretien.

Jean Geoffroy, quel est l’esprit du Concours de Genève ?
Le Concours de Genève, qui ne s’était pas consacré pendant plusieurs années à la percussion, y revient en 2009 et c’est une bonne nouvelle. Dans cette discipline, c’est l’un des plus célèbres qui soient ; à la différence du Concours de Munich et d’autres épreuves consacrées à tel ou tel instrument de percussion, il a toujours partie liée à la création. Cette année, trois commandes ont été passées à des compositeurs : il y a d’abord eu un concours interne au sein des différentes classes de composition, en Suisse, afin de choisir un jeune compositeur qui écrirait pour le premier tour ; nous avons ensuite passé commande à Robert Pascal d’une pièce avec électronique ; enfin, Éric Gaudibert a composé une œuvre pour la finale. Le concours est pour moi un partage. Il est organisé en partenariat avec le CIP et propose également toute une série de concerts variés, qui auront lieu dans plusieurs endroits de la ville de Genève : musique improvisée, musique traditionnelle, jazz, spectacles pour enfants, etc. Deux coproductions avec l’Orchestre de la Suisse romande et deux prestigieuses invitées, Evelyn Glennie et Keiko Abe, lui donneront encore plus de lustre.

Au fait, qu’est-ce que le CIP ?
Le CIP, Centre international de percussion, a été fondé à Genève, en 1974, par Pierre Métral. C’est un groupe musical, et non pas un groupe de musiciens, une institution unique au monde qui permet de faire se rencontrer des esthétiques et des milieux différents. Éric Gaudibert en est le président, j’en assume la direction artistique depuis quatre ans, et nous proposerons aux Genevois, à partir de cette année, une semaine annuelle de percussion dans tous les domaines. Nous cherchons à favoriser la synergie avec toutes les forces de la ville, et nos projets touchent aussi à la danse, au cinéma, etc.

Jean Geoffroy

Quel but s’est fixé le concours ?
A l’issue de la présélection, 40 candidats devaient être choisis, mais nous en avons finalement retenu 44. Pour chacun d’eux, le but est non pas seulement d’avoir le premier prix (il y aura bien sûr un palmarès, avec des prix, des engagements, etc.), mais de monter un programme en phase avec ce qui s’écrit aujourd’hui : il faut que les candidats se mettent en situation de soliste, qu’ils jouent les trois nouvelles œuvres, mais aussi qu’ils les mettent en cohérence avec le reste, c’est-à-dire avec les autres pièces, dont aucune n’est obligatoire. Dans un second temps, il faut qu’ils aient des échanges en dehors du concours, qu’ils rencontrent, comme je l’ai fait, des rockers, des musiciens de jazz, des musiciens d’orchestre, etc. Je veux que les candidats repartent de Genève en ayant appris quelque chose.

Comment a été réuni le jury, que vous précisez ?
Il fallait d’abord qu’il n’y ait pas deux membres du même pays ! Le jury se composera, outre le président, de huit personnes, dont quatre compositeurs : Michael Jarrell, Martin Matalon, James Wood et Anders Loguin, qui est aussi chef d’orchestre. Il faut ajouter deux praticiens de la percussion : Katarzyna Mycka et Keiko Abe, mais aussi Mike Rosen, excellent pédagogue venu des États-Unis, et enfin le pianiste Jay Gottlieb. Tous les membres du jury vont jouer ou se faire entendre (sauf moi) au cours des concerts qui accompagnent le concours : Par exemple, Anders Loguin dirigera Ionisation de Varèse, Jay Gottlieb imaginera des transitions entre les différents moments de percussion, etc.

Vous-même, quel a été votre parcours ?
J’ai été quinze ans timbalier de l’Ensemble orchestral de Paris, au début avec Armin Jordan, à la fin avec John Nelson. Aujourd’hui, je donne environ soixante-cinq concerts par an. J’ai enseigné au Conservatoire national supérieur de Paris ; depuis cinq ans je suis professeur au CNSM de Lyon. Je suis par ailleurs intervenu pendant une dizaine d’années dans la classe de percussion du Conservatoire de Genève. J’ai enregistré une trentaine de disques, dont cinq ou six en tant que percussionniste soliste, les autres en duo ou avec de petits ensembles. J’ai bien sûr beaucoup travaillé avec des compositeurs comme Ivo Malec, puis Philippe Leroux, Philippe Hurel, Éric Tanguy, Michael Jarrell, aujourd’hui Pierre Jodlowski, mais sans avoir jamais passé moi-même directement de commande, sauf très récemment à Robert Pascal et à Éric Gaudibert pour le Concours de Genève. En tant qu’interprète, je ne veux pas détenir l’exclusivité des pièces que je crée, mais je table sur la fidélité. Il y a une quinzaine d’années, Yoshihisa Taïra m’a entendu jouer et m’a promis de composer pour moi. Ce qu’il a fait à la fin de sa vie en écrivant Monodrame IV pour vibraphone, qui est sa dernière œuvre. Aujourd’hui, je joue du Bach systématiquement dans tous mes récitals. Mais attention : je n’ai transcrit qu’une page de Bach, la Chaconne de la Suite pour violoncelle en ré mineur ; tout ce que j’aborde, suites, sonates et partitas, est interprété tel quel au marimba. Et je prévois un spectacle en début année prochaine, dans le cadre du festival Ars musica à Bruxelles, en compagnie d’une danseuse, à partir de cette fameuse Chaconne.

Les compositeurs écrivent-ils autant pour les percussions qu’il y a trente ou quarante ans ?
Oui, et mieux. Il y a eu la période de découverte, au cours de laquelle on écrivait des œuvres pour trois camions pleins d’instruments ! Puis les compositeurs se sont dit : réduisons l’instrument et essayons de mieux le connaître. Les compositeurs sont plus mûrs, ils sont moins dans l’effet, davantage dans le timbre. La percussion est beaucoup plus assimilée, tout en disposant d’un répertoire très vivant : ainsi, je joue et je rejoue en tournée Attaca, une pièce avec électronique d’Ivo Malec. N’oublions pas que l’école française de percussion, avec Jean-Pierre Drouet, Sylvio Gualda et les autres, est l’une des meilleures qui soient. Et les Percussions de Strasbourg, qui ont eu au début de leur carrière un impact considérable sur le public et les compositeurs, sont reparties dans un bel élan avec Jean-Paul Bernard.

Quel est selon vous le devenir de la percussion ?
Elle va servir de courroie de transmission entre les époques et les styles. Nous avons un pied dans l’orchestre depuis Monteverdi, et un pied dans la création. La percussion est un monde.

Propos recueillis par Christian Wasselin

A consulter : www.concoursgeneve.ch ;
www.jeangeoffroy.com