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Festival Agapé, Genève
Festival Agapé : Florence Malgoire

Portrait de Florence Malgoire, artiste enthousiaste, passionnée de violon.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 27 avril 2008

par Catherine FUCHS

Désormais bien connu du public genevois, le festival Agapé se déroulera cette année du 30 avril au 4 mai, Florence Malgoire, qui en est une habituée, y dirigera les grands motets de Rameau, interprétés par le chœur Novantiqua de Sion et l’Orchestre du Léman.
Portrait d’une artiste enthousiaste.

Nommée il y a huit ans au Conservatoire de Genève (section haute école), Florence Malgoire y enseigne le violon baroque avec l’énergie qui la caractérise ; souvent appelée jusqu’alors à donner des masterclasses (Paris, Rio, Tokyo, etc.), elle n’avait pas encore de charge fixe où elle puisse construire sur le long terme. C’est désormais chose faite et la réputation de sa classe genevoise n’est déjà plus à établir. Il faut dire qu’aujourd’hui, le clivage entre tenants d’une interprétation « authentique » et les autres n’est plus aussi absolu qu’à l’époque des pionniers ! Tous s’accordent à reconnaître les enrichissements mutuels que les approches multiples peuvent procurer aux musiciens, et tout particulièrement aux étudiants. C’est ainsi que de nombreux violonistes « modernes » viennent compléter leur formation dans la classe de Florence Malgoire, se rajoutant ainsi à ceux qui se sont spécialisés en violon baroque. Parmi ces visiteurs déjà reconnus se trouve, entre autres, le quatuor Terpsychordes.

Florence Malgoire

Joie de transmettre
La joie de transmettre, de communiquer est donc au cœur des motivations de cette violoniste qui vit à Paris, quand elle n’enseigne pas à Genève ou qu’elle ne parcourt pas le monde avec les nombreux orchestres dont elle est soliste depuis plus de vingt ans. Ce n’est pas qu’elle ait un âge respectable, mais c’est qu’elle a commencé tôt ! Enfant de la balle (on connaît bien sûr son père, le chef Jean-Claude Malgoire dont plusieurs interprétations d’œuvres baroques ont fait date), Florence Malgoire a très vite obtenu son prix au Conservatoire de Paris dans la classe de Gérald Jarry ; partie se perfectionner à La Haye chez Sigiswald Kuijken, elle est tout de suite intégrée dans son ensemble, la Petite Bande avec lequel elle enregistrera les suites de Bach.
Puis elle est engagée par Philippe Herreweghe pour sa Chapelle Royale dont elle devient le premier violon (c’est elle qui joue le fameux « Erbarme dich » dans la Saint-Matthieu enregistrée en 1985), et par William Christie, aux Arts Florissants, sans parler de la Grande Ecurie et la Chambre du Roy (dir. J.-Cl. Malgoire). Outre son rôle de premier violon dans tous ces ensembles, Florence Malgoire poursuit une carrière de soliste et ne néglige pas pour autant la musique de chambre. C’est ainsi qu’elle a formé différents groupes dont les Dominos (on retiendra Le combat de Tancrède et Clorinde, de Monteverdi, à Lille et les Stabat Mater de Boccherini et Pergolèse, à Naples) et les Nièces de Rameau avec ses complices de toujours, Alice Pierot, violoniste, Aline Zylberajch, claveciniste et Marianne Müller, gambiste. De nombreux enregistrements témoignent de cette activité de chambriste, on en trouvera une sélection à la suite de cet article ; notons dans les disques à venir, l’intégrale des œuvres d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, compositrice méconnue du Grand siècle, enfant prodige, protégée de Louis XIV !
Les rapports entre musique et danse sont une autre source d’intérêt pour cette artiste éclectique qui a souvent collaboré avec la chorégraphe Francine Lancelot, grande spécialiste de la danse baroque. D’ailleurs, cette curiosité s’étend aux autres arts et un projet de spectacle autour d’un texte interprété par un comédien est en cours de réalisation.
Il reste encore à aborder la dernière facette des talents de Florence Malgoire, à savoir la direction d’orchestre. Habituée par sa fonction de premier violon au leadership, elle a tout naturellement éprouvé le désir de l’assumer complètement ; encouragée en cela par son père, elle a peu à peu pris goût à ce nouveau rôle. Elle l’assume désormais avec succès puisqu’elle dirige de plus en plus souvent ; au festival Agapé, elle a déjà présenté le Requiem de Mozart qui sera donc suivi cette année des motets de Rameau. Avec l’orchestre baroque du Conservatoire de Genève, elle vient de diriger Pygmalion du même compositeur et a également à son actif Rinaldo de Händel ainsi que des airs d’opéra au festival de Beaune. Parmi ses projets, un opéra que Coline Serreau, bien connue du grand public pour ses films extrêmement populaires, mettrait en scène.
On le voit, il n’y a pas beaucoup de temps morts dans la carrière de Florence Malgoire ! Si l’on rajoute à tout cela un enseignement « extraordinaire » à la Juillard school de New York où elle vient d’être invitée par William Christie, en compagnie de Serge Saitta, autre professeur au Conservatoire de Genève, Paul Agnew et Kenny Weiss, à préparer l’ouverture d’un département de musique ancienne, on comprendra qu’il faut profiter de ses passages comme interprète dans notre ville : rendez-vous le 30 avril en l’Eglise Saint-François de Salles !

Catherine Fuchs

Dates et lieux des prochains concerts :
Les Grands motets de Rameau
26 avril, Salle Del Castillo à Vevey
27 avril, Abbatiale de Payerne
30 avril, à Genève, en ouverture du Festival Agapé (Agapé : du 30 avril au 4 mai)

Les pièces en concert de Rameau :
9 mai, à Rougemont, Festival et académie "la follia" (du 9 au 12 mai) avec Blandine Rannou, clavecin, Guido Balestracci, viole de gambe et Florence Malgoire

Discographie sélective :
« Sonate en trio » de Marin Marais (Radio France)
« Sonates en trio » de Purcell (Verany) « Les Nièces » de Rameau
Sonates pour violon et clavecin de Mondonville, avec Christophe Rousset
Sonates en trio de JM Leclair (10 de Répertoire) Les Nièces de Rameau (Verany)
« Sonates en trio » de CPE Bach « Sanguineus Melancolicus » (FFFF Télérama) (Zig Zag Territoires)
« Sonates pour violon et clavecin » de JS Bach, avec Blandine Rannou (Cinq diapasons) (Zig zag territoires)