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Concours de Genève
Genève, Concours : François Guye

Pour François Guye, il s’agit de reconnaître le talent, indépendamment de la culture ou de l’école de violoncelle des candidats.

Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 27 octobre 2008

par Martine DURUZ

Entretien avec François Guye, président du jury pour le violoncelle au Concours de Genève 2008.

François Guye, violoncelle solo de l’OSR, a remporté en 1979 le Concours de Genève. Il se souvient, un grand sourire sur les lèvres, des cris de joie de ses amis à l’annonce de sa victoire au Café Lyrique après la finale. A cette époque, nous dit-il, le Concours était particulièrement renommé ; les concours étaient rares, dix au maximum, et les lauréats adulés. Bien sûr un prix n’est qu’un point de départ. Il est nécessaire de décider soi-même par la suite quel genre de carrière on peut et veut assumer. C’est une question de personnalité : comment va-t-on se vendre, va-t-on « entrer en religion » ou avoir une vie en dehors de la carrière, quelle va être la place à accorder à l’orchestre, à la musique de chambre… ?
Maintenant les concours sont de plus en plus nombreux (entre 160 et 180 !) plus banals donc, mais aussi mieux structurés, plus professionnels, mieux soutenus par la presse. Les plus prestigieux restent le Concours Tchaïkovski de Moscou, le Concours de Munich et le Concours Rostropovitch de Paris.

Confrontation
Même si un concours n’ouvre pas forcément le chemin d’une grande carrière, c’est l’occasion pour les candidats de se confronter à d’autres et surtout à eux-mêmes, de tester leur résistance nerveuse, la qualité de leur préparation et l’intérêt de ce qu’ils ont à dire. La tâche du jury est de remarquer les personnalités qui empoignent ; il faut qu’il se passe quelque chose, la perfection technique ne suffisant plus. Pour les juger, des jurés représentant des cultures et des écoles différentes ont été choisis par la commission du Concours et approuvés également par François Guye. Tous possèdent la fibre pédagogique, car il est essentiel que ces jeunes musiciens soient évalués par des spécialistes qui ont le sens de l’écoute et le désir de transmettre. Il n’est évidemment pas question de favoriser des candidats pour d’autres raisons que leurs mérites, comme cela a pu être le cas dans le passé, à l’époque par exemple d’André Navarra, professeur de François Guye, qui, juré au concours Tchaïkovski, avait accepté à contre cœur de faire passer des candidats russes pour éviter d’attirer de gros ennuis à Mstislav Rostropovitch !

François Guye, président du jury violoncelle

On pourrait penser que certains candidats sont favorisés par le simple fait de jouer de meilleurs instruments. Il est vrai que tous les instruments ne se valent pas et cela peut faire une petite différence, mais heureusement les jurés ont une oreille assez exercée pour faire la part des choses. En outre on peut tirer de beaux sons d’un mauvais violoncelle, et vice versa ! En cas de nécessité, pour les épreuves avec orchestre en particulier, il est possible de se faire prêter un instrument ou d’en louer un.

Envergure
A l’éliminatoire et au premier récital, les concurrents sont jugés selon deux critères principaux, : la musicalité et la maîtrise technique. Lors du second récital, ils sont bien sûr censés confirmer leurs qualités, faire preuve d’envergure artistique et présenter un programme libre cohérent et intéressant. Les trois candidats participant aux finales devront montrer leur capacité de s’adapter au jeu d’un autre instrumentiste, violoniste en l’occurrence, dans l’exécution de deux duos, l’un de Kodaly, l’autre de Ravel, puis, dans la dernière épreuve avec orchestre, permettre au jury de se faire une idée complète de leurs compétences.
La subjectivité est inévitable, mais aussi souhaitable, car elle repose sur la plus grande honnêteté possible. Il s’agit de reconnaître le talent, indépendamment de la culture ou de l’école de violoncelle des candidats. Précisons quand même que les jurés n’ont pas le droit de voter pour leurs élèves. François Guye en présente deux.

D’après des propos recueillis par Martine Duruz