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Concours de Genève
Entretien : Didier Schnorhk

Le point sur la 65e édition du Concours de Genève, qui accueille pianistes et hautboïstes.

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 16 octobre 2010

par Martina DIAZ

Le célèbre Concours de Genève se déroulera cette année du 4 au 18 novembre ; sa pluridisciplinarité, rare dans le monde des concours, privilégiera cette année le piano et le hautbois. Didier Schnorhk, qui en est le secrétaire général, fait le point sur les nouveautés de cette 65e édition.

Les inscriptions pour le prochain concours sont closes : nombreuses, elles sont en hausse par rapport aux derniers concours piano et hautbois. Environ deux cents pianistes et une centaine d’hautboïstes ont envoyé leur dossier. Le jury a procédé ensuite à un élagage qui a consisté en l’écoute d’un disque transmis par les musiciens. Le jury a ainsi entendu plusieurs centaines d’enregistrements. Cette étape, certes éprouvante, est néanmoins passionnante pour Didier Schnorhk. Elle permet en effet d’avoir une vue précise des différents jeux avec la distance de l’enregistrement, dont les conditions ne sont toutefois pas jugées. L’écoute vise ainsi à discerner les musiciens dont le niveau correspond à l’exigence d’un concours international : les passages exigeants sont écoutés attentivement par des jurés fin connaisseurs des œuvres, qui attendent tout d’abord des candidats une brillante maîtrise technique de leur instrument.

Didier Schnorhk lors du cocktail organisé dans le cadre du Concours de Genève 2009 au Bâtiment des Forces Motrices

Mais il ne s’agit pas seulement de considérer la virtuosité pure. Si l’interprétation, malgré une mécanique parfaite, ennuie, alors le candidat n’est pas sélectionné. Car quoique les jeux soient parfois d’une technique irréprochable, il n’en demeure pas moins que les génies musicaux ne pullulent pas davantage. Afin de ne pas laisser passer des talents, les jurés dédient du temps à cette étape : certains disques sont réécoutés, resoumis à des votes. Didier Schnorhk estime ainsi peu probable qu’un musicien talentueux ait été laissé de côté.

Jacques Rouvier, président du jury de piano
© Guy Vivien

Les candidats choisis sont ensuite invités aux éliminatoires qui ont lieu à Genève. Au total, 41 pianistes (dont quelques noms déjà réputés, semble-t-il !) et 37 hautboïstes tenteront leur chance cette année. Les premiers proviennent majoritairement, comme souvent, de l’Extrême-Orient. Ces virtuoses, qui possèdent une technique époustouflante, deviennent selon Didier Schnorhk de plus en plus cultivés, de plus en plus musicaux. Beaucoup de russes aussi constituent les meilleures promesses, fidèles à l’excellence de leur école.

En revanche, pour le hautbois, l’écrasante majorité des candidats provient de France. Assurément, le Concours de Genève est francophone, ce qui explique peut-être une résonance particulière dans l’hexagone. Mais le secrétaire général rappelle que l’école française de hautbois (et plus largement des vents d’ailleurs) domine la scène internationale : de nombreux premiers hautbois, notamment dans les orchestres anglo-saxons, sont issus de cette école, qui crée ainsi une forte émulation au sein de la jeune génération. Aucun suisse n’a hélas été retenu, ni en piano, ni en hautbois, pour participer aux éliminatoires.

Maurice Bourgues, président du jury de hautbois
© Jacques Sarrat

Le concours organise depuis trois ans des « cours des maîtres », permettant à des membres du jury de donner des master classes pendant le concours. Cette heureuse formule, organisée conjointement avec les Hautes Ecoles de Musique de Lausanne et Genève, continue cette année avec Jacques Rouvier, président du jury de piano. Les cours favoriseront non seulement le perfectionnement en piano, mais aussi en musique de chambre, genre dans lequel Jacques Rouvier excelle. Certains finalistes participeront certainement à ces leçons, qui auront lieu le week-end après le concours.

Les lauréats ne disparaissent précisément pas après le concours : pendant deux ans, leur carrière débutante est suivie par le Concours, qui assure un nombre variable de concerts. Mais dès cette année, hormis le traditionnel concert des lauréats qui a lieu au printemps, les vainqueurs auront l’opportunité de jouer dans une prestigieuse salle parisienne. Didier Schnorhk espère enfin qu’à partir de 2012, ces jeunes talents pourront donner un récital ou se produire en formation réduite dans d’autres capitales européennes.

D’après des propos recueillis par Martina Díaz