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FRAC-Lorraine, Metz
Metz : « Bad Girls »

Un bâton dans la fourmilière

Article mis en ligne le 20 août 2013
dernière modification le 26 octobre 2013

En ces temps moroses, le Fonds Régional d’Art Contemporain de Lorraine a choisi de bousculer les idées reçues, déboulonner les préjugés, renverser les ordres établis, en exposant les travaux d’une sélection d’artistes peu conventionnelles.

Uppercut vivifiant contre l’attentisme ambiant, cette exposition déconstruit les opinions qui prennent trop souvent l’allure de savoirs et s’attaque à ceux qui refusent d’imaginer un avenir meilleur parce que différent.

Coup d’œil sur quelques-unes des artistes exposées et sur leur travail :

Dans sa série Hommage à..., Lili Dujourie (1941, Gand, BE) reprend les poses des nus féminins qui abondent dans la peinture, la sculpture et la photographie : sous prétexte mythologique c’est l’occasion de renvoyer le spectateur à sa condition de voyeur. Entre fascination pour l’instant suspendu et voyeurisme désabusé, le corps se découvre dans une impudeur indifférente qui flirte avec l’ennui.

Pour Change. My problem is a problem of a woman, ce sont des rides, des varices et des cheveux blancs qu’Ewa Partum (1945, Grodzisk Mazowiecki, PL) se fait peindre sur la moitié du corps, l’autre servant de témoin à sa métamorphose. Sa nudité demeure froide et impassible : elle campe la « vérité nue », dégagée des stéréotypes contradictoires du mythe virginal et du fantasme sexuel.

Ce sont justement des fantasmes, envies et pulsions secrètes qu’Annette Messager (1943, Berck-sur-Mer, FR) griffonne sur des feuilles de carnets qu’elle livre en vrac. Autobiographie, fiction... l’artiste mêle délicieusement les genres dans ses albums-collections : composé de 76 dessins érotiques, Mes dessins secrets dresse en filigrane le portrait d’une femme comme les autres.

Participent également à cette exposition les artistes Martha Rosler (1943, New York, US), qui avec Semiotics of the kitchen détourne les ustensiles de la bonne ménagère de leurs fonctions usuelles ; Marina Abramovic (1946, Belgrade, ex-YU) choisit dans Rhythm 10 de s’emparer d’un couteau, s’appropriant ainsi un jeu viril et morbide, emblématique d’une humanité simultanément bourreau et victime d’elle-même.

Quant au duo Pauline Boudry / Renate Lorenz, il prend pour point de départ les extraordinaires autoportraits photographiques d’une domestique anglaise de l’ère Victorienne, et fait rejouer dans Normal Work certaines de ses poses et travestissements, s’affranchissant ainsi des hiérarchies sociales de genre, de classe et de race.

Jusqu’au 20 octobre 2013