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De Paris à Rome
Rome, Quirinal : Le Futurisme

Après son passage au Centre Pompidou, l’exposition sur le Futurisme est présentée à Rome, aux Ecuries du Quirinal.

Article mis en ligne le décembre 2008
dernière modification le 30 mai 2009

par Régine KOPP

C’est en septembre 1973 que fut présentée, au Musée national d’art moderne, la première rétrospective officielle consacrée en France au Futurisme, montrant le mouvement dans son appartenance strictement italienne et dans sa phase historique initiale avec ses cinq membres fondateurs : Balla, Boccioni, Carrà, Russolo et Severini. Après le Centre Pompidou, cette exposition est visible jusqu’au 24 mai à Rome, aux Ecuries du Quirinal.

En cet automne 2008, le Centre Pompidou saisit l’occasion du centenaire de la publication du « Manifeste du Futurisme », le 20 février 2009 pour remettre à l’honneur ce grand mouvement artistique du XX° siècle, en proposant une relecture. Le commissaire Didier Ottinger souligne que l’exposition ambitionne de réévaluer la place du Futurisme, source fondamentale de la modernité et de rendre compte de son impact sur le cubisme, cette autre avant-garde française, à travers plus de 200 œuvres, prêtées par de grands musées américains, russes ou italiens.

Confrontation
Dès la première salle, le visiteur est confronté aux artistes du cubisme : peintures de nus de Picasso et Braque, de monuments comme la Tour Eiffel par Robert Delaunay ou la Cathédrale de Chartres par Albert Gleizes. Ils ont en commun d’explorer d’une manière formaliste la forme pure et de réduire la palette aux tons bruns et gris. Mais si la majorité des artistes français réfutent toute accointance avec le futurisme, certains comme Félix Del Marle, auquel est consacrée une section, ne craignent pas de s’enrôler sous sa bannière : « tout est devenir et fuite, rien n’est immobile. Le geste que nous voulons reproduire sur la toile… ce sera la sensation dynamique elle-même » écrit-il.

Paris est alors la plate-forme de tous les artistes qui cherchent une nouvelle voie et appellent à une révolution complète. Mais pour les Futuristes, il faut avant tout rompre avec toute forme ancienne d’art. « Nous exigeons, pour dix ans, la suppression totale du nu en peinture », « Sortez de vos ateliers, allez voir les villes », proclament les principes du Manifeste. Le Futurisme invente un nouveau rapport de l’homme au monde moderne, une foi inconditionnelle dans le futur les caractérise, célébrant la technique, l’activité trépidante des villes modernes. Le stress des grandes villes, comme nous le percevons aujourd’hui, représente pour les Futuristes une énergie positive qui se traduit dans leurs œuvres par des palettes explosives, des rythmes abstraits, des figures géométriques, enchevêtrées, des plans rayonnants. La salle qui reconstitue – à deux œuvres près – les trente-quatre œuvres que les peintres futuristes italiens présentèrent en février 1912 à la Galerie Bernheim Jeune, est de ce point de vue éloquente. Une explosion de couleurs et de mouvements. Avec des chefs-d’œuvre d’Umberto Boccioni ou de Carlo Carrà prêtés par le MoMa de New York ou des œuvres de Gino Severini se focalisant sur le thème de la danse : La Danseuse obsédante (1911), Danseuses jaunes (1911), La danseuse du Pan-pan au Monico (1909/11).

Diffusion
Après avoir traversé ces deux espaces, celui consacré au cubisme et à l’exposition de 1912, le visiteur est convié à s’intéresser à la diffusion européenne de ce Cubofuturisme. Au culte de la machine, les Russes Lioubov Popova, Natalia Gontcharova et Kasimir Malévitch opposent leur passion primitiviste. En Angleterre, c’est une autre forme originale du cubofuturisme qui émerge, le Vorticisme (appellation forgée par Ezra Pound) et son chef de file le peintre Wyndham Percy Lewis. Le futurisme américain englobe toutes les formes d’avant-garde dont le Nu descendant un escalier n°2 (1912) de Marcel Duchamp, prêté pour la circonstance par le musée de Philadelphia, apparaît comme l’incarnation des audaces de la peinture d’avant-garde européenne. Un des chapitres de l’exposition est d’ailleurs consacré au Salon de la Section d’or, où fut présenté le Nu de Duchamp, considéré par la postérité comme l’icône du cubofuturisme mais qui regroupe également des œuvres de Frantisek Kupka et Francis Picabia.
Ce mouvement du foisonnement créateur s’arrête avec la Première Guerre Mondiale. On peut toutefois regretter que l’exposition se limite à la peinture et ne montre pas le futurisme comme art total, tel qu’il se revendiquait.

Régine Kopp

Jusqu’au 21 janvier 2009 au Centre Pompidou à Paris.
Du 20 février au 24 mai 2009, aux Ecuries du Quirinal à Rome et du 12 juin au 20 septembre 2009 à la Tate Modern de Londres.