Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Concerts-Club : Jonathan Gilad

Jonathan Gilad est l’invité des Concerts-Club, et jouera à Montreux et Genève.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 29 mars 2009

par Pierre JAQUET

Un pianiste au diplôme d’ingénieur des Ponts et Chaussées va se produire sur la scène genevoise. Qui est ce surdoué de la musique ?

Jonathan Gilad est né le 17 février 1981 à Marseille. Alors qu’il a quatre ans, ses parents, qui ne sont pas musiciens, désirent qu’il ait une activité extra-scolaire : pourquoi pas le piano ?
Très vite, l’enfant apprécie cet instrument et le clavier prend une place de plus en plus grande dans sa vie, guidé à l’époque par une dame qu’il appelait affectueusement « tata piano ». C’est avec elle qu’il affirme avoir pris goût à la musique.

Récompenses

Devenu un peu plus grand, le garçon est en mesure d’accéder au Conservatoire dans la classe de Pierre Pradier. Ça n’a pas été facile : il fallait avoir déjà un certain niveau pour pouvoir y rentrer ! Et c’est un premier succès ! En 1992, il a 11 ans, et remporte le Premier Grand Prix de la ville de Marseille, en classe de piano, et la Médaille d’or, en classe de musique de cham-bre. Les récompenses suivent rapidement : il gagne le premier prix du concours international « Premio Mozart » pour enfants de moins de 14 ans, à Genève. Outre une satisfaction personnelle et une reconnaissance publique, ces distinctions, gagnées jusqu’à l’âge de 14 ans, lui ont permis de financer ses études. A partir de 1992, Jonathan Gilad suit des leçons auprès de Dmitry Bashkirov à Madrid et à Salzbourg. « J’ai en effet pris mes cours mensuellement à Madrid tout en habitant à Marseille. Ces prix n’ont cependant financé qu’une partie de ces voyages, car ce sont mes parents qui ont supporté la plus grosse partie de l’effort financier » rappelle-t-il souvent.

Débuts
Il s’exprime volontiers sur son mentor : « Bashkirov m’a apporté... tout. Cela fait maintenant plus de 13 ans que je travaille avec lui et ce qu’il m’a apporté tient à la fois de la méthode du piano mais également de l’esthétique musicale en général. » Il répète qu’il a « tout appris avec lui, la technique de base, la maîtrise du son et de l’attaque, le toucher, mais surtout à sonder l’âme des compositions. » Bien qu’ayant une réputation de sévérité, ce maître a toujours témoigné d’un extrême attention envers lui, relève Jonathan Gilad : « C’est lui qui a décidé ce que j’ai joué. Il a accompagné ma croissance morphologique pour que je ne joue pas de choses trop difficiles. » Mais le vrai début de sa carrière se situe à Chicago quand on lui demande de remplacer Maurizio Pollini, malade. Bien évidemment cela a été « une opportunité extraordinaire... pas mal de trac ! et un succès qui m’a ouvert les portes des USA. »
En novembre 1998 paraît son premier enregistrement, un récital Mozart, Beethoven et Brahms, témoignant d’une aisance technique patente, publié par EMI dans le cadre de la série « Début » [EMI 5 5 72823 2] Le toucher est délicat, théâtralisé (mais sans excès, car on n’est pas Français pour rien !) et les esthétiques des compositeurs clairement différenciées. L’artiste travaille manifestement la qualité de clarté. Pour autant, Jonathan Gilad n’est ni lisse ni platement consensuel ! Le son paraît juteux, les lignes chantantes, le tempo assuré. Ce disque lui a valu une nomination aux « Victoires de la Musique 1999 ».

Double activité
Ce sens de l’analyse s’explique par l’autre grande passion de l’artiste : la science. Parallèlement à sa carrière de pianiste, Jonathan Gilad est rentré à l’Ecole Polytechnique en 2001 et a obtenu le diplôme d’ingénieur en septembre 2004. Par la suite, il est devenu ingénieur-élève au Corps des Ponts et Chaussées... Il rappelle humblement que l’organisation des études à Polytechnique permet aux élèves de consacrer beaucoup de temps à leurs passions, qu’elles soient culturelles ou sportives... Lorsqu’il avait obtenu son prix au Conservatoire de Marseille en 1992, il n’était qu’en 5e. « Il était alors hors de question pour moi d’arrêter mes études pour me consacrer uniquement au piano. Mes parents souhaitaient que j’aille au moins jusqu’au baccalauréat. J’ai donc pris l’habitude d’avoir cette double existence de pianiste et d’élève, d’abord au collège, puis au lycée. J’ai ainsi pris goût à l’étude des sciences et j’ai donc tout naturellement continué mes études après le bac. »
Dans les différents entretiens, le musicien défend sa double activité : « Les études scientifiques forment la rigueur du raisonnement et l’esprit critique. Ces deux qualités sont très utiles en musique. » Il a avoué que son objectif a été « de continuer aussi longtemps que possible à mener de front ces deux carrières comme je l’ai fait jusqu’à présent ». Cet équilibre lui paraît important. « Je me suis dit : “Pourquoi pas tenter la chance ?” Une activité me permet d’échapper l’autre ! » Modestement, il a dit pendant longtemps : « Je m’organise ! Cela demande une certaine discipline, mais les concerts sont prévus à l’avance... » Depuis quelque temps, c’est la musique qui l’a emporté. Définitivement ?

Pierre Jaquet

Concerts-Club : Orchestre National Bordeaux Aquitaine, direction Kwamé Ryan. Soliste : Jonathan Gilad, piano. M. Ravel, « Alborada del Gracioso » ; « Rhapsodie espagnole » ; G. Gershwin, Concerto pour piano et orchestre ; L. Bernstein, Danses symphoniques de « West Side Story ».

 Montreux, Auditorium Stravinski, 16 mars à 20h15
 Genève, Victoria Hall, 17 mars à 20h30