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Orchestre des Pays de Savoie & Orchestre de Chambre de Genève
Entretien : Nicolas Chalvin

Nicolas Chalvin nous parle de sa prise de fonction à la tête de l’Orchestre des Pays de Savoie.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 27 novembre 2009

par Eric POUSAZ

Nicolas Chalvin vient de prendre ses fonctions à la tête de l’Orchestre des Pays de Savoie dont il a été nommé directeur depuis le début de cette saison. Après le concert d’ouverture, donné à Montmélian, Romans, Béziers et Annecy, il prépare la venue de son ensemble au bout du lac où la tradition veut qu’il joigne chaque année ses forces à celles de l’Orchestre de Chambre de Genève pour un concert symphonique donné cette fois dans le cadre de la deuxième édition d’Orchestres en fête parrainée par l’Association Française des Orchestres. Entretien.

Le chef se dit heureux de pouvoir travailler dans la durée avec cet ensemble de vingt-trois musiciens, même s’il souhaiterait pouvoir étoffer quelque peu l’effectif pour pouvoir aborder Haydn ou Mozart sans avoir à engager des musiciens supplémentaires. Bien que mis au bénéfice d’un contrat à mi-temps, les instrumentistes de l’Orchestre des Pays de Savoie ont un calendrier chargé : ils donnent près de quatre-vingt-dix concerts dans toute la région qu’ils sillonnent de long en large car ils ne possèdent pas de salle qui leur soit réservée.

Comment s’organise une saison en l’absence d’un lieu de résidence fixe ?
Le programme est établi en collaboration avec les musiciens ; il s’agit de proposer une dizaine de soirées aux divers organismes qui pourraient être intéressés à acheter une ou plusieurs manifestations. Seules deux villes (Chambéry et Annecy) garantissent trois concerts annuellement ; les autres font leur choix librement.

Nicolas Chalvin
© Philippe Hurlin

Les commanditaires ont-ils une influence quelconque sur le choix des œuvres inscrites au programme ?
Non, nous sommes libres sur le plan artistique, pour autant que nous ne fassions pas une trop grosse entorse au budget. Pour moi, l’idéal serait de présenter des programmes cohérents sur plusieurs saisons dans chacune des salles visitées. Bien sûr, il peut paraître séduisant d’offrir un choix de musiques variées qui iraient des partitions baroques vénitiennes aux valses viennoise, en faisant de temps en temps place à un bouquet de mélodies ‘jazzy’, voire folkloriques. Mais je pense qu’il est plus profitable pour chaque public de suivre l’orchestre sur plusieurs années dans l’approfondissement d’un style ou d’un type de musique.

Les budgets sont-ils très serrés ?
Nous ne pouvons nous permettre de gros dépassements de crédit. En général, les concerts sont vendus à un prix fixe qui varie selon l’importance de l’agglomération où se donne le concert. On peut certes toujours justifier l’ajout de quelques musiciens pour une partition spécifique qui demande un effectif plus étoffé, mais le répertoire qui nous est accessible est suffisamment vaste pour que nous ne nous sentions pas trop limités. L’époque baroque et préclassique ainsi que le XXe s. nous permettent ainsi de composer des programmes riches, capables de satisfaire toutes les attentes. Mais comme je l’ai dit, si cela était possible, je souhaiterais pouvoir inclure régulièrement dans nos soirées des partitions écrites en gros entre 1770 et 1820. Nous prévoyons d’ailleurs déjà un cycle des cinq Concertos de piano de Beethoven ainsi que des Concertos pour instruments à vent de Mozart…

Quelle est la physionomie de votre public ?
De nos publics, devriez-vous dire ! Les trois autorités de tutelle qui nous subventionnent, soit l’Assemblée des Pays de Savoie, la Région et l’Etat, nous demandent de ne pas négliger la formation ; en conséquence, outre nos soirées traditionnelles dans les maisons de la culture, les théâtres ou les églises, nous jouons régulièrement pour des collèges, des lycées, des universités, voire des prisons. De plus, cette année, nous offrons également des concerts pour les familles d’une durée de près d’une heure afin d’initier les enfants à un langage musical qui n’est plus trop présent sur les stations de radio actuelles !... Il est donc bien clair que les attentes sont différentes, selon qu’on soit collégien, universitaire ou pensionnaire d’une prison. Pour ce qui est du public régulier des concerts en soirée, nous sommes souvent en présence d’amateurs beaucoup plus éclairés que ne le veut la rumeur dès que l’on prononce le terme de province française ! De fait, lorsque le programme est conçu de façon suffisamment claire pour que les auditeurs sentent la présence forte d’un fil conducteur quel qu’il soit, l’accueil est presque toujours enthousiaste. Il m’est certes encore difficile d’en juger par moi-même puisque je viens de commencer dans cette fonction, mais mes prédécesseurs m’ont tous fait part de leur satisfaction sur ce plan-là.
Le programme fait également la part belle à la musique de chambre, donnée en effectif réduit, voire à l’opéra. N’y a-t-il pas risque de dispersion ?
Non, au contraire. Ces trois disciplines sont complémentaires pour les musiciens également. Jouer en compagnie d’autres musiciens dans le cadre d’une soirée de quatuors par exemple ou en fosse pour accompagner une production lyrique complète implique une approche renouvelée de la musique. Or le pire ennemi d’un orchestre est bien la routine !...D’ailleurs, les musiciens eux-mêmes se déclarent enchantés de cette diversité. Et il n’est pas rare, pour cette même raison, que nous puissions engager des suppléants provenant d’un orchestre lyonnais car l’expérience musicale est ici toute différente.

Propos recueillis par Eric Pousaz

Mardi 24 novembre à Genève, Salle du BFM : Concert de l’Orchestre des Pays de Savoie et de l’Orchestre de Chambre de Genève, dir. Nicolas Chalvin.
Au programme : Le « Concerto de violon » de Tchaïkovsky avec le concours du soliste Laurent Korcia ; la musique de scène qu’a composée Chostakovitch pour la version filmée du « Roi Lear » tournée par Grigori Kozintsev ; et enfin l’inaltérable « Symphonie du Nouveau Monde » de Dvorak.