Le 28 octobre prochain, le public genevois retrouvera un chef connu à la tête d’un orchestre célèbre.

L’art de cerner de multiples perspectives
Il a conduit, comme chef titulaire, l’Orchestre de la Suisse Romande et a laissé un souvenir fort, aussi bien dans l’esprit des musiciens que dans le cœur du public. L’homme revient cet automne avec des concertistes viennois dans un programme germanique. C’est un interprète enrichi d’une vaste expérience esthétique et humaine que va retrouver le public genevois. Une pratique discographique tout d’abord : La critique a salué sa gravure de la 9e symphonie de Bruckner, avec la Staatskapelle de Dresden, dont il est le chef titulaire depuis 2007. Celui qui s’était fait connaître comme un spécialiste de la musique française – on se souvient de son coffret « Honegger » gravé avec l’OSR - a fort bien intégré l’esthétique du maître d’Ansfelden. Sens de la temporalité, dynamique, cisèlement de motifs, tout y est selon une majorité de critiques. Cela correspond assez à sa définition de son travail : « Il est du devoir du musicien d’insuffler de la passion aux notes, avec son coeur, avec son instinct, et ces éléments doivent être assemblés. »

Pluriculturalisme
Depuis juin 2005, Fabio Luisi est le titulaire du podium de l’Orchestre symphonique de Vienne. Cette année, il animait le fameux Concert du printemps, un événement traditionnel viennois fort goûté des mélomanes, mais moins mondain que son pendant du Nouvel An ! Vivre et travailler à Vienne correspond assez à une identité « Mitteleuropa » qu’il dit s’être patiemment construite et dont il serait malvenu de disconvenir. Mais le Génois ne néglige pas son intérêt pour une culture française qu’il avait déjà pu soigner quand il guidait la phalange romande... Tant de pluriculturalisme – qu’il revendique - ne lui fait pas oublier ses origines péninsulaires. Une autre publication emblématique, réalisée avec « ses » Viennois est un opéra de Vincenzo Bellini : I Capuleti e i Montecchi. Cette partition a malignement été qualifiée par un critique de « bel canto avec amour, drame et passion ». La réalisation ? Un portrait parfois subtil qui dépeint une partition beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. C’est probablement le résultat de ce que le maestro appelle l’ « écoute active », une attitude qui lui permettrait d’anticiper au mieux les moments clefs d’un ouvrage ! Mais surtout, Fabio Luisi, comme à son habitude, s’est lancé dans l’aventure avec une énergie et un sens de la plastique sonore à toute épreuve ! Sans doute reprend-il le credo de son mentor, Milan Horvath : « Quand on dirige il faut intensément vouloir quelque chose ! ».

Avenir
Et l’avenir ? Fabio Luisi deviendra le directeur musical de l’Opéra de Zurich à partir de la saison 2012-2013. C’est dire si le public romand va retrouver, en cette fin d’octobre 2009, un artiste en pleine possession de ses moyens qui évolue, explore toutes sortes de directions et d’esthétiques.
Rappelons encore que cet ancien pianiste (Fabio Luisi a pratiqué intensément l’instrument jusqu’à l’âge de 17 ans) accompagnera Louis Schwizgebel-Wang, un artiste sino-genevois, dont l’avenir musical au clavier s’annonce prometteur !

Pierre Jaquet

Mercredi 28 octobre 20h30 au Victoria Hall. Orchestre Symphonique de Vienne. Fabio Luisi direction. Louis Schwizgebel-Wang piano

http://www.fabioluisi.com