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Museum Rietberg, Zürich
Zürich : « Un monde chatoyant »

La photographie en couleurs avant 1915

Article mis en ligne le 3 juin 2015
dernière modification le 29 septembre 2015

L’exposition d’été du Musée Rietberg se propose de faire découvrir au public la photographie en couleurs avant 1915, grâce aux clichés récoltés il y a cent ans par un philanthrope français, le banquier Albert Kahn.

Celui-ci a dépêché une vingtaine de photographes en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique, afin qu’ils documentent les différents peuples, les paysages et les monuments au moyen d’un tout nouveau procédé technique de photographie en couleurs, l’autochrome.

En 1907, Albert Kahn (1860–1940), un banquier juif originaire de l’Alsace, assiste à une séance de projection des frères Lumière. Ces deux pionniers du cinéma et de la photographie y présentaient des diapositives en couleurs de grand format, des autochromes. Albert Kahn est tellement enthousiasmé par ces photos aux couleurs d’une qualité de rendu exceptionnelle que l’on pouvait réaliser à l’aide d’un seul cliché, qu’il mettra bientôt sur pied un projet d’envergure mondiale : « Les Archives de la planète ». La vingtaine de photographes qu’il envoya aux quatre coins du monde visitera pas moins de 50 pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Jusqu’en 1931, 72’000 plaques autochromes et 183’000 films sur support celluloïd s’accumuleront dans les archives que Kahn conservait dans sa villa de la banlieue parisienne. Lors du krach boursier de 1929, le philanthrope perdra sa fortune et, en 1931, les activités d’archivage devront cesser. Appauvri, il mourra en 1940, quelques mois après l’occupation de Paris par les Allemands.

Ces 72’000 autochromes – longtemps oubliés – sont aujourd’hui considérés comme un important jalon dans l’histoire de la photographie documentaire ainsi que de la compréhension entre les peuples.
Pour la première fois en Suisse, le Musée Rietberg présente un choix de ce trésor prodigieusement intéressant pour l’histoire de la photo. L’exposition permet de redécouvrir un monde à jamais révolu, que nous ne connaissions que par des clichés en noir et blanc, et que nous pouvons admirer ici dans des couleurs somptueuses.
Techniquement, la réalisation de ces clichés demandait un travail considérable. Il s’agissait tout d’abord d’enduire très soigneusement la plaque de verre de grains de fécule de pomme de terre teintés en orange, vert et violet, et d’une couche d’émulsion photosensible. Les filtres épais et la pellicule du film insensible exigeaient une lumière solaire directe et une immobilité absolue lors de la prise. Les poses figées et l’expression rêveuse des visages des personnes photographiées ainsi que les couleurs délicatement irisées deviendront la marque de fabrique des archives d’Albert Kahn. Les plaques autochromes sont très fragiles à la lumière et ne peuvent plus, pour des raisons de conservation, être exposées.

L’exposition présente environ 80 photographies en couleurs provenant des « Archives de la planète ». La plupart ont été prises en 1913/14, donc peu avant le début de la Première Guerre mondiale. La majeure partie d’entre elles ont été réalisées par le photographe Stéphane Passet (1875– ?), lequel avait entrepris en 1913 un voyage en Asie qui allait le conduire de la Grèce à la Turquie jusqu’à la Chine et la Mongolie, et finalement en Inde.

Jusqu’au 27 septembre 2015