Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

En marge du Concours de Genève 2010
Entretien : Sylviane Deferne

Regard sur le Concours de piano de Genève.

Article mis en ligne le novembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2011

par Claire BRAWAND

Des quelques 180 pianistes, venus du monde entier, qui se sont présentés cette année pour participer à la 65ème édition du Concours de Genève, 40 ont été retenus par un jury présidé par Jacques Rouvier (lire l’entretien) et composé de sept autres membres. Parmi ces derniers, la pianiste genevoise Sylviane Deferne, lauréate de plusieurs concours internationaux et, par ailleurs, titulaire, depuis 2008, d’une classe professionnelle de piano à la Haute École de Musique de sa ville natale. Entretien.

Sylviane Deferne se dit très honorée d’avoir été choisie pour faire partie de ce jury : « Ce concours est l’un des plus importants et prestigieux du monde », souligne-t-elle. De plus, après de nombreuses années passées au Canada ainsi qu’à Neuchâtel, c’est un bonheur de retrouver Genève et de prendre une part active à sa vie musicale. Le temps d’un café, elle s’exprime sur l’importance des concours dans le parcours d’un musicien, la procédure de (pré)sélection des candidats, les critères de jugement, ou encore le répertoire très large abordé au cours des différentes épreuves.

Le concours : un passage obligé ?
Nombreux sont les musiciens dont la carrière a littéralement pris son envol à la suite d’un premier prix. Tout le monde se souvient des débuts fulgurants de Martha Argerich en 1957. D’autres, à l’image d’Alfred Brendel, se sont imposés en prenant d’autres chemins. Sylviane Deferne raconte l’importance des concours dans son parcours personnel : « Être lauréate m’a, par exemple, permis d’accéder à des salles de concert célèbres. Par ailleurs, les concours favorisent des rencontres qui peuvent se révéler cruciales et confrontent le musicien à ses limites, ce qui lui permet d’évoluer. En cela, ils sont un élément positif. Mais tout dépend de ce que l’on en fait ! Certains musiciens font des concours leur carrière, ils se présentent à diverses reprises avec le même programme. Forcément, une certaine lassitude s’installe et le jeu s’en ressent... Ce n’est pas ainsi que je conçois la chose ».

Sylviane Deferne

2010 : quarante candidats retenus dont une majorité provenant d’Asie
C’est à l’aveugle que se fait la présélection. Sur un enregistrement envoyé par chaque candidat. Le jury se réunit et écoute attentivement, l’une après l’autre, sans savoir de quelle personne il s’agit, les quelques 180 bandes-son qui lui sont parvenues.« Cette première étape s’est avérée relativement facile, raconte Sylviane Deferne, les différents membres du jury s’étant montré rapidement d’accord sur les pianistes à retenir, à l’exception d’un ou deux cas qui ont exigé quelques minutes de discussion ». Une chose frappe à la lecture des personnes retenues : 27 des 40 pianistes sont originaires d’Asie. « J’en ai été moi-même très surprise ! La plus jeune est une Chinoise de 13 ans… ». En précisant que rien qu’en Chine, plus de 10’000 pianistes se préparent chaque année à entrer sur la scène internationale en rêvant de devenir des futurs « Lang Lang »…

Critères de sélection et répertoire abordé
« C’est avant tout une vision, une conception personnelle de la musique que j’attends du candidat  », affirme la pianiste genevoise. La technique ne suffit bien entendu pas à démarquer un musicien. L’originalité des pièces libres choisies entrent également en ligne de compte. «  Il est étonnant de voir comment certaines pièces, l’Appassionata de Beethoven par exemple, ou encore certaines sonates de Haydn, reviennent fréquemment. Je trouve cela dommage ». Inutile de rappeler en effet combien le répertoire pour piano est immense. Si la musique à proprement parler contemporaine est absente des programmes proposés – parmi les compositeurs « modernes » à l’honneur cette année, citons le genevois Frank Martin (1890-1974) dont les Préludes figurent parmi les morceaux imposés –, le répertoire auquel se confronte chaque candidat regroupe trois siècles de musique, du Baroque au XXème siècle. Et il ne s’agit pas seulement de pièces pour piano. Tout candidat se présentant au Concours prépare pour les diverses épreuves qui l’attendent (4 au total : Récital 1, Récital 2, Demi-finale et Finale), outre des œuvres pour piano seul, des œuvres de musique de chambre et une œuvre pour orchestre.

Rendez-vous le mardi 9 novembre prochain dès 11h au Conservatoire de la Place Neuve pour la première épreuve !

Propos recueillis par Claire Brawand

Concours International de piano de Genève. Du 8 au 18 novembre 2010 au Conservatoire de la Place Neuve.
http://www.concoursgeneve.ch/
Pour tout savoir du parcours et des projets actuels et à venir de Sylviane Deferne : www.sylvianedeferne.com