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A l’Opéra de Nice
Nice : Jalons méditerranéens

La Campanella, Cantate 51 et Viva Verdi figuraient au programme d’Eric Vu An.

Article mis en ligne le août 2010
dernière modification le 28 août 2011

par Stéphanie NEGRE

Pour son deuxième programme, Eric Vu An continue de poser les jalons de sa compagnie en choisissant des œuvres en lien avec la Méditerranée. La Campanella est une création de Giorgio Mancini autour de Niccolo Paganini, mort à Nice il y a cent soixante dix ans. Viva Verdi de Luciano Cannito est un ballet plein d’humour sur les italiens. Enfin, avec Cantate 51 de Maurice Béjart, Eric Vu An rend hommage à l’un de ses maîtres mais aussi aux racines chrétiennes de la Méditerranée.

Avec La Campanella, Giorgio Mancini chorégraphie un ballet autour de la figure du compositeur et violoniste Niccolo Paganini. Qualifié de diabolique par ses contemporains pour sa virtuosité, il apparait ici sous les traits d’un personnage vêtu de rouge interprété par Eric Vu An, face à trois couples de danseurs qui incarnent les notes de musique. Pendant toute la durée de l’œuvre, les couples virevoltent, enchainant tours et pirouettes, ports de bras rapides et nerveux. Le personnage central tente de les ordonner, les harmoniser. Est-il Paganini, le compositeur qui crée une phrase musicale avec ses émotions et son alphabet ? ou bien l’interprète qui va donner vie aux notes d’une partition qui ne demanderaient qu’à lui échapper ? Précise et tendue, la danse virtuose de Giorgio Mancini traduit aussi bien la tension de l’auteur que la rigueur de l’interprète au service d’une œuvre. Dans ce court opus, il nous fait percevoir les traits de caractère d’un artiste complexe et relativement méconnu, à la fois pétillant et tourmenté.

Eric Vu An dans « La Campanella »
Photo D Jaussein

Seconde partie d’un diptyque d’inspiration chrétienne chorégraphié en 1969 sur des cantates de Jean-Sébastien Bach, Cantate 51 reprend le thème de l’Annonciation. Composées comme des tableaux vivants, les scènes montrent l’apparition de l’archange Gabriel, l’annonce à Marie qu’elle va porter le fils de Dieu, les angoisses de celle-ci puis son acceptation et, enfin, la gloire qui l’entoure. La chorégraphie de Maurice Béjart mêle le langage néo-classique, ses propres mouvements et la gestuelle religieuse, pour donner une impression de plénitude, d’harmonie avec la musique propice à la méditation. En plus d’une technique irréprochable, Céline Marcinno prête ses traits doux à la Vierge adolescente et Cesar Rubio Sancho, sa plastique de Christ contemporain à l’Archange. Leurs pas de deux, leur dialogue, me transportent dans une autre dimension, celle du recueillement.
Avec Cantate 51, Maurice Béjart prend la suite des peintres et des musiciens qui ont transposé des épisodes de l’histoire sainte dans leur art et les ont offerts à l’humanité comme support à leur prière. Cependant, à la différence de la peinture ou des œuvres lyriques, la danse estompe les références au christianisme, conférant une dimension universelle aux valeurs de l’Annonciation que traduit Maurice Béjart : l’acceptation du destin, le don de soi et le sacrifice pour l’humanité.

Celine Marccino et Cesar Rubio Sancho dans « Cantate 51 »
Photo D Jaussein

Créé en 2008 pour le ballet de Tulsa aux Etats-Unis, Viva Verdi de Luciano Cannito brocarde les italiens avec tous les clichés qui les poursuivent à travers le monde. Sur les grands airs de Giuseppe Verdi, on suit Jean-Christophe Colau qui, faisant preuve de belles qualités d’interprétation, campe un italien en terre étrangère et … passablement hostile. Il traverse moult péripéties en cumulant toutes les caricatures qui collent aux italiens : macho, accroché à son téléphone portable, amateur de pasta et de linge qui pend aux fenêtres. Luciano Cannito utilise la danse classique pour ce ballet mais n’hésite pas à l’émailler de postures physiques plus populaires qui rappellent les comédies musicales. Tout comme il n’hésite pas à interrompre un grand air d’opéra par du disco pour soustraire son héros à une situation délicate. Le ballet est drôle, enlevé, ne se prend pas au sérieux tout en ayant un regard critique sur les travers de ses compatriotes et ceux qui usent trop rapidement des idées reçues. Il ne craint pas d’utiliser l’humour comme provocation à la réflexion allant jusqu’à faire descendre Giuseppe Verdi de son piédestal pour le confronter à un autre genre : le comique.

Stéphanie Nègre

A l’Opéra de Nice, saison 2010-2011


La saison de l’Opéra de Nice pour la danse offre une programmation éclectique avec quatre programmes très intéressants, classiques ou contemporains.
Elle débute, en octobre, par Marco Polo de Luciano Cannito, librement inspiré des Villes invisibles d’Italo Calvino. Ensuite, pour les fêtes de fin d’année, Eric Vu An monte sa propre version de Don Quichotte. Le programme d’avril est consacré à la danse américaine avec En sol de Jérôme Robbins, une création de Lucinda Childs et The enveloppe de David Parsons. Enfin, la saison se termine avec Sylvia, sur une chorégraphie d’Eric Vu An, pour le rendez-vous estival au Théâtre de verdure.

Stéphanie Nègre