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Au Victoria Hall de Genève
Entretien : Seiji Ozawa

Quelques questions à Seiji Ozawa, relatives à l’International Music Academy – Switzerland (IMAS) qu’il a fondée.

Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 4 août 2007

par Magali JANK

Du 25 juin au 3 juillet 2007 se tiendra la 3e édition de l’International Music Academy – Switzerland (IMAS) au centre Le Courtil à Rolle. Elle se soldera par 3 concerts, dont le dernier sera donné au Victoria Hall le 3 juillet à l’occasion de l’ouverture du festival d’été de la Ville de Genève Musiques en été.

Fondée en 2004 par Seiji Ozawa, un des plus grands chefs de ce dernier demi-siècle, l’Académie propose un programme pédagogique pour quatuors à cordes et ensembles destiné aux jeunes musiciens prometteurs. Rencontre avec son fondateur.

Seiji Ozawa

Pour quelles raisons avez-vous décidé de fonder cette Académie, en parallèle à vos autres engagements, notamment votre poste de directeur musical à l’Opéra de Vienne ?
L’idée de créer une Académie pour jeunes musiciens ne date pas d’aujourd’hui. Pendant plus de vingt ans, j’ai participé aux programmes pédagogiques du Tanglewood Music Center, alors que j’étais à la tête du Boston Symphony Orchestra. Le but était d’offrir aux jeunes musiciens de talent la possibilité de se perfectionner avec des artistes de renommée internationale. Très enthousiaste, j’ai reconduit cette expérience il y a quelques années en façonnant l’Orchestre du Festival de Saito Kinen à Matsumoto au Japon. Fort de ces expériences, j’ai décidé, il y a trois ans, de créer l’International Music Academy - Switzerland. Aujourd’hui, ma mission est de songer à la relève. Pour ce faire, il est très important à mes yeux que l’Académie puisse accueillir de nouveaux talents, qu’ils soient issus de familles aisées ou non. C’est la raison pour laquelle les frais de cours et d’hébergement sont intégralement pris en charge par la fondation.

Qu’est-ce qui vous a amené à implanter l’Académie sur les bords du Léman ?
La Suisse, au coeur de l’Europe, se veut un véritable point de rencontre d’étudiants venus du monde entier. En outre, la région est véritablement paradisiaque. Elle inspire la sérénité, privilégie la concentration, éléments essentiels à l’étude intensive de la musique. Elle offre un cadre idéal pour une expérience approfondie de la musique.

L’IMAS est avant tout un programme pédagogique. Quel est votre rôle au sein de l’Académie ?
Les professeurs de l’Académie, qui sont aussi des amis de longue date, Pamela Frank (violon), Nobuko Imai (alto), Sadao Harada (violoncelle) et Robert Mann (violon), se chargent de l’enseignement, accompagnés de Blanche d’Harcourt et Olivier Roberti, les directeurs artistiques de l’Académie. En ce qui me concerne, je suis très présent en tant que chef d’orchestre. J’observe, j’écoute et je suggère. C’est un énorme plaisir de les écouter. Les voir évoluer dans un répertoire particulièrement difficile tout en développant leur propre style est fabuleux. Les participants logent sur place et apprennent ainsi à bien se connaître pour mieux échanger sur le plan musical ensuite. Ceci favorise un travail intense ainsi que la qualité musicale qui en découle.

L’Académie privilégie le quatuor à cordes. En matière d’enseignement, quels bénéfices retirent les participants de cette formation ?
Le quatuor se prête parfaitement aux jeunes musiciens qui projettent une carrière de soliste de par son répertoire très varié et l’écoute réciproque qu’il permet de développer, qualité essentielle à la pratique orchestrale. Que les férus de Paganini s’abstiennent, car une telle pratique n’est pas l’objectif de l’Académie. Le quatuor représente l’essence même de toute musique d’ensemble. Ce sont quatre musiciens qui font de la musique
« ensemble ». Il faut savoir que le cœur d’une symphonie, c’est d’abord un quatuor. Travailler en quatuor, c’est aussi comprendre la musique dans sa globalité, et pas uniquement une partie. Nous ne sommes pas ici pour créer des groupes de quatuors, mais pour travailler en groupes, afin de ressentir et réfléchir à différents styles de musique, comme Beethoven, Schumann, Schubert, Mozart, Bartok, Ravel, etc. Il est essentiel qu’à leur retour, les participants puissent travailler différemment, avec un autre regard, une autre approche ainsi qu’avec une oreille et une pensée différentes. Pendant ces quelques jours, ils accumulent un certain nombre d’informations, certes, mais ce n’est qu’après leur séjour à l’Académie que débute le véritable travail qui aboutira au progrès.

Comment percevez-vous l’avenir de l’Académie ?
Je constate que la formule actuelle fonctionne bien. Toutefois, je pense qu’il serait très intéressant de voir jouer ces jeunes talents dans le plus de régions possibles, comme Zurich ou Lucerne, afin qu’ils acquièrent un maximum d’expérience. Par ailleurs, nous avions dans l’idée d’introduire prochainement des vents, mais cela demande plus d’organisation, ainsi que la présence d’autres enseignants. Pour l’instant, je suis très satisfait de notre Académie et souhaite que celle-ci perdure. Bien sûr, nous songeons à la développer mais « chaque chose en son temps ».

Propos recueillis par Magali Jank

1er juillet 2007, 18h : concert à la Fondation Beyeler, Bâle
2 juillet 2007 : concert au centre Eben-Hézer à Saint-Légier
3 juillet 2007, 20h : concert au Victoria Hall de Genève dans le cadre de Musiques en été