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British Museum
Londres : Fra Angelico to Leonardo

Cent dessins de la Renaissance italienne à découvrir au British Museum.

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 27 juillet 2010

par Régine KOPP

Réunir une centaine de très beaux dessins de la Renaissance italienne en provenance des collections du Cabinet des dessins du musée des Offices de Florence et des collections de dessins italiens du British Museum, dans le but de faire comprendre au visiteur les usages du dessin pour les artistes de la Renaissance, tel est le propos subtil développé avec pertinence par les commissaires Hugo Chapman et Marzia Faietti tout au long du parcours de cette exposition.

Ils nous rappellent tout d’abord qu’avant la Renaissance, les artistes de l’époque gothique copiaient leurs compositions à partir de livres de modèles, que la génération suivante, celle de la Renaissance, abandonnera au profit de la créativité. Cette tendance naturaliste encourage les artistes à dessiner directement à partir de la vie et leur permet aussi, comme c’est le cas pour Pisanello ou Jacopo Bellini, d’utiliser leur talent pour le dessin dans le but d’attirer des commandes.

De l’importance du dessin pour un artiste
Une des étapes essentielles, qui modifie les conditions de travail des artistes et favorise cette plus grande créativité du dessin, s’explique d’abord par les inventions techniques, auxquelles l’exposition consacre une section didactique, intéressante : la substitution du papier au vélin. La fabrication du vélin, à partir de peaux d’animaux préparés, était plus compliquée, plus longue et plus onéreuse que celle du papier. Mais le papier a aussi d’autres avantages : il supporte tout, absorbe tout et surtout se conserve. Il permet également d’être employé recto et verso, un procédé dont les artistes ne se privent pas, en témoignent quelques beaux exemples présentés. C’est au cours du XV° siècle que les artistes commencèrent à faire du dessin une œuvre d’art en soi, lui donnant une plus vaste diffusion grâce à la gravure, introduite en Italie à partir de 1460. Andrea Mantegna ne manquera pas de s’en servir pour reproduire en multiples exemplaires son Allégorie de la chute de l’humanité ignorante. La plupart des dessins présentés sont néanmoins des études de travail, qui n’étaient pas destinées à être montrées en dehors des ateliers. Les dessins préparatoires permettaient aux artistes d’élaborer et de construire leurs œuvres picturales.
L’exposition nous montre la première des études existant pour un ensemble pictural : l’étude de Lorenzo Monaco de 1407 conservée aux Offices, qui fut destinée à l’aile gauche du retable du Couronnement de la Vierge qui se trouve à la National Gallery de Londres, dessin et peinture étant réunis pour la première fois. Ce travail de rapprochement, entre études ou esquisses préparatoires et les tableaux ou fresques, est particulièrement bien documenté soit par les œuvres elles-mêmes, soit par des photos ou des vidéos, comme c’est le cas pour Domenico Ghirlandaio dont l’étude préparatoire est mise en perspective avec la vidéo de la fresque correspondante à Santa Maria Novella à Florence. Le style de la Renaissance, tel qu’il est adopté par Jacopo Bellini ou son rival Pisanello se définit par une tendance vers plus de réalisme, la représentation de l’homme et de la nature et l’utilisation de la perspective pour créer une illusion de la forme trois dimensionnelle.

Recréer l’atmosphère, ou exprimer l’émotion
La fraîcheur naturaliste saute aux yeux, lorsqu’on voit les dessins de Leonardo, et plus particulièrement celui qui représente un paysage panoramique, considéré comme le premier paysage dans l’art européen. La Renaissance italienne n’est cependant pas uniforme, car il existe des différences non négligeables entre les artistes vénitiens et florentins, auxquels l’exposition consacre à chaque fois une section déterminée et illustrée d’exemples très intéressants. Les Vénitiens, tel que Vivarini avec sa Tête de vieillard (1485) ou Carpaccio avec La vision de St Augustine (1501) cherchent plus à recréer l’atmosphère dans leurs compositions, par un usage subtil de la lumière et des couleurs, alors que les Florentins travaillent le volume, insistent sur le mouvement et cherchent à exprimer l’émotion, comme dans la Tête de femme (1468) de Verrochio ou L’Enfant avec le chat (1475) de Leonardo. Un style repris et amplifié par Michelangelo et Raphaël, deux artistes présentés en fin de parcours, et qui annoncent une nouvelle vision artistique plus dynamique.
Que ce soit dans le choix des œuvres, dans leur accrochage, ou la conception du parcours, cette exposition est exemplaire et fera le bonheur de tous les amateurs de peinture de la Renaissance italienne.

Régine Kopp

Jusqu’au 25 juillet 2010, www.britishmuseum.org