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The Queen’s Gallery, Londres
Londres : De Brueghel à Rubens

Remarquable exposition à la Queens’ Gallery, avec plus de cinquante œuvres couvrant une période allant de la fin du XVe siècle jusqu’à milieu du XVIIe.

Article mis en ligne le décembre 2008
dernière modification le 27 avril 2009

par Catherine GRATTON

L’exposition présentée à la Queen’s Gallery de Londres (Buckingham Palace) et intitulée Bruegel to Rubens : Masters of Flemish Painting, coïncide avec la publication du catalogue The Later Flemish Pictures in the Collection of Her Majesty The Queen (2007).

Ces deux projets viennent conclurent l’étude du corpus des peintures des anciens Pays-Bas de la collection royale. Cette première exposition présente un ensemble de plus de cinquante œuvres couvrant une période allant de la fin du XVe siècle jusqu’à milieu du XVIIe, parmi lesquelles figurent les plus importants représentants de cette école : Hans Memling, Pieter Bruegel le vieux et son fils Jan, Pieter Paul Rubens ou Antoon van Dyck.

Représentation réaliste
Dès les premières années du XVIe siècle, la production artistique dans le nord de l’Europe est dominée par la ville d’Anvers où se concentre le commerce international et la production de biens luxueux qui rassemble les meilleurs peintres pour répondre à la demande d’une clientèle aisée. Anvers devient également un centre de culture humaniste comme en témoigne le portrait d’Erasme de Rotterdam, son plus important représentant, peint par Quentin Massys. De ce climat intellectuel stimulant émerge une mode pour la peinture « encyclopédique » qu’illustre bien le Cabinet d’un collectionneur que Frans Francken réalise en 1617.
Le portrait flamand du XVe siècle était apprécié pour sa technique méticuleuse, au service d’une représentation réaliste, dont les détails minutieux fascine le spectateur et force l’attention portée au sujet représenté. Ainsi dans le Portrait d’un Homme, Hans Memling rivalise de précision maintenant pour quelques temps encore ce degré de réalisme caractéristique de l’œuvre de son aîné Jan van Eyck.
Un Garçon à la Fenêtre, dont l’auteur reste anonyme, semble souligner ironiquement le processus d’illusion qu’offre le tableau comme fenêtre ouverte sur le monde ; son regard fixe le spectateur alors qu’il semble l’appeler en frappant le carreau de sa main droite. Comme support de dévotion, la peinture met en place des procédés nouveaux d’identification permettant au spectateur de se projeter dans la scène dépeinte, en plaçant par exemple une scène biblique dans un environnement contemporain. Ainsi, le peintre et auteur d’un important traité de perspective, Hans Vredeman de Vries représente l’épisode du Christ chez Marthe et Marie dans un somptueux intérieur, probablement celui d’un prospère marchand anversois.

Développement
L’impressionnant Massacre des Innocents de Pieter Bruegel se déroule également dans un village des Flandres sous la neige. Le peintre représente les soldats criminels qui, envoyés par le roi Hérode, sont représentés ici sous les uniformes des cavaliers du Duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas, envoyé par son maître Philippe II d’Espagne en 1567 pour rétablir son autorité et combattre les partisans de la Réforme. Peu après sa création, le Massacre des Innocents entre dans les collections de l’empereur Rodolphe II à Prague, qui pour atténuer l’impact émotionnel de la scène, fait recouvrir par des animaux et des provisions les enfants morts (révélés par l’examen en réflectographie infrarouge). Cet épisode de la vie du Christ se transforme ainsi en une banale scène de pillage.
Dès le XVIe siècle, le paysage connaît un nouveau développement. Il acquiert une autonomie par rapport aux sujets religieux, auquel il servait jusqu’alors d’arrière fond. Bien que ce phénomène ne soit pas ici explicitement illustré, il trouve au siècle suivant sa parfaite démonstration dans trois magnifiques paysages de Peter Paul Rubens, réalisés à des fins privées pour être accrochés dans sa demeure anversoise. Le traitement énergique de l’espace, unifié par une lumière dorée, crée un jalon dans l’histoire de la peinture occidentale, auquel se référeront au XIXe siècle les artistes romantiques.
En conclusion de l’exposition, le visiteur devra prêter une attention toute particulière à une œuvre de collaboration réalisée par Rubens et le spécialiste de nature morte Frans Snyders dans la Diane et les nymphes surprises par des satyres (c. 1615-6). A peine achevée, l’œuvre est acquise en 1616 par le Duc de Buckingham, avant d’entrer dans les collections royales. L’intérêt pour cette œuvre est double, puisqu’au-delà des questions de collaboration, elle doit être rapprochée d’une seconde version conservée au musée d’art et d’histoire de Genève, laquelle sera présentée pour la première fois au public à l’automne 2009 lors d’une exposition consacrée aux écoles du Nord des XVIIe et XVIIIe siècle et intitulée L’art et ses marchés.

Catherine Gratton

Informations pratiques :
Jusqu’au 26 avril 2009, 10h00-17h30, fermé les 25 et 26 décembre.
Catalogue de l’exposition, « Bruegel to Rubens : Masters of Flemish Painting » par Desmond Shawe-Taylor et Jennifer Scott, Royal Collection Publications, £ 12.95.