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Crans-Montana : Sommets du classique 2007
Article mis en ligne le octobre 2007
dernière modification le 2 octobre 2007

par Bernard HALTER

Le festival des Sommets du classique de Crans-Montana a fait son apparition dans la
constellation des rencontres estivales en 2004.

Un concours de piano appelé « Virtuoses du futur » et placé sous le patronage de Martha Argerich et la présidence d’Alexis Golovine a vu le jour en 2006, avec toute la panoplie propre à un tel rendez-vous. En marge de ce concours, une série de concerts de musique de chambre se tient dans la station valaisanne avec des artistes confirmés, à l’image de la violoncelliste française Ophélie Gaillard, qui a remporté une Victoire de la musique classique en 2003.
Crans-Montana a également présenté une très jeune pianiste, Mélodie Zhao, âgée de douze ans. A l’âge de trois ans, Mélodie commence le piano avec sa grand-mère, en Chine, et y apprend le solfège avec son grand-père chef d’orchestre. Etablie désormais à St-Prex dans le canton de Vaud avec sa famille, l’enfant–virtuose présentait à Crans un programme copieux et donné par cœur qui comprenait rien moins que la Pathétique de Beethoven, Waldesrauschen et la Rhapsosie hongroise n°2 de Liszt avant de se conclure par les Etudes op. 10 et deux Nocturnes de Chopin.

Les enfants prodiges ne sont pas tous destinés à mener une carrière à hauteur de ce que leur virtuosité précoce laisse présager. Chez Mélodie Zhao, dont la technique est de très haut vol, des qualités d’une musicienne authentique transparaissent clairement. Le 14 août dernier, elle donnait pour la première fois cet ô combien exigeant cycle d’études de Chopin en concert. Déterminée, elle aborde cette partition sans heurts et avec sensualité musicale. Enthousiaste, véloce et sans atermoiement, elle rend à la musique de Chopin cette fraîcheur que sa prime jeunesse lui assure et qui permet d’expurger la lecture de ces pages de toute mièvrerie. Ses neuf ans de piano ont permis à Mélodie Zhao d’installer une assurance certaine dans son jeu et il est certain que, se conjuguant à sa passion manifeste pour la musique, son énergie vive s’ancrera dans sa maturité à venir pour forger une artiste au caractère affirmé. Pour corroborer ce qui tient forcément encore lieu de prophétie, il suffit peut-être de considérer son approche de Beethoven : La Pathétique, attaquée avec aplomb et déjà pleine de contrastes et de nuances, était portée de bout en bout par son engagement total et un propos interprétatif résolument au service de l’œuvre. Les pages de Liszt ont été nourries pour leur part d’une ampleur symphonique impressionnante. Une jeune artiste à suivre !

Bernard Halter