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Concours de Genève
Entretien : Didier Schnorhk

Coup d’œil sur le concert des Lauréats 2010

Article mis en ligne le 1er mai 2011
dernière modification le 22 novembre 2011

par Martina DIAZ

Le Concours de Genève organisera son traditionnel concert des lauréats au Victoria Hall le 4 mai prochain. Mais cette année, le concert sera répété dans les prestigieuses salles Gaveau à Paris et au Gasteig de Munich, les 6 et 7 mai. Didier Schnorhk, secrétaire général du Concours, fait le point avec Scènes Magazine sur cette nouvelle formule.

Depuis maintenant 8 ans, le Concours de Genève organise un concert au printemps dans la Cité de Calvin pour que les talents récompensés lors des dernières éditions puissent se produire. Cette année, Mami Hagiwara, premier prix du concours de piano 2010, et Ivan Podyomov, deuxième prix de hautbois lors de la même édition, joueront avec le Quatuor Voce, lauréat en 2006. Mais en leur offrant la possibilité de se rendre ensuite dans des salles prestigieuses de Paris et Munich, le Concours souhaite accompagner davantage que par le passé ces talents.

La pianiste Mami Hagiwara

Que faire pour ces jeunes ? Didier Schnorhk ne cesse de se le demander. Il assure que le Concours de Genève ne propose pas seulement un prix ou une montre, mais aussi un vrai programme de soutien pendant deux ans, qui peut se développer de plusieurs manières. Il s’agit par exemple soit d’encadrer les jeunes d’un point de vue pratique, soit de leur permettre d’enregistrer des disques, soit de leur offrir des séances de photographies – le tout dépendant de leurs envies ou de leurs besoins. Il semble donc que, contrairement à ce qui avait cours lors les précédentes décennies, gagner un prix dans un concours prestigieux comme celui de Genève ne suffise plus à lancer une carrière.
Le secrétaire général reconnaît en effet que la concurrence est désormais bien plus vive que par le passé. Le niveau moyen a augmenté, et il y a davantage de musiciens sur le marché – ce qui ne signifie pas pour autant, nous rappelle-t-il, que l’on rencontre plus de génies musicaux ! Comme il y a en outre plus de concours qu’auparavant, il semble qu’en gagner un soit devenu banal. Il faut dès lors accompagner autrement les jeunes dans leur début de carrière.
Le Concours de Genève diffère en ce sens radicalement d’autres compétitions très réputées, comme par exemple le Concours Chopin de Varsovie. Centré sur un instrument et quinquennal, ce dernier peut offrir une couverture médiatique supérieure aux lauréats. Mais puisque le Concours de Genève est pluridisciplinaire et annuel, il mise sur une autre démarche, plus régulière et visant un soutien à long terme. Ce qui n’est pas évident selon les disciplines, rappelle Didier Schnorhk : il est bien sûr plus facile de trouver des concerts pour un pianiste que pour un percussionniste par exemple. Néanmoins, le lauréat du concours de percussion de 2009 va effectuer une tournée avec le soutien de Pro Helvetia : c’est la preuve que l’on peut toujours trouver un moyen d’exporter ces talents sur d’autres scènes.

Le hautboïste Ivan Podyomov

Il s’agit ainsi, pour le Concours de Genève, de montrer son capital – c’est-à-dire ses lauréats. Grâce à ces tournées, il offre la possibilité aux jeunes de ne pas être lâchés dans le monde classique, au risque de gâcher parfois leur talent ; il faut, insiste le secrétaire général, avoir le temps de grandir, de se construire en tant qu’artiste, pour ne pas briser sa vie. Mais ces concerts à l’extérieur permettent aussi, assurément, de rendre d’autant plus visible le Concours de Genève, d’attirer des meilleurs candidats et de donner une image valorisante de la Cité. Cet accompagnement des lauréats a notamment ébahi la presse parisienne lors d’une conférence de presse récente : l’on ignorait jusqu’à maintenant qu’à Genève un tel suivi était effectué. Or en France, pays de festivals, il y a bien peu de concours, et encore moins ce genre de soutien. C’est ce qui fait du Concours de Genève une compétition particulièrement attrayante.
L’idée est donc de poursuivre ces concerts sur de grandes scènes prestigieuses, afin que les lauréats puissent par la suite s’en prévaloir sur leur curriculum. Zürich et Bruxelles seront certainement visitées l’année prochaine – peut-être Londres également. Mais l’ambition du Concours ne s’arrête pas là : des contacts sont déjà pris à Barcelone, et Didier Schnorhk rêve à long terme de Singapore ou de New York ! Ce qui est en tout cas certain, c’est que les villes ne seront pas systématiquement les mêmes – l’organisation dépendant des instruments mis à l’honneur. Mais le Concours tient à ce que cette formule se pérennise. Parce que gagner un prix, ce n’est finalement que le premier pas d’une carrière.

D’après des propos recueillis par Martina Díaz