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L’Orchestre de Chambre de Genève
Entretien : Mélanie Brégant

Mélanie Brégant sera prochainement à Genève.

Article mis en ligne le 1er novembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2011

par Frank FREDENRICH

Mélanie Brégant est une brillante accordéoniste classique, qui a fait partie en 2002 des premiers élèves à suivre la toute première classe d’accordéon du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris ; aujourd’hui titulaire du Diplôme d’Etat en accordéon (DE) et lauréate des Avant-Scènes du CNSM de Paris, elle participera le 2 novembre prochain au concert de l’Orchestre de Chambre de Genève au Bâtiment des Forces motrices. Entretien.

D’abord (bien sûr) d’où est venu l’idée de ce choix d’instrument et son aspect inhabituel, classique ?
Mon choix pour l’accordéon a été très définitif très jeune, probablement parce que mon père et mon grand-père en jouaient. J’étais au début attirée par le côté populaire et festif de l’instrument, mais aussi et surtout par le rapport physique qu’un accordéoniste entretient avec son instrument. Également, j’étais émerveillée de tous ces boutons avec lesquels l’accordéoniste joue sans jamais les voir… J’ai eu la chance également d’entendre très jeune des pièces classiques jouées à l’accordéon, ce qui était encore rare à l’époque. J’ai immédiatement été conquise par le son de cet accordéon, très différent de celui de l’accordéon musette. C’est donc le côté classique de l’accordéon qui m’intéresse quasiment depuis toujours, et que je défends à présent.

À votre avis qu’est-ce qui a été à l’origine de la création d’une classe d’accordéon au Conservatoire de Paris et y a-t-il une spécificité de l’enseignement en ce qui concerne cet instrument ?
La classe d’accordéon a été créée au Conservatoire de Paris en 2002 (j’ai eu la chance de faire partie de la première promotion). Je sais que cela faisait des années que certains accordéonistes (comme notamment Marcel Azzola) œuvraient pour l’ouverture de cette classe. En effet, les jeunes accordéonistes classiques des années 80 étaient obligés de partir faire leurs études à l’étranger (Allemagne, Finlande, Russie…), où des classes d’accordéon classique existaient déjà. A leur retour en France, leur objectif a été de défendre cet instrument et de le faire connaître, ou plutôt reconnaître au milieu des instruments classiques. L’ouverture de la classe du Conservatoire de Paris est l’aboutissement de leur « foi ».

Vous participez à des spectacles régulièrement, s’agit-il souvent d’adaptations, ou du théâtre musical ?
J’ai joué dans divers spectacles. L’accordéon classique est de plus en plus utilisé car c’est un instrument polyphonique transportable et facile à mettre en scène. La plupart du temps, il s’agit d’opéras ou de spectacles contemporains pour lesquels les compositeurs avaient envie d’un effectif instrumental un peu nouveau, donc incluant l’accordéon. J’ai joué aussi dans des pièces de théâtre musical, où les musiques ont été trouvées en concertation avec le metteur en scène pour « coller » à la pièce. Il m’arrive aussi (plus rarement) d’être sollicitée pour jouer des parties qui n’étaient pas du tout prévues à l’origine pour accordéon : c’est ainsi que j’ai pu jouer dans un opéra de Mozart, ou que j’ai joué la partie d’harmonium de la petite messe solennelle de Rossini.

Mélanie Brégant

Avec quels musiciens collaborez-vous régulièrement ?
Je travaille régulièrement avec Florent Charpentier clarinettiste, avec qui je forme le duo « Jeux d’Anches ». Sinon, je travaille régulièrement au sein des ensembles 2E2M, Court-Circuit, et Op Cit, qui sont tous trois des ensembles de musique contemporaine, sur Paris et Lyon.

Vous interprétez des œuvres de compositeurs actuels, tels Lindberg, Pesson, Cavanna, s’agit-il de transcriptions ou de créations pour votre instrument ?
En tant qu’accordéoniste classique, notre répertoire est composé de transcriptions et de pièces de compositeurs d’aujourd’hui. De nombreux compositeurs d’aujourd’hui se sont intéressés et s’intéressent à cet instrument aux multiples possibilités et aux couleurs nouvelles. Ainsi, nous avons à notre répertoire des pièces de Berio, Pesson, Cavanna, Dubugnon, Lindberg, Kagel, Gubaidulina, Denisov. Dutilleux a même utilisé l’accordéon dans sa dernière symphonie !

Vous jouez également des pièces de Piazzolla...
Mon répertoire de prédilection reste le classique, mais que j’élargis volontiers à Piazzolla, qui est incontournable lorsqu’on joue de l’accordéon et du bandonéon…

Comment est venue l’idée de cette collaboration avec l’Orchestre de Chambre de Genève ?
C’est l’Orchestre de Chambre de Genève qui m’a contactée suite à un récital que j’avais donné à l’amphithéâtre de la cité de la musique à Paris. Ce récital était justement composé de transcriptions de pièces pour clavier et de pièces pour orgue, de Mendelssohn, Franck, Schubert, et bien sûr Bach, incontournable de l’accordéon classique. De ces transcriptions est née l’idée de faire un concerto pour clavier de Bach.

Et Bach dans tout cela ?
Nous jouons régulièrement du Bach avec cet instrument. En effet, l’accordéon classique n’est pas seulement doté en main gauche de basses et d’accords préfabriqués comme l’accordéon traditionnel : il a aussi en main gauche un clavier mélodique, symétrique à celui de la main droite, de tessiture identique, et qui lui permet de faire des sons isolés. Ce système dit de « basses chromatiques » permet de transcrire des pièces pour clavier sans travail de réécriture : tout est intégralement joué. En revanche, la main droite et la main gauche n’ont pas le même son, ce qui est parfois problématique et délicat pour certaines transcriptions.

Propos recueillis par Frank Fredenrich

Mardi 2 novembre : « Une idée folle ! » L’OCG, dir. et piano David Greilsammer. Avi Avital, mandoline. Cédric Tiberghien, piano. Simone Dinnerstein, piano. Mélanie Brégant, accordéon. Gilles Vonsattel, piano (Bach).
BFM à 20h30 (billetterie 022/807.17.90, lun/ven de 9h30 à 12h ou Resa+ 0900.552.333)