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Bâtiment des Forces Motrices, Genève
Genève : Basel Sinfonietta

Le Basel Sinfonietta en concert au BFM avec l’Orchestre de Chambre de Genève.

Article mis en ligne le mars 2008
dernière modification le 23 mars 2008

par Régine KOPP

L’histoire de l’orchestre bâlois Sinfonietta remonte aux années quatre-vingt. C’est l’histoire d’une rencontre de musiciens professionnels, désireux de fonctionner sur le modèle démocratique.

Une idée, simple mais révolutionnaire car l’orchestre ne dépend d’aucun employeur et choisit le mode de l’autogestion. Une idée également très ambitieuse, puisqu’elle s’appliquait non pas à une petite formation d’orchestre de chambre mais à un orchestre symphonique, à géométrie variable, composé d’un réservoir de 180 musiciens.

Initiative et engagement
Au départ, les musiciens jouaient gratuitement, ce qui n’est plus le cas depuis quelques années, même s’ils restent mal payés. Entre-temps leur budget annuel s’élève à 1.6 millions de francs suisses, dont un tiers provient des subventions des cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne, un autre tiers est formé par les recettes, le dernier tiers est apporté par les sponsors divers et variés, entre autres UBS et Novartis ainsi qu’un généreux comité de soutien composé de personnes privées.
Une structure qui demande beaucoup d’initiative et d’engagement personnel mais aussi d’enthousiasme. Chaque musicien est intégré dans l’orchestre comme une personnalité artistique ayant le droit d’intervenir dans toutes les décisions qui touchent à l’orchestre sur le plan artistique, la programmation par exemple, mais aussi sur le plan organisationnel. Chaque année, lors de l’assemblée générale, un comité est élu, responsable du budget et de la stratégie. La programmation de la saison à venir est confiée à une douzaine de musiciens, qui choisissent les œuvres mais aussi les chefs et les solistes.
Contrairement à d’autres formations, cet orchestre n’a pas de chef attitré et n’a pas d’œuvres au répertoire. Leur originalité, c’est de découvrir des œuvres soit marginales, soit nouvelles. L’orchestre propose ainsi une à trois œuvres en création, ce qui fait déjà plus d’une quarantaine de créations à leur actif. Une autre spécificité est de passer régulièrement des commandes à des compositeurs contemporains. C’est le cas pour le prochain concert du 7 mars à Genève et du 9 mars à Bâle, où sera créé Vers l’ouvert, une commande du Sinfonietta à la violoniste et compositrice Helena Winkelman.

Basel Sinfonietta

Programmes audacieux
Chaque saison est placée sous un thème. Profitant du thème de la saison 2007/08, Pour des découvreuses et des découvreurs, chaque concert inclut une création. Cela donne des programmes audacieux, hors des chemins battus, qui ne sont pas pour déplaire au public et permettent de séduire un public de jeunes. C’est ainsi que le premier concert de la saison associait des œuvres de John Cage (Concert pour piano et Hymnes et variations pour 12 voix amplifiées) à des œuvres de Beethoven (Fantaisie pour piano, chœur et orchestre, op.80 et la Symphonie n°3).
Le soin porté à la programmation se retrouve également dans le choix hautement qualitatif des chefs d’orchestre et des solistes. Une stratégie qui porte ses fruits, puisque Basel Sinfonietta a été invité au festival de Salzbourg en 2007 pour deux concerts : des œuvres de Giacinto Scelsi, dirigées par Jürg Wittenbach et des œuvres de Gérard Grisey, sous la baguette de Stefan Asbury. Cette saison, l’orchestre a été l’hôte de la Philharmonie de Luxembourg avec un programme séduisant, intitulé Nocturnes, composé d’oeuvres de Busoni, Ligeti, Debussy et une création de Georg Friedrich Haas, le tout dirigé par Emilio Pomàrico.
Après Salzbourg et le Luxembourg, Basel Sinfonietta se produira donc à Genève, au Bâtiment des Forces Motrices. L’affiche du concert présentant des pingouins, n’est qu’une métaphore humoristique de ce programme scandinave avec des œuvres de Jean Sibelius, Concert pour violon et orchestre, op. 47, interprété par le virtuose Benjamin Schmid sur un Stradivarius ainsi que la Symphonie n°4 du Suédois Franz Berwald, figure centrale de la musique suédoise du XIX° siècle, peu connu sous nos latitudes. Ce concert fait également honneur aux femmes, puisque qu’il est dirigé par l’ancienne directrice musicale de l’opéra de Fribourg (Allemagne) Karen Kamensek et que sera créée l’œuvre de Helena Winkelman (née en 1974) , Vers l’ouvert, une composition construite en trois parties, inspirée par la musique spectrale.
Tout en participant à de nombreux projets de musique contemporaine avec Ensemble Modern ou l’ensemble Phoenix, elle poursuit une carrière de violoniste, étant aussi un membre fondateur du Lucerne Festival Orchestra. On ne peut que se réjouir que de tels orchestres, avec une énergie artistique exceptionnelle qui, à force de persévérance et d’exigence artistique sans concession, existent dans le paysage musical suisse des orchestres symphoniques, auxquels le feu sacré fait souvent défaut.

Régine Kopp

Le 7 mars au Bâtiment des Forces Motrices à 20h30 : OCG & Basel SINFONIETTA, dir. Karen Kamensek, BENJAMIN SCHMID, violon (Winkelman, Sibelius, Berwald).
Billeterie 0900.552.333