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Orchestre de Chambre de Genève
Entretien : Marcel Quillévéré

Marcel Quillévéré, administrateur artistique de L’OCG, répond à quelques questions.

Article mis en ligne le novembre 2008
dernière modification le 14 décembre 2008

par Martine DURUZ

La saison 2008-2009 de l’OCG s’ouvre sous le signe de la nouveauté : d’une part une Fondation, dont le président est Georges Schürch et la Vice-Présidente Claude Howald, a récemment été créée et aura son mot à dire en ce qui concerne la programmation, et d’autre part un nouveau chef a été engagé. Entretien avec Marcel Quillévéré, administrateur artistique de l’Orchestre de Chambre de Genève.

Le jeune chef allemand Patrick Lange prend cette année la relève de Michel Hofstetter, resté six ans à la tête de l’OCG, grâce à qui cette formation a trouvé son style, son identité, le plaisir de jouer et dont la carrière se poursuit à Stuttgart et à la direction du Festival de Ludwigsburg.
Patrick Lange, désormais directeur artistique, est considéré comme l’un des chefs les plus doués de sa génération. Il fut l’assistant de Claudio Abbado et assume actuellement la charge de Kapellmeister au Komische Oper de Berlin. Il était en compétition avec soixante candidats pour obtenir le poste à Genève et a finalement remporté la palme haut la main, après avoir dû se livrer à un exercice dangereux : donner le même concert que celui dirigé la veille par M.Hofstetter, mais après seulement trois heures de répétition ! Il annonce son intention de faire travailler les musiciens sur la profondeur du son, le moelleux, le legato, en s’appuyant sur les bases déjà acquises.

Marcel Quillévéré

Collaboration
L’une des missions de L’OCG, nous dit Marcel Quillévéré, est de collaborer avec les principaux chœurs romands. Cette année, le chœur de la HEM du Conservatoire de Musique de Genève dirigé par Véronique Carrot a déjà participé au premier concert, Manfred, le 17 octobre. Le chœur de chambre de la même institution apportera son concours à la soirée Wiener Blut du 13 novembre, puis ce sera le tour de l‘Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne (direction Philippe Morand) dans la Création de Haydn, le 17 mars 2009. Le Cercle Jean-Sébastien Bach, dirigé par Natacha Casagrande, exécutera l’oratorio de Frank Martin Golgotha le 5 avril et le chœur Laudate Deum de Catherine Berney participera au concert de Noël sous la baguette de David Heusel le 2 décembre, ainsi qu’à une soirée consacrée au Requiem de Mozart et à la Messe de G. Berney les 27 (Lausanne) et 31 mars (Genève).
Plusieurs prestations sont également prévues en collaboration avec les chœurs des collèges, la Société de Chant Sacré, le Concours de Genève, l’Opéra de Chambre, le Conservatoire, Contrechamps et le Grand Théâtre.

Temps forts
Le concert de Noël constituera un temps fort de la saison, grâce à la présence de la grande soprano américaine June Anderson, qui a accepté avec beaucoup de générosité d‘interpréter à cette occasion des œuvres de Haendel, des musicals et bien sûr des chants de Noël. Elle a été en effet emballée par l’idée de réserver une partie de la salle aux chômeurs ou autres personnes en difficulté.
Autre temps fort : Manfred, poème dramatique de Robert Schumann, œuvre rarement entendue sur les estrades de concert, dans laquelle le public genevois a pu découvrir les talents de comédien du renommé metteur en scène Olivier Py. Marcel Quillévéré a fait une traduction du texte de Byron, qui a ensuite été adaptée par Olivier Py selon les besoins de la déclamation.
Thomas Beecham avait réalisé en 1954 une version personnelle, devenue paraît-il, l’une des bibles de Claudio Abbado. Pour Schumann il s’agissait d’une tentative, qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir représentée. Beaucoup de questions se sont posées, notamment à propos du choix des instruments. Les difficultés sont nombreuses, en particulier la synchronisation du texte et de la musique, d’autant plus que le chef, en l’occurrence, ne parle pas français !
Les journées Webern (les 13,15,16,18 19 et 20 novembre) constitueront elles aussi un événement. Conçues par Contrechamps, elles permettront d’entendre l’intégrale des partitions du compositeur viennois, mêlée à d’autres compositions, surprenantes parfois, comme celles de Schubert et de Johann Strauss lors de la première soirée !

Vœux
Le vœu le plus cher de Marcel Quillévéré serait d’obtenir que chacune des deux parties de ce concert d’ouverture ne soit pas interrompue par les applaudissements des spectateurs.
Son enthousiasme par rapport au projet est partagé par Dominique Völlmi, secrétaire général de l’orchestre, qui, au départ, était réticent.
Marcel Quillévéré aimerait que l’OCG sorte des chemins battus, aille vers un nouveau public, explore un répertoire original tout en continuant à pratiquer le grand répertoire avec le style et les instruments qui lui sont propres, et ne devienne pas simplement la petite sœur de l’OSR. Certaines expériences ont déjà été plus que concluantes, telles le concert donné au Paleo Festival devant 9000 personnes et la soirée de zarzuelas qui fut un énorme succès au Victoria Hall, au BFM et en tournée, avec Maria Bayo.
Il espère enfin que le nouveau directeur du Grand Théâtre, Tobias Richter, continuera de faire appel à l’OCG, après l’accueil enthousiaste réservé aux musiciens lors des représentations de l’Ariodante de Haendel et de Da Gelo a Gelo de Salvatore Sciarrino.

D’après des propos recueillis par Martine Duruz