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Bâtiment des Forces Motrices, Genève
Genève : David Fray et L’OCG

David Fray, musicien prodige, sera en concert au BFM.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 2 décembre 2009

par Beata ZAKES, Pierre JAQUET

Un passionné tout à la fois de la musique de Bach et de l’esthétique de Boulez se produira dans la cité du bout du lac.

En 1995, un interprète de 14 ans, obtient les Médailles d’Or de piano, musique de chambre et formation musicale du conservatoire de Tarbes, sa ville natale. La même année, David Fray remporte le concours des jeunes talents d’Aix-en-Provence, ce qui lui permet de jouer l’année d’après le Concerto de Grieg avec le Sinfonia de Manchester dirigé par Michel Brandt. Les années suivantes, le concertiste est au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Ce pianiste a également bénéficié des conseils de Dimitri Bashkirov, Paul Badura-Skoda et surtout Christoph Eschenbach auquel il a rendu hommage ainsi : «  Il m’a permis de mettre en application la connexion entre l’art du piano et le chant. Je veux jouer comme si j’étais un chanteur. Il m’a aidé là-dessus, car il est chef d’orchestre et travaille avec des chanteurs. » Au-delà de l’interprétation, se manifeste donc une quête de souffle mélodique.
En mai 2007 paraît chez Virgin un premier CD qui comprend des Partitas de Bach, la Suite française en ré mineur ainsi que Douze notations et Incises de Boulez...

L’Orchestre de Chambre de Genève
© Virinia Renaud Mandog

David Fray s’est abondamment expliqué : Jean-Sébastien Bach, est une fascination d’enfance. Lui faisant face symboliquement, il y a Boulez, découvert au conservatoire. Les deux écritures sont souvent perçues comme mathématiques, abstraites ; le pianiste préfère, lui, parler d’œuvres conceptuelles. C’est ce qu’il recherche dans sa carrière en général, et il affirme avoir voulu faire de cette publication discographique un portique artistique.
Nullement historicisant, le musicien ne s’insère pas dans la démarche des « baroqueux », par exemple quand il s’agit d’aborder l’univers du Cantor. Il cherche une réalité musicale absolue dépassant les cadres. « Chaque œuvre est un monde en soi. » La partition dicte ses règles, son style.

Extraits d’un entretien


Pour débuter votre discographie, vous avez réuni sur le même disque J.S. Bach et Pierre Boulez…
Oui, pour mon premier disque chez Virgin, j’ai décidé de confronter deux approches rationnelles de la musique. J’ai ainsi voulu poser des jalons extrêmes de mon répertoire, montrer que cette réconciliation était certes difficile mais possible…

Cet intérêt pour l’approche rationnelle vous fait-il pencher plutôt pour le répertoire allemand ? C’est plutôt rare pour un Français…
J’ai grandi dans une famille qui s’entourait de la culture allemande ; tout naturellement j’ai été influencé par la musique que mes parents écoutaient. De manière générale, je suis peu attiré par la musique française ou russe. Je recherche plutôt une réconciliation entre la raison et le sentiment.

Quel type d’artiste êtes-vous : plutôt hyperactif ou marathonien ?
J’essaie de ne pas surcharger mon agenda, il faut du temps pour emmagasiner l’expérience. A mon avis, il est difficile de concilier la qualité du travail avec la course aux engagements. Chaque fois que je travaille une nouvelle partition, pendant un long moment elle devient mon œuvre de prédilection ; c’est une sorte de parade de séduction qui se joue alors.

David Fray

Comment définiriez-vous votre style d’interprétation ? En quoi diffère-t-il des autres ?
Parlons plutôt d’une caractéristique que j’aimerais voir apparaître à travers mon jeu : c’est un certain type d’exigence. Tout artiste vise une réalisation aussi parfaite que possible de l’œuvre interprétée : je souhaiterais que la réalisation reste toujours au service de l’idée musicale, car elle n’est pas un but en soi.

Quels sont vos projets pour le futur proche ?
Mon disque Schubert vient de paraître, donc je vais attendre un peu avant de me lancer dans un autre enregistrement. J’aime jouer d’abord en public les pages que je vais ensuite enregistrer. Donc, mes projets ce sont des concerts, bien évidemment.

Et les projets à long terme ? Comment voyez-vous évoluer votre carrière ?
Je resterai certainement dans le registre de la musique classique, c’est un répertoire tellement vaste et exigeant. Sinon, pourquoi pas me tourner vers le pupitre ? La position du chef d’orchestre n’est-elle pas un « alpha et oméga » du musicien ? Une sorte d’idéal absolu ?

Chez quel maestro prendriez-vous volontiers vos master classes ?
Parmi les vivants, chez Riccardo Mutti et Bernard Haitink, mais si je pouvais faire revivre quelques légendes, ce seraient Furtwängler ou encore Joseph Krebs…

Pierre Jaquet pour la présentation et Beata Zakes pour l’entretien

Mardi, 3 novembre 2009 à 20 h30 au Bâtiment des Forces Motrices (BFM). Salle Théodore-Turretini
(loc. 022/807.17.96 ou Resaplus 0900 552 333)

David Fray, piano. Orchestre de Chambre de Genève.
Domingo García Hindoyan, direction
A l’affiche : Igor Stravinski (1883-1971) : Pulcinella / Zoltán Kodály (1882-1967) : Danses de Galanta / Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto N°25 en do majeur pour piano et orchestre, K 503.